Étape
25 : Port-Sainte-Foy : 30 km.
Photo :
Je suis sur la rive droite de la Dordogne, à Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt.
Résumé
de l'étape :
Port-Sainte-Foy
est sur la rive droite du fleuve la Dordogne, dans le département de la
Dordogne. Cette commune a fusionné dans les années 60 avec celle de Ponchapt
sous le nom de Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt. Hier, l'activité principale était
la batellerie sur le fleuve ; aujourd’hui l’accent est mis sur le tourisme
et les loisirs.
Port,
parce que c'était un port du temps de la batellerie, pour le bois, le vin et
autres produits de la campagne ; et Sainte-Foy, parce que la Sainte est
originaire du pays ; ce n'est que bien plus tard que l'abbaye de Conques,
sur la voie du Puy, pour se relancer, a « récupéré » les reliques de
la sainte qui avaient été placées à Agen.
Le
parcours pèlerin se fait autour de la D 20, la voie qu'empruntent les
cyclistes, qui la coupe en deux endroits, permettant de faire ainsi une bonne
découverte de la campagne où la vigne est la culture dominante.
Le
dernier petit tiers du chemin est carrément un grand détour dans cette campagne
avant d'atteindre le fleuve. Dans cette voie de Vézelay, après le passage de la
Loire, l'arrivée sur la Dordogne est un grand moment.
Le
déroulement de l'étape :
L'étape
se simplifie en quelque sorte, par la traversée des vignes – la réputation des
vins de la région n'est plus à faire, où un sol fait de sable et de graviers,
voire d'argile plus en profondeur, y est pour beaucoup. Les dénivelés sont peu
prononcés. Les marcheurs se laissent donc glisser dans le paysage.
Ce
qui nous a manqué, c'était le soleil ; depuis le départ à Mussidan, une
petite pluie nous a accompagnés presque toute la matinée, mais le rythme de la
marche était moins élevé qu'hier. Je suis resté en contact avec les deux
autres, je savais aussi que dans l'après-midi le tempo allait être d'un ton en
dessous.
Et
dans le dernier petit tiers, alors que cela se voit que le balisage prend un
malin plaisir à lancer le marcheur dans un grand détour, bien que fatigué comme
les autres, une petite satisfaction m'avait envahi : Sainte-Foy nous
tendait les bras. Il faut savoir s'appuyer sur un petit plaisir dans les moments
difficiles.
La
fin du test d'hier :
Dans
la dernière partie justement, le balisage nous invite à tourner gauche dans une
légère montée vers un petit village, et lorsque se présenta un chemin en terre
qui mène au pied d'un superbe contrefort, mine de rien je me suis mis devant
les deux autres, prêt à enregistrer une réaction éventuelle de leur part. Mais
il n'y en eut pas. Ce large chemin en terre permet de gravir cette difficulté
en ligne droite, sur un sol rendu assez boueux par la pluie qui a arrosé les
environs toute la journée. La ligne droite fait que la pente est progressive
jusqu'au sommet et ne laisse donc que peu de place à la récupération pendant
l'ascension.
Je
montais à ma main, utilisant au mieux mes bâtons, soucieux de ne pas me mettre
dans le rouge – il n'y avait aucune de démonstration à faire. Cela devait être
naturel. Un coup d'oeil à l'arrière à mi-pente montrait que j'avais pris une
petite avance sur Cor et une plus importante sur Alain. Cette avance a été
nette au sommet, en raison sans doute de l'implacable loi de la
pesanteur : un petit gabarit portant un sac moins lourd que celui des
autres est avantagé. Et je les ai attendus, sans qu'il y ait eu de remarque ni
de regard interrogateur de ma part. D'ailleurs, le paysage valait le coup
d'œil, et je m'employais à évaluer ce qu'il nous restait pour finir l'étape. Et
j'ai continué à marcher devant, naturellement ! Descente, passage boueux
dans des vignes. Dans l'ensemble, nous contournions vraiment la ville
d'arrivée.
Un
passage délicat en fin d'étape :
Nous
étions encore dans les vignes quand ayant reçu un appel téléphonique Cor s'est
laissé un peu décrocher ; et au bout d'un certain temps, comme il tardait
à revenir sur nous, nous l'avons attendu. Il est réapparu à
la fin d'une descente à la limite des champs et d'une zone boisée. Le passage dans ces bois est un vieux
sentier qui n'a pas bougé depuis la nuit des temps, plein de galets rendus très
glissants par la pluie, et des parties boueuses. Si je n'avais pas mes bâtons,
en plus d'une fois je serais allé au sol. C'est dans les premiers mètres de ce
sentier que Cor a fait une spectaculaire glissade, le petit sac qu'il avait à
la main s'est retrouvé dans les branches des arbustes. Mais il n'y a eu aucun
dommage, l'homme est solide. Et nous avons dû prendre mille et une précautions
pour terminer cette descente ; nous avons respiré vraiment quand nous avons
repris la départementale, et surtout la route qui longe la Dordogne, qui passe
sous le pont qui permet la traversée du fleuve et qui conduit le pèlerin à
Sainte-Foy. C'était la fin de cette
éprouvante étape ; je crois que je n'étais pas le seul à ressentir une
bonne fatigue ; un sac à dos sur 30 km demande un gros investissement en
énergie. Il ne nous restait plus qu'à rejoindre notre hébergement à
Port-Sainte-Foy-et-Ponchap, près de l'église.
Un
bon gîte, un bon séjour :
Comme
d'habitude, je suis entré le premier dans cet hébergement, Alain et Cor ont
préféré faire un tour en ville pour les provisions à utiliser au dîner.
C'est
une grande bâtisse, l'accès à l'étage où se trouve le gîte proprement dit, se
fait par un grand escalier qui donne déjà une idée de ce que devait être ce
bâtiment dans le passé. Tout a été refait : les sanitaires sont
irréprochables ; le dortoir se trouve dans une grande salle, sans doute
réservée hier à de grandes réceptions, où les lits sont disposés avec
suffisamment d'espace de séparation – seuls deux dispositifs à deux lits superposés
se trouvent dans un coin ; la pièce réservée à la cuisine et la salle à
manger est en revanche un peu petite.
En
entrant dans ce dortoir, j'ai découvert que d'autres pèlerins y étaient déjà
installés : trois Néerlandais s'interpellaient bruyamment – j'ai pensé à
Cor qui allait pouvoir échanger à l'aise avec ses compatriotes. Nous ne les
avons même pas entrevus jusqu'ici, mais un découpage en étapes du chemin en
vaut un autre – je les reverrai 10 étapes plus loin, à Sauveterre-de-Béarn,
deux jours avant l'arrivée à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Une
fois installé, je suis allé faire un petit tour en ville. Juste dans les
environs du pont sur la Dordogne qui permet de passer dans le département de la
Gironde ! Je n'avais que des petites courses à faire
vu que je mangeais avec les deux autres - je participe aux frais d'achat des
victuailles pour le dîner. Mais le point le plus important, c'est le coup d'œil
sur la Dordogne.
Nous
avons occupé la cuisine avant les autres, car il n'y avait pas suffisamment de
place pour tous les pèlerins présents – les trois Hollandais, dont un parle à
peu près le français, ont mangé après nous.
Le dîner fut très apprécié, grâce à Alain et Cor, ma contribution se
fait toujours dans la partie vaisselle ; j'ai répété à Alain qu'il devrait
songer à lancer sa propre table d'hôte, et il m'a même dit qu'il y
pensait ; quant à Cor, c'est plus loin sur le chemin qu'il m'a fait
comprendre qu'il était dans son pays un professionnel de la restauration. Tout
s'explique !
La
nuit a été des plus calmes.