vendredi 31 janvier 2020


Étape 25 : Port-Sainte-Foy : 30 km.

Photo : Je suis sur la rive droite de la Dordogne, à Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt.

Voir la vidéo.

Résumé de l'étape : 
Port-Sainte-Foy est sur la rive droite du fleuve la Dordogne, dans le département de la Dordogne. Cette commune a fusionné dans les années 60 avec celle de Ponchapt sous le nom de Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt. Hier, l'activité principale était la batellerie sur le fleuve ; aujourd’hui l’accent est mis sur le tourisme et les loisirs.
Port, parce que c'était un port du temps de la batellerie, pour le bois, le vin et autres produits de la campagne ; et Sainte-Foy, parce que la Sainte est originaire du pays ; ce n'est que bien plus tard que l'abbaye de Conques, sur la voie du Puy, pour se relancer, a « récupéré » les reliques de la sainte qui avaient été placées à Agen.





Port, parce que c'était un port du temps de la batellerie, pour le bois, le vin et autres produits de la campagne ; et Sainte-Foy, parce que la Sainte est originaire du pays ; ce n'est que bien plus tard que l'abbaye de Conques, sur la voie du Puy, pour se relancer, a « récupéré » les reliques de la sainte qui avaient été placées à Agen.

Le parcours pèlerin se fait autour de la D 20, la voie qu'empruntent les cyclistes, qui la coupe en deux endroits, permettant de faire ainsi une bonne découverte de la campagne où la vigne est la culture dominante.

Le dernier petit tiers du chemin est carrément un grand détour dans cette campagne avant d'atteindre le fleuve. Dans cette voie de Vézelay, après le passage de la Loire, l'arrivée sur la Dordogne est un grand moment.

Le déroulement de l'étape :

L'étape se simplifie en quelque sorte, par la traversée des vignes – la réputation des vins de la région n'est plus à faire, où un sol fait de sable et de graviers, voire d'argile plus en profondeur, y est pour beaucoup. Les dénivelés sont peu prononcés. Les marcheurs se laissent donc glisser dans le paysage.

Ce qui nous a manqué, c'était le soleil ; depuis le départ à Mussidan, une petite pluie nous a accompagnés presque toute la matinée, mais le rythme de la marche était moins élevé qu'hier. Je suis resté en contact avec les deux autres, je savais aussi que dans l'après-midi le tempo allait être d'un ton en dessous.

Et dans le dernier petit tiers, alors que cela se voit que le balisage prend un malin plaisir à lancer le marcheur dans un grand détour, bien que fatigué comme les autres, une petite satisfaction m'avait envahi : Sainte-Foy nous tendait les bras. Il faut savoir s'appuyer sur un petit plaisir dans les moments difficiles.

La fin du test d'hier :

Dans la dernière partie justement, le balisage nous invite à tourner gauche dans une légère montée vers un petit village, et lorsque se présenta un chemin en terre qui mène au pied d'un superbe contrefort, mine de rien je me suis mis devant les deux autres, prêt à enregistrer une réaction éventuelle de leur part. Mais il n'y en eut pas. Ce large chemin en terre permet de gravir cette difficulté en ligne droite, sur un sol rendu assez boueux par la pluie qui a arrosé les environs toute la journée. La ligne droite fait que la pente est progressive jusqu'au sommet et ne laisse donc que peu de place à la récupération pendant l'ascension.

Je montais à ma main, utilisant au mieux mes bâtons, soucieux de ne pas me mettre dans le rouge – il n'y avait aucune de démonstration à faire. Cela devait être naturel. Un coup d'oeil à l'arrière à mi-pente montrait que j'avais pris une petite avance sur Cor et une plus importante sur Alain. Cette avance a été nette au sommet, en raison sans doute de l'implacable loi de la pesanteur : un petit gabarit portant un sac moins lourd que celui des autres est avantagé. Et je les ai attendus, sans qu'il y ait eu de remarque ni de regard interrogateur de ma part. D'ailleurs, le paysage valait le coup d'œil, et je m'employais à évaluer ce qu'il nous restait pour finir l'étape. Et j'ai continué à marcher devant, naturellement ! Descente, passage boueux dans des vignes. Dans l'ensemble, nous contournions vraiment la ville d'arrivée.

Un passage délicat en fin d'étape :

Nous étions encore dans les vignes quand ayant reçu un appel téléphonique Cor s'est laissé un peu décrocher ; et au bout d'un certain temps, comme il tardait à revenir sur nous, nous l'avons attendu (voir photo). Il est réapparu à la fin d'une descente à la limite des champs et d'une zone boisée (voir photo, photo et photo). Le passage dans ces bois est un vieux sentier qui n'a pas bougé depuis la nuit des temps, plein de galets rendus très glissants par la pluie, et des parties boueuses. Si je n'avais pas mes bâtons, en plus d'une fois je serais allé au sol. C'est dans les premiers mètres de ce sentier que Cor a fait une spectaculaire glissade, le petit sac qu'il avait à la main s'est retrouvé dans les branches des arbustes. Mais il n'y a eu aucun dommage, l'homme est solide. Et nous avons dû prendre mille et une précautions pour terminer cette descente ; nous avons respiré vraiment quand nous avons repris la départementale, et surtout la route qui longe la Dordogne, qui passe sous le pont qui permet la traversée du fleuve et qui conduit le pèlerin à Sainte-Foy (voir photo et photo). C'était la fin de cette éprouvante étape ; je crois que je n'étais pas le seul à ressentir une bonne fatigue ; un sac à dos sur 30 km demande un gros investissement en énergie. Il ne nous restait plus qu'à rejoindre notre hébergement à Port-Sainte-Foy-et-Ponchap, près de l'église (voir photo, et photo).

Un bon gîte, un bon séjour :

Comme d'habitude, je suis entré le premier dans cet hébergement, Alain et Cor ont préféré faire un tour en ville pour les provisions à utiliser au dîner.

C'est une grande bâtisse, l'accès à l'étage où se trouve le gîte proprement dit, se fait par un grand escalier qui donne déjà une idée de ce que devait être ce bâtiment dans le passé. Tout a été refait : les sanitaires sont irréprochables ; le dortoir se trouve dans une grande salle, sans doute réservée hier à de grandes réceptions, où les lits sont disposés avec suffisamment d'espace de séparation – seuls deux dispositifs à deux lits superposés se trouvent dans un coin ; la pièce réservée à la cuisine et la salle à manger est en revanche un peu petite.

En entrant dans ce dortoir, j'ai découvert que d'autres pèlerins y étaient déjà installés : trois Néerlandais s'interpellaient bruyamment – j'ai pensé à Cor qui allait pouvoir échanger à l'aise avec ses compatriotes. Nous ne les avons même pas entrevus jusqu'ici, mais un découpage en étapes du chemin en vaut un autre – je les reverrai 10 étapes plus loin, à Sauveterre-de-Béarn, deux jours avant l'arrivée à Saint-Jean-Pied-de-Port.

Une fois installé, je suis allé faire un petit tour en ville. Juste dans les environs du pont sur la Dordogne qui permet de passer dans le département de la Gironde (voir photo) ! Je n'avais que des petites courses à faire vu que je mangeais avec les deux autres - je participe aux frais d'achat des victuailles pour le dîner. Mais le point le plus important, c'est le coup d'œil sur la Dordogne. (Voir photo, photo, photo, photo, photo, photo, photo et photo)

Nous avons occupé la cuisine avant les autres, car il n'y avait pas suffisamment de place pour tous les pèlerins présents – les trois Hollandais, dont un parle à peu près le français, ont mangé après nous.  Le dîner fut très apprécié, grâce à Alain et Cor, ma contribution se fait toujours dans la partie vaisselle ; j'ai répété à Alain qu'il devrait songer à lancer sa propre table d'hôte, et il m'a même dit qu'il y pensait ; quant à Cor, c'est plus loin sur le chemin qu'il m'a fait comprendre qu'il était dans son pays un professionnel de la restauration. Tout s'explique !

La nuit a été des plus calmes.