mercredi 8 mars 2023

Étape 26 : Samedi 2 juin 18 : Santiago

Photo1: à la cathédrale de Santiago, à l’arrivée de cette Compostelle.


 

Il n’y a pas de petite étape, dans le sens de plus facile que d’autres ; sur le Camino Francés il y a toujours des pitons à franchir, et à l’approche de Santiago, le terrain est plus que vallonné – il y a même une bonne petite montée dans les bois. La température aujourd’hui est bien meilleure, et la pluie a fait un petit essai mais elle n’a pas eu la force d’aller plus loin. L’affluence sur le chemin est multipliée par 2. Au fur et à mesure que je me rapprochais de l’arrivée les pèlerins sortaient de partout – il est vrai que pour beaucoup, à l’avant-dernière étape les pèlerins se rapprochent le plus près possible de Santiago afin d’arriver le plus frais possible du but final, et de pouvoir ainsi disposer de beaucoup plus de temps à la cathédrale.

Photo2: à l’intérieur de la cathédrale, le sacré…

 


Après un certain bon temps dans ce haut lieu religieux, je suis remonté vers mon habitation (réservation sur mon portable), des pèlerins qui finissaient leurs épreuves et que je croisais me disaient bonjour avec un grand sourire. Il m’arrivait aussi de reconnaitre certains visages que j’avais entraperçus auparavant.

En ce samedi 2 juin 18, je me suis aussi préoccupé de mon logement et du billet de train pour sortir d’Espagne lundi, par le train des pèlerins – le dimanche étant réservé à une visite plus approfondie de la cathédrale.

Photo3: dans le train des pèlerins pour sortir d’Espagne.

 


Notes générales espace-temps :

C’est extraordinaire comment le courant passe aussi entre pèlerins en dehors du chemin proprement dit : Michel et Mamet dans le train des pèlerins ; le jeune gars avec qui j’ai discuté en à peine 2 minutes sous une pluie battante en sortant de la gare de Hendaye sac au dos, et qui me disait qu’il allait à Irún à pied – c’est lui qui m’a interpellé comme si nous nous connaissions depuis de longues dates. Il a pris le trottoir de droite et moi celui de gauche – j’allais à un petit hôtel situé à peine à 100 m ; lui, il devait marcher pendant 10 bonnes minutes pour repasser la frontière et trouver un hôtel à Irún. J’ai lui ai dit que j’avais déjà fait cette expérience en 2 014, et qu’il avait toutes les chances de trouver là-bas un bon lit pour la nuit. Nous nous sommes dit bonne continuation, à distance. Et cela me rappelle ce qui s’est passé en ce même lieu, et pratiquement dans les mêmes conditions en 2 014 avant de prendre le train pour Paris, j’avais passé la nuit à Irún après avoir fait le trajet aller-retour à Hendaye, et je fus interpellé par un pèlerin qui avait connu aussi des difficultés pour se loger dans le coin après la sortie d’Espagne après son pèlerinage. 

mercredi 15 février 2023

 

Étape 25 : Vendredi 1e juin 18 :  O Pedrouzo, 19 km

Il y avait une belle ambiance sur le chemin, disons une excitation bien perceptible chez les pèlerins, quelles que soient les variations dans les formes de ce pèlerinage : les petites bandes de jeunes Espagnol(e)s et aussi de bien d’autres nationalités qui dévalent les pentes gaiement ; les pèlerins d’un certain âge et certainement d’un bon niveau social, bien propres sur leurs personnes comme si c’était le premier jour de leur marche qui affichent leur bonheur de terminer cet engagement ; les vieux briscards qui se mettent aussi dans l’ambiance pour être dans les premiers aux gîtes basiques de façon à choisir un un bon lit dans les dortoirs. Et participent aussi à cette ambiance celles et ceux qui ont fait des réservations, qui se font transporter leurs sacs et qui n’emportent en chemin qu’un minimum. Toutes les formes de pèlerinage sont respectables. Et ceux que l’on rencontre sont tous des pèlerins ! Il est vrai aussi que le final tant attendu est pour le lendemain, sur la place de la cathédrale, à Santiago de Compostelle.

Le gîte municipal : Je suis sans le dortoir A, au rez-de-chaussée où il y a des groupes de lits (6) autour de petits couloirs. Il faut donc préparer et étaler ses affaires, les ranger pour être pratique, et bien organiser l’espace lit pour la nuit : la serviette de toilette et un minimum pour un passage rapide aux lavabos au bout du lit ; un petit paletot pour se couvrir si un déplacement dans la nuit est inévitable. Le sac-à-viande est toujours apprécié. Pour moi, mes papiers et divers outils sont dans mon chapeau placé près de ma tête (lampe, GSM, lunettes, etc.) pour le cas où j’aurais à partir subitement et à emporter l’essentiel. Et le plus important, pour tous les occupants : un bon sommeil ! Et c’est ce que l’on remarque en se déplaçant la nuit pour un petit besoin naturel.


J’ai eu à gérer un ronfleur d’à-côté qui finalement l’a fait lui-même en se retournant naturellement. Et se réveiller parmi les premiers pour entre autres ne pas avoir à faire la queue aux toilettes. Partir au petit matin après avoir mangé un bout de pain sec et bu de grandes gorgées d’eau. Et continuer à entretenir « le regard de l’Indien » pour vérifier que l’on n’a rien oublié sur place.

 

samedi 4 février 2023

 

Étape 24 : jeudi 31 mai 18 : Arzua ~ 30 km

J’ai particulièrement souffert dans cette longue étape : des petits ennuis intestinaux au cours de la nuit, mais qui ne m’ont pas empêché de bien dormir, et musculaires au niveau du bas du dos pendant la marche ensuite. Et d’une petite pluie qui ne savait pas elle-même si elle devait bien tomber ou s’arrêter. Sans compter des nouveautés de terrain dans une nouvelle arrivée d’étape par rapport à ce que j’ai retenu de 2 014 et de 2 018.

      De bon matin, après avoir passé une assez bonne nuit quand même – j’ai pris dans un bar proche de l’albergue un bon petit déjeuner. Dès la sortie de cette ville, j’ai commencé à ressentir une gêne au bas du dos, et à droite – sur le chemin de Compostelle, des petites douleurs ou simplement des gênes musculaires apparaissent ici ou là et disparaissent quand le corps est bien échauffé. Mais, cette fois-ci, bien plus loin, à l’approche de Melide, cette douleur est devenue bien présente et bouleversante, si bien que je me suis posé la question si je ne devais pas m’arrêter pour cette journée. Cela me torturait même : ah ! si je pouvais tomber tout de suite sur une albergue ! – cette réflexion me tenait dans la petite route qui va jusqu’à l’église, et le balisage indique bien que je devais tourner à gauche un peu avant cette place pour continuer normalement l’étape. Et je savais que très bientôt je devais plonger dans une vaste et belle vallée où vraisemblablement il n’y a pas de logement pour se reposer sérieusement en cas d’aggravation de cette douleur qui était de plus en plus présente. Mais je me suis dit : un pèlerin ne renonce pas comme ça !


     Et dans cette belle vallée, sous un beau soleil, j’ai souffert, mais pour moi, il importait d’en sortir et de retrouver la route à grande circulation après une belle pente dans le terminus, un véritable test de forme. L’objectif était donc de quitter ce paysage, encore fallait-il pouvoir monter cette terrible côte qui permet de retrouver le petit village en haut, et ainsi de pouvoir contacter un médecin – il y a un petit bar juste en haut où il y a la possibilité de prendre quelque chose et d’essayer de se reconstituer, douleurs pas ! J’ai commandé un grand thé et une grosse part de gâteau.

Le pèlerin ne se résigne pas, j’ai remis mon sac mais avec quelques difficultés tout en me disant qu’un peu plus bas il y a des maisons où s’il le faut je pourrai demander de l’aide… et appeler peut-être une ambulance selon l’évolution de cette douleur.

Et difficile à le faire croire : en à peine 100 m sur un trottoir bien fait, tout d’un coup je me suis dit : mais tu ne souffres plus ! Il ne fallait surtout pas déposer le sac mais continuer très lentement, et rester encore plus à l’écoute de mon corps. Un nouveau constat s’imposait après une bonne centaine de mètres : je n’avais plus aucune douleur. Je n’ai jamais autant écouté mon corps, attendant à chaque seconde une réapparition de cette douleur. J’ai réussi à atteindre Arzoua… et je suis entré dans la première albergue que j’ai trouvée. En restant concentré, à l’écoute de mon physique, et ce jusque pendant le temps de la douche. Quel bonheur ! je ne ressentais plus rien… Si bien que je me suis dit : tu continues à faire comme d’habitude… et je suis passé au premier bar rencontré pour prendre une grande bière et un bon sandwich.

 

Arzua, qui me semblait être une petite bourgade il y a quelques années est aujourd’hui une assez grande ville avec des constructions nouvelles et une belle route pour y entrer – ce n’est plus l’arrivée de 2 014 et 2 018. Et un peu plus tard, je n’ai fait que regretter le grand restaurant où j’ai mangé en 2 014 et en 2 018. Il pleuvait légèrement sous un petit vent constant et froid ; je suis entré dans la première albergue sur le côté de la route où je marchais, juste à côté du bar-restaurant – au moins je n’aurai pas à me déplacer pour me ravitailler, étant donné le temps. Il me restait plus que deux étapes pour finir mon 3e Camino Francés. Mais, pendant la nuit, je m’appliquais à bien écouter mon corps, pour détecter la moindre douleur. La suite a été d’un bon naturel…, à deux jours de Santiago !

dimanche 29 janvier 2023

 

Étape 23 : mercredi 30 mai 18 : Palas de Rei : 25 km


Difficile quand même, plus par le passage sur pas mal de pitons de la région dans la première moitié du parcours, et dans la deuxième par une approche ressentie comme interminable, surtout dans le final par une longue en descente.

Après un bon petit-déjeuner dans le premier bar ouvert de Portomarin, presque en face du gîte où j’ai passé une bonne nuit, il n’y avait pas à se tromper dans l’approche de la rivière et son franchissement sur une longue passerelle – question de ne pas perdre du temps au départ de cette étape – pour attaquer ensuite une longue montée à travers des paysages variés (des petits bois, des zones cultivées, de la forêt entretenue, et le plus souvent sur des petites routes asphaltées passant par de petites zones habitées). Dans cette première partie j’ai été doublé par plusieurs groupes, marchant à la belle allure de sportifs accomplis, mais sans qu’il s’en ait suivi d’une quelconque modification de mon propre rythme.


Au fil du temps, j’étais toujours dans la recherche au loin des premiers toits de Palas de Rei, mais il m’arrivait aussi de me demander un court moment si ce final ne s’éloignait pas au fur et à mesure que j’avançais. Descendre, ça fatigue aussi ! Toutes les régions du monde se développent aussi, d’une façon ou d’une autre, aux alentours des agglomérations dont la fréquentation augmente de plus en plus : dès que j’ai vu les premiers toits de Palas de Rei, je me suis dit : ça y est, c’est fini !  Et je ne vais pas tarder à me retrouver au près de l’albergue municipale. Et bien non ! Il y a eu un développement de constructions aux alentours de cette ville que j’ai connue en 2 011 et en 2 018, dans des zones périphériques qu’il a fallu traverser avant de s’approcher sérieusement de l’arrivée.

Deux autres pèlerins étaient déjà sur place et attendaient l’ouverture de ce gîte que j’ai apprécié en 2 018 – et il a fallu gérer encore pas mal de temps avant que les enregistrements des pèlerins arrivés sur place ne se fassent.

Et dans cette ville, j’ai été surpris par un temps froid et venté qui casse un peu l’ambiance … et ce d’autant qu’il a fallu attendre l’arrivée de la responsable pour s’y installer avant d’envisager un classique petit tour dans certains commerces… et particulièrement de repérer des coins pour bien manger.

 

vendredi 20 janvier 2023

 

L'étape de Portomarin

Gérer l’approche de la pluie, manger avant de partir, et rester les bras ouverts pour tout prendre en considération.


21,5 km.

Je suis parti de Sarria sous une petite pluie, et avec sur l’estomac la poignée de pistaches grillées que j’avais encore dans mon sac, et quelques bonnes gorgées d’eau – dans mes souvenirs, je ne devais pas tarder à trouver un bar ouvert sur le chemin.

Ce fut loin d’être le cas : j’ai dû marcher plus de 2 heures avant de trouver un tel bar. Et il y avait déjà une petite foule sur place, 7 pèlerins devant moi dans l’attente d’être servis, dans la salle toutes les places assises étaient occupées, et dehors sur la terrasse pas mal de consommateurs alors qu’il y faisait froid et que j’arrivais tout chaud de la marche. Tout le monde mangeait gros et bien – pour mon compte : un grand thé vert, une part de gâteau et un bon verre d’oranges pressées. En partant, j’ai bien remarqué que les sacs posés à l’extérieur et le long du mur (à l’abri de la petite pluie qui insistait toujours) faisaient une longueur et une largeur du bâtiment).

La pluie qui avait compris qu’elle n’était pas la bienvenue s’est arrêtée peu après la reprise de la marche. L’estomac bien calé, je suis donc reparti d’un bon pied d’autant que le paysage traversé était d’une belle nature.

J’avais bien en tête une idée du terrain quelque peu avant l’arrivée ; mais sur le concret, dans un long plateau, je trouvais que la fameuse rivière à traverser sur un beau pont avant de monter dans la ville d’arrivée tardait à se présenter. Petite modification par rapport aux deux précédents passages : la jonction avec la grande route se fait un peu plus bas que lors de mes deux derniers passages.


Le fameux escalier qui mène presque à cette arrivée était bien là et m’invitait toujours à compter ses marches avant de faire la dernière petite côte qui mène vraiment à cette petite ville. Et je l’ai refait sérieusement mais je ne retrouve aucune trace sur mon carnet de marche – j’ai beau chercher dans tous mes carnets, je ne retrouve pas ce nombre – y compris sur Internet, sans doute un des petits côtés mystérieux de Compostelle ? Une invite à y revenir ?

L’objectif principal était comme d’habitude de filer au plus vite pour retrouver le gîte municipal qui se trouve presque au bout du village – et, sur place, il a fallu attendre encore pas mal de temps avant son ouverture.

Cette fois-ci j’ai dû aller presque au fond du dortoir pour choisir mon lit – près de l’entrée, les lits sont vraiment les uns sur les autres.

La priorité en ce début d’arrivée était de faire une petite lessive pour profiter du soleil qui resplendissait encore. Et avant d’aller manger quelque chose dans un bar tout près du refuge ! Je devais aussi, parmi les priorités, acheter une petite couverture pour compléter quelque peu ce qui est généralement mis à la disposition des arrivants dans les albergues.


Portomarin est une belle petite ville, et pendant toute l’après-midi les pèlerins ont continué à arriver. Beaucoup de jeunes et aussi de très âgés (hommes et femmes) ; qu’est-ce que cela doit être au summum de la saison ?


Le gîte municipal était plein à craquer ; et pendant la nuit j’ai eu droit à un petit concert de ronfleurs – mais j’ai noté quand même que ces ronfleurs-là savaient aussi se mettre sur le côté pour arrêter de jouer trop longtemps de leur instrument favori et naturel pendant la nuit.

Très bons souvenirs de cette étape.

mercredi 11 janvier 2023

 

Étape 21 : Lundi 28 mai 18 : Sarria, 21,5 km

Une étape marquée pour bien plus de la moitié du parcours par le froid, un brouillard intense voire une petite pluie qui a nécessité en plusieurs fois la sortie du poncho. Le soleil a quand même fait une timide apparition en fin d’après-midi, ce qui m’a permis de faire sécher à peu près des chaussettes au gite.

Et puis, cette longue traversée de la ville de Sarria, en fin d’étape, pour retrouver cette partie où se concentrent en quelque sorte pas mal de pèlerins en raison du nombre de bars et de restaurants, et d’albergues – voir photos.

Donc le gîte habituel où, comme dans les passages précédents, en 2 011 et 2 015, presque à la fin de la traversée de cette ville, j’ai été le premier à m’inscrire, au pied des escaliers de la dernière montée pour quitter cet endroit tant prisé par les pèlerins, en raison des possibilités offertes pour se restaurer et bien se reposer. Voir photo.

Comme lors de mes précédents passages je suis allé à une banque toute proche de mon arrivée pour avoir un peu de liquide à un distributeur. Avoir des liquidités sur soi est important, pour faire face à toutes sortes de petits achats, indispensables au cours de l’étape, y compris pour se faire plaisir, et après l’arrivée d’étape.

Au retour de la traditionnelle visite de la sortie du lieu d’arrivée, question aussi de voir s’il n’y a pas eu de modifications par rapport au dernier passage, j’ai rencontré la jeune Emma qui allait encore plus loin que Sarria alors que moi je venais de me payer un gros sandwich au jambon et à la tomate et une grande bière. Elle allait poursuivre son chemin, sans doute avait-elle réservé un gîte pas trop loin – ce qui ne l’a pas empêchée d’échanger avec moi un bon bout de temps alors que nous étions proches de la fin de journée – Voir photo.

J’ai fait comme d’habitude une petite reconnaissance pour sortir de la ville, pour le cas où il y aurait eu des changements, question de ne pas perdre de temps en quittant la ville le lendemain.

Pour une fois, dans ce gîte de Sarria, où j’étais à un 3e passage et généralement plus que calme, ma nuit a été troublée par des ronfleurs qui se sont mis en concert pendant un moment, et même en relais, pour nous faire écouter leurs « musiques nocturnes ». Une nuit quand même globalement reposante !

 

mercredi 4 janvier 2023

 

Étape 20 : Dimanche 27 mai 18 : Triacastela

Je devais couper un peu cette étape, mais les hébergements à mi-parcours ne me plaisaient pas dans les petites villes, je me suis donc « taper » les 31 km prévus. Plus un ratage de borne au prix de 2,5km de descente, et autant pour remonter au point de décrochage du balisage, ce qui fait que j’ai eu à gérer une étape de 36 km.

Rien à regretter, c’est aussi ça le chemin ; et j’ai eu à l’arrivée une albergue « toute fraîche » à côté du restaurant connu depuis les deux derniers passages, en 2 011 et 2 015. Et j’ai fait la connaissance d’un pèlerin réunionnais au restaurant, le soir – nous avons diner ensemble, en nous racontant nos expériences sur le chemin.

Cette étape, au départ de Ruitelan (un petit village au pied de la montée d’O Cebreiro), je la connais, elle restera bien calée dans ma mémoire ; elle est longue, mais je ne me voyais pas gîter à O Cebreiro, où il fait très froid la nuit, et où il y a un trop petit espace à visiter, à découvrir, si ce n’est un très bon et large coup d’œil sur les environs.


C’était donc Triacastela, au bas de cette descente d’ensemble, avec quelques petits pitons à gravir, bien que je sache que l’arrivée se fait attendre sur un tel terrain.

Bien entendu, la montée vers O Cebreiro m’est apparue plus longue que d’habitude ; il m’arrivait de deviner le petit village derrière une rangée d’arbres, mais en me rapprochant, je découvrais qu’il y a toujours une autre belle montée derrière ces arbres.

Il n’y a pas de passage à ce sommet sans un bon tour au bar, qui est toujours bien fréquenté ; et c’est là qu’il faut se sustenter avant de poursuivre son chemin sur les deux autres tiers du parcours.


Dans le 2e tiers, après un passage à l’Alto de San Roque, où une grande statue de pèlerin continue de résister au vent en tenant son chapeau, j’arrive donc devant le vrai mur à gravir à l’Alto do Poio, un test véritable test de forme à la condition de ne pas s’arrêter – pour se motiver il suffit de penser qu’au sommet il y a un bon bar où les pèlerins se restaurent avant d’entamer la dernière partie où la tendance générale est à la descente mais avec une bonne partie sur des transversales qui permettent de passer d’un petit relief à un autre en suivant la LU 651 avant de de plonger vraiment sur Triacastela.

Mais bien avant, c’est dans une partie où le chemin emprunte carrément une grande route que j’arrive à une belle plaque qui indique clairement que le camino passe sur la droite par une petite route qui descend… à côté, un couple d’éleveurs s’occupe de leurs vaches dans un pré. J’ai vu tout de suite dans ma mémoire la petite route qui ramène vraiment les marcheurs à l’arrivée. Je demande aux éleveurs : c’est bien le camino ! ils acquissent. Et me voilà descendant en marchant au milieu de cette petite route, pré et vaches à droite et petits bois à gauche, en chantant à pleine voix… mais au bout d’une assez longue descente, j’entends un gros bruit de moteur derrière moi. Je me range sur la gauche de la route pour laisser passer le véhicule. Mais je remarque que si le bruit d’un moteur est toujours là, je ne vois toujours pas passer le véhicule n’arrive à ma hauteur. Je me retourne et je vois qu’un gros tracteur qui alors s’avance très lentement vers moi ; et une fois vraiment à ma hauteur, le chauffeur se penche et me fait signe en bougeant l’index de gauche à droite… et qui finit par me dire, et en le répétant : pas camino ici ! Il me désigne ensuite la région sur ma gauche, mais tout à fait en haut. A force de geste, je lui demande si je ne peux pas le rattraper plus bas mais en continuant dans cette voie. C’est alors un non catégorique.

Je me suis trompé. Il ne me restait plus alors qu’à remonter… j’ai dû descendre un bon 2,5 km, il me fallait donc remonter autant. La première tendance était de le faire rapidement, mais j’ai réussi à me convaincre qu’il n’était pas question de rattraper quoique ce soit en vitesse, mais de faire cette remontée en soufflant bien. Et je ne cessais de me répéter : j’ai bien vu la plaque ; j’ai bien entendu les éleveurs me dire que c’était bien le chemin. Presque au bout de cette remontée, il ne me restait plus qu’un petit virage à passer avant de faire les 100 m pour arriver à la plaque, tout en me répétant que mes yeux et mes oreilles ne pouvaient pas m’avoir trompé à ce point, et qu’il y avait quelque chose à éclaircir. Tout d’un coup, je vois un sac à dos qui à distance coupe cette petite route pour s’engager dans les herbes au bord de cette petite route. J’accélère le pas… et je fini par voir dans ces grandes herbes une borne de 50 cm de hauteur presque complètement cachée par la nature. Je ne l’avais pas vue en descendant ? Et, cette fois encore, qui sait si je l’aurais vue si un pèlerin n’avait pas emprunté ce petit sentier devant mes yeux. C’est le bon Dieu qui me l’a envoyée pour me remettre sur le Camino.

J’ai donc repris le sentier indiqué qui longe la grande route à mi-hauteur pour la rattraper un peu plus loin. Et j’ai continué encore pendant une bonne demi-heure avant de retrouver la petite route qui descend vraiment à Triacastella.

Ma mémoire m’avait joué un tour, et cette erreur a eu un prix : au lieu de 31 km prévus dans cette longue étape, j’ai dû me taper un 35 – 36 km. Une autre déception m’attendait à l’arrivée. J’avais décidé d’aller dans la même albergue que lors de mes deux précédents passages, mais sur place l’hospitalière à mon arrivée m’a déclaré : c’est complet ! Mais elle m’a indiqué un autre gîte à 50 m à peine, juste à côté d’un restaurant. De nos jours, les gîtes ne se remplissent pas au gré des arrivées de pèlerins, même pour des basiques à 10-12 euros, mais par des réservations. Ce qui fait aussi que le gros des marcheurs arrive aussi alors que la nuit est presque rentrée… et que moi je suis déjà au restaurant avec un lit garanti pour la nuit. Les temps changent, il faut s’y adapter.


On n’a jamais fini d’apprendre… j’ai l’habitude de partir très tôt le matin. Mon sac presque fait, j’ai décidé de faire un tour à l’extérieur pour essayer d’évaluer le temps qui se fera dans la journée en jetant un œil sur tout le ciel. Et lorsque j’ai voulu rentrer, j’ai vite compris que la porte d’accès du gîte ne peut pas s’ouvrir de l’extérieur sans une clé. Heureusement qu’il y avait un autre pèlerin qui se chaussait non loin de cette porte d’entrée, mais à l’intérieur du bâtiment – il avait saisi la situation dans laquelle je me trouvais, et m’a ouvert cette porte d’entrée toute en rigolant. Rien n’est figé dans la vie, c’est aussi un réapprentissage sur les Chemins de Compostelle.