mercredi 28 décembre 2022

Étape 19 : Samedi 26 mai 18 : Ruitelan

Le gîte: 


Un bon 27 km. Je ne voulais pas comme en 2 014 après Cacabelos refaire la route des Vignes que j’ai jugée peu intéressante, mais après une belle départementale – le chemin a changé aussi –, j’ai suivi un semblant de balisage qui m’a fait quitter la route, pour une bonne balade dans des champs, qui ressemble bien à une partie de la route des vignes, qui est bien longue aussi, alors que j’étais avec deux autres pèlerins qui eux ont continué sur la départementale, qui m’a mené Villafranca del Bierzo, pratiquement sans avoir vu une balise. En tout cas, dans ce coin, les responsables de balisage ne savent peut-être pas l’importance des balises de confirmation. D’ailleurs dans cette ville, au creux d’une vallée, où j’ai pris un bon petit déjeuner, j’ai rencontré un groupe de personnes qui semblait s’occuper du balisage dans la ville elle-même, je me suis arrêté pour leur dire les manquements y compris dans cet espace, mais comme je ne parle pas l’espagnol, je ne suis pas sûr que mon message ait eu toute sa portée. Mais je crois qu’ils ont à peu près saisi ce que je voulais leur dire.

Le reste du chemin est sans problème. Mais c’est dans l’approche de Vega de Valcarce que tout a changé ; et ce qui m’a surpris aussi c’est le nombre d’albergues dans ces nouvelles parties.


Finalement, j’ai continué jusqu’à Ruitelan comme lors des deux chemins précédents, et là encore l’approche du final a aussi changé un peu. Je suis encore arrivé parmi les premiers à l’albergue de ce jour où j’ai encore apprécié l’accueil et les services (diner et petit déjeuner, entre autres) de l’hospitalier. Sans compter le bar d’en face qui ne cesse de vous tendre les bras pendant le séjour.  Voir photo.


lundi 19 décembre 2022

 

Étape 18 : Vendredi 25 mai 18 : Cacabelos


Dans cette étape, il y a eu la suite de la descente quelque peu désertique jusqu’à Molinaseca, mais le paysage ne tarde pas à devenir plus boisé et plus riche, un peu comme si la nature s’est mieux reconstituée dans cette partie. Le marcheur passe d’un fond de ravine à un autre ; la nature boisée présente différentes faces au fur et à mesure de cette descente.

Ce paysage n’était pas une découverte pour moi, il n’y a pas eu de surprise, mais il faut dire que j’en étais aussi à décortiquer ce que je voyais au fur et à mesure bien qu’en avançant dans cette descente, j’avais un peu l’impression que la première partie habitée qui ne devait pas tarder à apparaître se faisait quelque peu attendre.

Si la dernière fois j’avais trouvé cette petite ville de Molinaseca en pleine campagne bien attirante – j’avais pris un thé et un croissant dans un petit bar pratiquement à l’entrée de cette partie habitée, bien éclairée et bien fréquentée à une heure matinale, mais cette fois-ci j’avais l’impression que cette ville était quelque peu en perdition : pratiquement pas de lumière dans l’espace public, bar fermé… Une impression de sècheresse et d’abandon. La dernière fois, cette albergue toujours en vue de la grande route à la sortie de la ville était bien plus qu’animée.

Puis ce fut la longue approche de Ponferrada où à l’entrée de cette grande ville il y a encore des imprécisions dans le balisage ; et enfin dans le dernier tiers de parcours de cette étape une petite pluie s’est mise dans la partie, et ce jusqu’à l’arrivée. Les prévisions étaient surtout très pessimistes pour le lendemain. J’avais vraiment tous les sens en éveil, ce qui fait que cette fois-ci, je décortiquais un peu plus les kilomètres du chemin.


Photo: l'approche de Cacabelos, en 2 011. J’ai bien apprécié la suite du parcours après Ponferrada. Une belle nature, un beau temps. J’étais constamment dans l’attente de l’entrée dans cette ville d’étape, et je commençais par caler dans ma mémoire la traversée assez longue de cette ville d’arrivée et retrouver pratiquement à la sortie l’albergue que j’avais appréciée lors de mes passages en 2 011 et en 2 014.

Et, bien avant, il y a eu un moment de grandes émotions quand je suis arrivé sur la petite place où se trouve un hôtel dans lequel un pèlerin réunionnais a fini ses jours sur cette terre. Bien entendu, dans ces conditions, le pèlerin ne peut que se mobiliser sur le moment pour essayer de deviner, de mieux saisir, les derniers instants de ce pèlerin. Ce dernier a dû recevoir un bel accueil de la part du Seigneur après avoir quitté notre Terre.


Cette fois-ci, je n’ai pas bien apprécié ce grand refuge fait de petits boxes à deux lits même si les douches et les sanitaires en général sont toujours au top. Même si le toujours bon sommeil du pèlerin balaye vite une impression de pas terrible. Et surtout après un bon repas ! C’est l’attente de l’étape du lendemain qui prend le dessus, et qui en quelque sorte remobilise, réconforte.

mardi 13 décembre 2022

 

Étape 24 : mercredi 24 mai 18 : Riego de Ambros

Je suis parti très tôt du gîte de Rabanal, avec deux petits biscuits sur l’estomac pour attaquer les différentes côtes à travers de petites forêts – et il n’y a pas de vraies variations de la pente pour espérer une bonne récupération dans le mouvement. Et arrivé presque au sommet je tombe sur un petit commerce offrant entr’autres des petits déjeuner. Je me suis alors vraiment fait plaisir.


La pente s’assouplit vite pour arriver à Cruz de Ferro – pour me rendre compte comme lors de mes deux précédents passages que les pèlerins sont nombreux à s’arrêter dans une atmosphère bien particulière : prières, et surtout prises de moultes photos pour fixer l’événement. Il y a bien une pénétration de cette atmosphère particulière et ce quel que soit le niveau de pratique religieuses de ces marcheurs pèlerins.

Pour moi, le plus important était fait, il ne me restait plus qu’à descendre vers l’arrivée de cette étape – j’ai un peu trop tendance à penser qu’une descente n’est pas fatigante, le Chemin ne rate pas l’occasion de me rappeler le contraire, surtout dans les parties pierreuses. Et à mi-pente, je n’ai pas oublié de manger mon sandwich.


C’est dans la première partie de cette longue descente que j’ai retrouvé le couple de Vietnamiens rencontré dans l’étape d’Astorga. Et j’ai fait un arrêt pour manger mon sandwich, et gérer mon avance, car à continuer dans le même rythme j’aurai à laisser pas mal de temps s’écouler à l’arrivée avant l’ouverture du refuge à Riego de Ambros.

J’ai dû gérer pas mal de temps avant l’arrivée du gérant du gîte retenu. Le soleil tapait dur, il faisait chaud, et il a fallu chercher un peu d’ombre, et ce d’autant qu’il n’y a pas grand’chose à visiter dans cette petite localité. J’ai été le premier à m’installer dans le dortoir, et comme lors des précédents passages, j’ai pris une couchette au ras du plancher du dortoir qui est à l’étage, et relativement proche des sanitaires.


Le repas préparé par le responsable était de qualité, il y avait de quoi caler de bons appétits. Et à mon retour, j’ai eu une certaine surprise de voir que des voisins s’étaient installés en face de ma couchette. Et bien installés : un couple de jeunes, vraisemblablement des Japonais, et qui avaient pris des dispositions particulières : à deux, et sur la même couchette ; des vêtements ont été tendus de façon à décourager des regards indiscrets, sans compter un système d’éclairage particulier du nid d’amour. Pendant tout mon séjour, je n’ai pas vu les visages de ces deux-là, ni entendu leurs voix. Une très grande discrétion. Que demande le peuple ! Et pendant le temps de préparation pour mon départ, c’était toujours le grand silence. Le bel amour sur un chemin de Compostelle !

jeudi 8 décembre 2022

 

Étape 22 : Mardi 23 mai 18 : Rabanel del Camino :

Photo: l'approche de Rabanal, en 2 011
Je n’ai jamais vu une telle affluence sur le Camino, à 17 heures les pèlerins arrivaient et remplissaient les dernières places dans dans l’albergue que je n’avais pas prévue au départ de cette étape. En principe, ce devait être une longue marche en ce jour, avec toute l’ascension qui mène à la Cruz de Ferro. Et qu’ensuite j’aurais fait la descente qui suit jusqu’à Riego de Ambros.

Il faisait encore sombre lorsque j’ai quitté Astorga ; pas grand monde dans les rues. à la fin de cette agglomération, un grand bonheur alors que le jour se levait à peine, et que j’allais prendre la montée qui mène au sommet de cette montagne, plus exactement à la Cruz de Fero, un lieu plus que symbolique, je suis tombé sur une boulangerie qui donne la possibilité de se faire servir un petit déj. Je me suis bien calé l’estomac avant d’attaquer cette belle montée.

La pente est moyenne, avec des petits raidillons qui sont de véritables tests pour la forme physique. Le premier point attendu, compte tenu du souvenir de mon passages en 2 011 et 2 014 est bien sûr El Ganso – un peu désolé de voir que de l’extérieur ce sont toujours de vieux entourages en bois qui vraiment ne laissent pas deviner que les équipements de cette albergue sont plus que corrects. Et à ce point de passage, en levant la tête on voit bien que tout le reste n’est que montées à travers des petites forêts avant d’arriver à la Cruz de Fero, et de basculer ensuite dans la descente qui même à Riego de Ambros (le but de cette étape au départ.

Photo: 

Photo: devant l'albergue

Et je me suis retrouvé devant une intersection qui m’invitait à Rabanel del Camino dans le sens de la route jusqu’ici empruntée – Je n’étais pas encore au sommet de ce village où se trouve toute une structure d’accueil dans laquelle je me suis arrêté en 2 014 pour prendre un remontant. Et à droite dans l’intersection un regroupement de maisons avec un bar restaurant et un petit hôtel – et c’est alors qu’une dame assise devant un petit bâtiment m’a invité dans son albergue. Elle insista pour que je visite ses installations, dont un espace à l’extérieur pour faire sécher des vêtements lavés. Ce qui me décida d’arrêter ma marche du jour à ce point et de m’installer chez elle. Je n’avais pas à bousculer le temps : au lieu de faire 39 km pour aller jusqu’à Riego de Ambros, je ne faisais que 20 km, coupant en deux parties l’étape prévue. Me laissant ainsi du temps pour explorer ce petit coin de montagne et de forêts où jusqu’ici je ne faisais que passer.

Il était 14 h, lorsque je me suis installé dans ce coin où il y avait tout ce qui faut pour accueillir le marcheur : un bon petit dortoir, un bar restaurant tout près du gîte, et à une cinquante de mètres une zone avec des fils tendus pour faire sécher les vêtements lavés.

Sur un chemin de Compostelle, tout s’improvise et s’enchaine autour des découvertes au fur et à mesure que l’on avance, et particulièrement si l’on est à une 2éme passage sur tel ou tel chemin, et quelles que soient les étapes. Tout est possible sur le Chemin.

Photo: mon lit dans l'albergue


Je me suis donc m’installé dans le dortoir, selon une règle qui m’est propre : un lit en bas, le plus près possible de la porte d’accès (et de sortie), pour pouvoir m’éjecter au plus vite en cas de problème. Et pour la suite, comme d’habitude, le programme passe inévitablement par une bonne bière au bar du coin, avant le lavage et l’exposition des pièces lavées pour le séchage au soleil, et j’ai lancé ensuite une visite élargie du coin. Sans oublier la prise de photos pour des communications diverses.

Et en fin de cette journée du 23 mai 2 018, il y eut un bon repas au restaurant juste à côté ; et à mon retour au gîte, j’ai pu constater que le dortoir était complètement occupé. Mais une constante, une assurance :  sur les grands chemins historiques, dans un dortoir il n’y a pas de bruit la nuit – c’est que le corps privilégie une bonne récupération pour l’étape du lendemain. Tout prévoir, une leçon de vie sur les chemins de Compostelle.

Pourquoi ils arrivent si tard ? Et ce sont des marcheurs avec de gros sacs remplis de vêtements et autres. Pas seulement des Espagnols qui ont besoin des dernières étapes du Camino pour leur CV ! mais aussi des Français bien habillés, d’un certain âge, et même bien pomponnées pour les femmes – qui ne marchent pas sur tout le parcours, et qui utilisent forcément des taxis et autres transports de bagages – d’ailleurs, quand je me suis fait inscrire à mon arrivée, il y avait déjà pas mal de sacs dans les escaliers, leurs propriétaires arrivent ensuite avec du léger. Le couple de Normands que j’ai rencontré la veille – qui sont dans l’agroalimentaire – portaient leurs gros sacs.

La Française qui est dans mon dortoir est depuis des jours et des jours sur la voie du Puy + le Camino. Au cours de la discussion, cela se voit qu’elle est d’un certain niveau, même si elle est sur son premier chemin, elle sait déjà ce que c’est que faire un Compostelle.

Photo: au sommet du petit village.


J’ai cru percevoir la prétention de certains Nordiques – il est vrai que ce sont d’excellents marcheurs – qui affichent parfois un air supérieur, pour ne pas dire des positions de classe – il est vrai qu’ils viennent aussi avec « leurs vieilles poules ». Je n’écarte pas l’idée que cette appréciation est superficielle, mais rien qu’à voir leurs apparences et certaines attitudes dans le bar-restaurant, je peux aller jusqu’à dire que c’est une « clientèle » différente. Il n’est pas impossible que mon appréciation soit tout simplement fausse, et que ce ne sont in fine que des pèlerins à leurs manières.