mardi 29 novembre 2022

Étape 21 : mardi 22 mai 18 : Astorga :

Petite étape de 14 km, en passant cette fois par la variante basse (et non pas la haute, celle de Santibáňez de Valdeiglesias) -  voir photo passage en 2 015


Et j’ai eu la bonne surprise de voir que ces deux variantes se rejoignent à La Croix qui domine San Justo de la Vega petit village au pied d’Astorga. Et la rencontre avec un chanteur guitariste qui s’est posté à La Croix et à qui j’ai donné 2 € en esquissant des pas de danse à la créole bien que ce fût sur une musique espagnole – le rythme se rapprochait de notre Sega à la Réunion. 

 


Voir photo de cette croix.

 Une journée de belles rencontres : d’abord, pratiquement dès le départ, un couple de Normands avec qui j’ai fait avec plaisir un tour des questions qui touchent à nos régions d’origine, ensuite avec un couple de Vietnamiens (la femme parle bien le Français) que d’ailleurs je voyais régulièrement sur le chemin – eux, c’est sûr, ne se sont pas faits transportés, et qui étaient à peu près dans le même tempo que moi depuis plusieurs jours, et enfin un hospitalier de l’albergue de peregrinos San Javier près de la cathédrale d’Astorga. Un homme quelque peu ronchon - plus peut-être même lors de la réception des arrivants ; il est vrai que nous étions plusieurs à être entrés dans cet établissement avant l’heure d’ouverture de ce gîte, mais la porte était ouverte, et donne accès à une petite salle d’attente. Avons-nous quelque peu dérangé cet homme ?

C’est un grand gîte, d’un certain âge (ce bâtiment, ou du moins une partie, devait loger des religieux à une époque), et surtout mieux équipé que d’autres bien plus récents en sanitaires, douches et lavabos, en nombre mais aussi en qualité, est situé au centre-ville, et donc à portée de tout ce dont les pèlerins ont besoin.

Dans la ville d'Astorga: 


Nous avons fini par sympathiser en quelque sorte après quelques échanges et surtout avoir présenté nos parcours respectifs sur le chemin de Compostelle. Et c’est tout gentiment qu’il m’a dit : Aimé, prends ton temps. Il ne faut pas être pressé ; soit patient, compréhensif ! Mais en moi-même, je veux bien être patient, et compréhensif, mais à la condition d’être respecté ; et l’hospitalier grognon ne nous a pas respectés au départ (moi, le couple de vietnamiens et 2 autres).

Astorga est un bon point d’étape, un excellent  centre-ville avec tout ce qui faut pour se ravitailler, s’occuper et se préparer pour l’étape du lendemain.


  

mardi 22 novembre 2022


 

Hospital de Orbigo

Au sortir de l’albergue de La Virgen, je n’avais pas vraiment arrêté le but de l’étape du jour. Ce qui était sûr, c’est que cette fois-ci je ne passerai pas par Santibanez de Valdéiglesias, question de varier un peu, quand c’est possible, l’itinéraire de 2 011 et de 2 014. Je me disais alors que tout dépendra de l’enchainement de plusieurs étapes qui suivent habituellement.

Dès le départ, au sortir de cette ville, comme je m’y attendais d’ailleurs, j’ai eu quelques doutes quant au balisage – le positif, c’était la rencontre avec un couple de Vietnamiens peu après le départ, et se trouvaient devant les mêmes interrogations. Finalement, tout s’est bien passé ; ensemble nous avons fini par retrouver un balisage correct et stable, mais je ne suis pas resté dans le rythme de ces deux-là. Et c’est tout seul que je me suis retrouvé plus tard à l’approche d’Hospital de Orbigo après une belle ligne droite en légère descente.

Photo: toute la nature salue les pèlerins sur le chemin.

Un beau spectacle que cette zone qui semble être en construction permanente, question d’utiliser au mieux le paysage avec l’impression que toutes les eaux de la région finissent par là. Et j’ai eu raison, parce que j’avais de quoi m’occuper pendant la journée en attendant le dîner : prendre des photos du coin, aller à la poste pour expédier des courriers, renouveler des petits médicaments pour les pieds… et principalement aussi coller au mieux à un cadre plus qu’agréable.

J’ai choisi l’albergue qui est sur la gauche de la rue principale, presque au bout du village. Et un lit pratiquement à l’entrée du dortoir qui se trouve à l’étage du bâtiment, parce qu’il y a pas mal d’espace libre aux alentours de ce lit, qu’il serait plus facile de gérer un éventuel ronfleur, et plus simple d’aller aux toilettes qui se trouvent aussi à ce niveau mais complètement à l’extérieur du dortoir.

Photo: le coup d'œil à l'approche du village.


J’y ai passé une belle nuit, après un excellent repas pris dans un restaurant où les pèlerins étaient plus que nombreux – j’ai dû réserver dans l’après-midi. J’y ai pris un excellent repas, à une table avec d’autres pèlerins bien enclins à faire partager leurs impressions d’étape, ce qui est toujours une bonne chose pour passer ensuite une bonne nuit.

Mais il y a eu un petit incident au moment où je suis arrivé pratiquement à l’entrée de mon albergue, pressé que je suis à me mettre rapidement au lit. Et il y a quelque fois un petit événement qui vient rabaisser quelque peu des bons moments… Mais je sais aussi que le pèlerin sait y faire face puisqu’il est toujours porté par la réussite de son entreprise, quelles que soient les circonstances.

En arrivant presque à l’entrée de mon albergue, alors qu’il faisait plus ou moins noir malgré un certain éclairage de cette rue principale, je passe non loin d’une femme qui balayait le trottoir devant chez elle, du même côté de mon albergue, en voisinage immédiat et qui laissait éclater une certaine colère. J’entendais alors derrière moi des éclats d’une voix forte et courroucée comme si elle engueulait de toutes ses forces une autre personne, alors que nous étions que deux seuls dans cette rue – et elle désignait un mouchoir en papier au sol qu’elle s’apprêtait à ramasser. Je me suis presque arrêté pour essayer de comprendre la situation. Et elle continuait à désigner de son balai ce papier sur le sol mais sans vraiment m’impliquer directement – et j’ai fini par comprendre que j’étais concerné par cette affaire : pour elle, j’avais jeté ce papier alors qu’elle venait de balayer cet espace. Je ne savais pas quoi faire, et ce d’autant qu’en arrivant sur ce lieu je n’avais pas fouillé dans mes poches et ainsi laissé tomber par mégarde le papier en question. Et j’ai entendu ensuite un homme, que je n’avais pas alors repéré sur le trottoir d’en face et qui semblait répliquer à cette dame – pour lui, elle dépassait les bornes. Je traduisais en me basant uniquement sur le ton, puisque je n’ai aucune pratique de l’espagnol. C’est que je ne parle pas du tout cette langue ! Mais à aucun moment la dame en question n’est venue un peu plus vers moi pour signifier clairement que je devais ramasser ce papier. J’étais dans l’indécision la plus totale. Et elle continuait son discours ; et l’autre personne, en opposition, maintenait aussi ses répliques. Le mieux était de ne pas entrer dans cette affaire… tout en reconnaissant en moi-même qu’il est fort possible qu’une certaine circulation à l’entrée de cette albergue pouvait « produire » quelques déchets près de la maison de cette dame… Il n’y avait aucun administratif à la réception de l’albergue, je suis rentré « chez moi », tout en pensant que vraisemblablement cette dame n’avait peut-être pas totalement tort : la circulation des pèlerins qui arrivent et qui partent de cette albergue peut entrainer occasionnellement une petite pollution. J’ai pensé un moment discuter avec un responsable du gîte… mais il n’y avait personne dans l’espace d’accueil à cette heure - idem le lendemain de bon matin à mon départ. Comme d’autres l’ont peut-être fait avant moi ! Il y a des petits problèmes courants qui ne se règlent pas facilement… et qui pourtant pèsent sur le bon déroulement de la vie de tous les jours.

 

 

vendredi 18 novembre 2022

 

Étape 19 : Dimanche 20 mai 18 : La Virgen del Camino (date de l’étape) – publication de l’article, le

    1. Photo: belle place à la Virgen del Camino.

    • Une étape qui passe par la traversée de la ville de León et un passage incontournable sur la place de la cathédrale. Et quelle animation sur ce site en ce dimanche ! Il y a un peu de toutes les nationalités. La Virgen est en quelque sorte dans le prolongement assez long de León et il faut encore « ramer » pour y arriver – toutes les petites côtes marquent en fin d’étape
Photo: Étape 19 : non loin de la cathédrale de Léon.



León et un passage incontournable sur la place de la cathédrale. Et quelle animation sur ce site en ce dimanche ! Il y a un peu de toutes les nationalités. La Virgen est en quelque sorte dans le prolongement assez long de León et il faut encore « ramer » pour y arriver – toutes les petites côtes marquent en fin d’étape. Voir photo, sur cette place de León, en 2011, je marchais alors avec deux autres pèlerins, où Babou était en admiration devant… :

Avant d’arriver à cette place, et après une belle descente dans des bois, la traversée de la ville est interminable, et je l’ai faite dans la première partie en contrôlant une certaine envie – la règle, que j’ai apprise aussi en 2 011, est qu’il faut tenir compte de ses besoins naturels avant toute grande agglomération. Pourtant, dans la descente boisée qui mène à Léon, j’avais obéi à cette règle, sentant alors une toute petite envie. Mais je n’aurai jamais pensé que peu de temps après ce serait une grosse qui se ferait sentir. Et j’ai dû serrer tous les freins de la nature. J’ai finalement trouvé un bar, spécial petit déjeuner, et tout s’est très bien passé, y compris pour un bon petit déjeuner, qui s’est révélé utile pour le reste de l’étape, car il y a encore pas mal de chemin avant la Virgen, même si le plus gros parcours de cette finale d’étape se fait en zone urbanisée. La ville est en effet partout maintenant, sauf au sommet d’une petite cote qui mène à une zone industrielle en construction avant d’entrer vraiment dans la Virgen del Camino.

Photo: dans la ville de la Virgen del Camino.

Au gîte, c’est encore l’impression d’un nouveau public, pas de ceux que j’ai rencontrés jusqu’ici – que j’ai eue, un peu comme si la plupart, étaient des pèlerins qui se font transporter – un élément me le confirme encore plus, bien que je refuse à généraliser : la quantité de pièces de linge dans les lessives faites sur place que beaucoup portent à sécher sur les fils dans la grande cour de ce gîte – tout en me disant que toutes les formes de pèlerinage sont respectables. Et de toutes jeunes filles, propres, maquillées, ce qui est une bonne chose, bien entendu ; et quelques hommes qui se rasent avec précision, qui mettent des produits sur le visage comme s’ils allaient à une réception – il y en avait de ce type à Mansilla. Mais tout est respectable, chacun fait le chemin à sa façon – quel que soit le choix, il pourra toujours tirer de bonnes leçons de son expérience – et c’est là l’essentiel !

Au fil des étapes les méthodes s’affinent pour ranger efficacement les affaires, marche, gîte, réserve, etc. Équipement de nuit : lampe, effets de toilette et serviette. Et garder un ordre de rangement des affaires dans le sac – c’est qu’il y a à gagner en temps dans l’organisation de sa marche, tout en se demandant : à quoi cela sert-il ? Faire preuve d’intelligence pour faire face aux situations, et améliorer les méthodes sur tous les plans. Le but étant tout simplement de mieux vivre quels que soient les circonstances. La maitrise de l’espace-temps en quelque sorte. Cette maitrise passe donc aussi par l’organisation du sac dans le vécu sur le chemin. Surtout pour ceux qui viennent de loin, et qui comptent aussi visiter après la marche des membres de leurs familles établis en France métropolitaine depuis des années.

Dans ce gite, il y a tout ce qu’il faut pour se préparer un dîner acceptable, mais j’ai préféré aller dans un quartier voisin du gîte où il y a de bons petits restaurants. Même si au retour j’avais à passer dans une zone, pourtant en pleine ville, mais où il n’y a pas d’éclairage public… ce qui fait que s’installait parfois en moi une sorte de crainte de rencontrer de mauvais citoyens.

À mon retour du restaurant, en entrant dans le dortoir, j’ai entrevu une pèlerine qui s’installait à côté de mon lit et qui surtout s’attelait à construire autour de sa couche une « protection » avec des draps et un éclairage particulier de son espace. J’avais choisi comme d’habitude un lit relativement près de la porte d’entrée. J’en ai bien ri, mais en moi-même, sur tous les chemins que j’ai faits depuis 2 011, et quels que soient les types d’albergues, je n’ai jamais vu cela. Je me suis rapidement installé dans ma couche, mais en jetant un petit regard discret dans l’espace d’à-côté… je n’ai même pas aperçu son visage. Ah si seulement j’avais une gentille petite souris dans mon sac. À mon réveil le lendemain, ma voisine dormait profondément… et je n’ai pas cherché à savoir si elle avait encore auprès d’elle un pèlerin protecteur…Ah, si l’on peut se payer tous les plaisirs du monde sur un chemin de Compostelle… Et pourquoi pas ? Mais à condition quand même de ne pas négliger l’essentiel : apprendre à se redécouvrir, à mieux comprendre les autres et à donner du sens à la vie que l’on mène d’ordinaire

À la Virgen, l’albergue a une belle salle de détente ; on y passe un bon moment à l’arrivée, et à la préparation avant le départ le lendemain.



jeudi 10 novembre 2022

 

Étape 18 : samedi 12 novembre 2 022 : Mansilla de las Mulas (date de la publication)

Photo : dans la cour de l’albergue, les pèlerins s’activent à de petits travaux indispensables à l’arrivée de chaque étape (lavage de vêtements entre autres).

 À l’albergue de Calzadilla de los Hermanillos, on m’a dit que cette variante que j’ai découverte par hasard existe depuis toujours. Mais il y avait un petit doute en moi. Il est vrai cependant que la modification de mon parcours qui s’est faite au pont de Cazaldo del Coto était bien claire. Rien n’empêche les rêveurs en marche de se tromper. Mais tout reste positif sur les chemins de Compostelle. Et ce d’autant plus que cette fois-ci j’en ai tiré un certain bénéficié de cette variante, parce que mon étape s’est trouvée un peu plus courte, et que j’ai eu aussi l’occasion de me replonger concrètement dans l’Histoire de cette région.

Photo : très belle place dans cette petite ville en pleine campagne.

J’ai donc découvert la Cazalda romaine, de longues pistes utilisées autrefois par les cavaliers romains, aujourd’hui parfois gravillonnées, qui m’ont rapproché de Religios où j’ai retrouvé mon chemin habituel, tout en essayent de voir dans ma tête les chars des soldats romains qui l’utilisaient dans l’Antiquité quand Rome dominait une bonne partie de l’Europe.Et aujourd’hui rien que de beaux paysages de plaines parfaitement cultivées qui invitent vraiment à la marche pour peu que l’on essaye d’imaginer aussi les chars des Romains qui déboulaient dans cette zone. Et j’étais encore plus content quand j’ai rattrapé ensuite la classique belle petite route toute droite à l’ombre des arbres qui m’a conduit, en avance cette fois, à Mansilla de las Mulas.

Photo: l'église de Mansilla de las Mulas





samedi 5 novembre 2022

 

Étape 17 : dans la vie, rien n’est figé… Compostelle le montre


 Jusqu’à Sahagún, c’était du connu, à quelques petits contournements près où je ne me suis pas immédiatement retrouvé, mais globalement c’était dans le classique de 2 011 et 2 014.


J’ai suivi le balisage qui conduit à Bercianos. Mais j’ai senti dans la dernière partie que le chemin était bien long, et surtout qu’il me baladait dans des paysages de grande beauté (voir cette immense étendue verte de blé), un peu comme s’il me faisait visiter une belle et nouvelle campagne, et aussi à travers des bois de différentes couleurs.

Et je marchais tout en rêvant, en essayant de me détacher de tout le réel qui m’entourait… et arrivant à un pont avec une belle flèche qui m’invitait à monter sur cet édifice, j’y suis allé tout en pensant qu’il pouvait y avoir une petite modification en ce lieu… Retrouvant le balisage au-dessus, je me replongeais dans mes rêveries. En me disant que je ne devrais pas tarder à me retrouver dans ce petit plongeon juste avant de remonter vers mon albergue habituelle dans cette étape. Mais une réalité était toujours là : je passais d’un bois à un autre… le balisage étant toujours présent, mais je ne m’en inquiétais pas. D’autant que je n’ai pas tardé à me retrouver sur les pas d’une pèlerine. Je me suis finalement décidé à la doubler… pour la rassurer peut-être ! Je la sentais un peu anxieuse : c’est que nous étions les deux seuls marcheurs à travers ces beaux paysages. Je ne l’ai plus revue les jours suivants.

Et je trouvais que Bercianos n’arrivait toujours pas. À un moment j’ai vu le clocher d’une église au-dessus d’un village, je me suis dit alors que cette année l’arrivée à Bercianos ne se faisait peut-être pas par le chemin habituel. Mais en entrant dans ce village une belle pancarte me fit comprendre que je n’étais pas du tout à Bercianos, mais à Calzadilla.


Passant devant un petit hôtel, je fus interpellé par un homme qui m’a semblé être un responsable de cet établissement, et qui me demanda jusqu’où j’allais. Quand je lui ai dit Bercianos, il se mit à rigoler, et m’a dit : mais c’est de l’autre côté, vous allez mettre pas mal de temps pour y aller… et faire du chemin en plus. Et il m’invita dans l’albergue à voir une carte affichée au mur. Et c’est ainsi que j’ai compris que je suis passé par le pont échangeur à Cazalda del Coto pour prendre la variante qui va à Cazaldilla – et comme il y avait encore des places dans cette albergue j’ai terminé mon étape dans cette petite agglomération – et ce n’est que le lendemain que je me suis retrouvé sur le chemin « classique », avant l’arrivée à Mansilla, une étape me semble-t-il plus courte qu’en partant de Bercianos. Perdre d’un côté, et se rattraper de l’autre ! Compostelle, c’est bien la vie en général !

Mais le chemin rassure vite…

 

 

jeudi 3 novembre 2022

Étape 16 : jeudi 17 mai 2 018 : Ledigos


À Ledigos, ce fut aussi le traditionnel gite (2 011 ; 2 014) ; j’étais parmi les premiers arrivants à mon « vieux gîte » qui présente l’avantage d’être bien équipé, avec dans ses murs la possibilité de bien boire et de bien manger (voir photo). Un bon point d’appui, et ce d’autant qu’il n’y a pas grand-chose à visiter, à découvrir, dans le coin.

Sur la fin du parcours, je me suis laissé aller à un peu de compétition parce que je voyais de nombreux marcheurs qui arrivaient en belle forme alors que je ne les avais pas aperçus tout au long de l’étape. Tout dépend du découpage de chacun.



Une nouveauté cependant, et c’est ce qui m’a quelque peu surpris : on n’entre pas dans ce village de la façon que j’ai connue, en 2 014 et en 2 018 : j’avais d’ailleurs en fin de parcours compris que l’approche était cette fois bien différente et un peu plus longue. On entre vraiment dans le petit village par le haut, du côté de l’église. Je suis passé devant un nouvel albergue avec une grande terrasse au bar où plein de marcheurs se faisaient plaisir après qu’ils eurent à développer longuement des capacités personnelles sur le terrain. D’ailleurs, cette arrivée était une découverte pour moi, dans une vraie descente après un long cheminement sur un plat plus ou moins bosselé qui n’en finissait plus et sous un soleil qui pesait.

Espace, perception de l’infini – et le temps ne peut rien à l’affaire. Quand un petit village apparaît, c’est pour se rendre compte que l’on n’est pas au bout de ses efforts. Dans cette étape, je me suis même arrêté à un petit bar qui proposait entre autres des fruits et divers jus, mais comme il y avait pas mal de marcheurs dans l’attente de se faire servir, je suis reparti sans rien prendre. Et toujours une affluence de Nordiques, surtout d’Anglais et d’Allemands, et aussi quelques Espagnols. En majorité des jeunes ! Et beaucoup de fraiches jeunes filles !


Mais Compostelle rappelle aussi que tout change relativement vite dans la vie. Le restaurant de mon albergue habituel était à moitié vide en fin de journée, alors que lors de mes deux précédents passages, il fallait être vigilant pour se faire accepter au premier service.

Voir ci-dessous le nouvel albergue, à la nouvelle entrée dans ce petit village – on y arrive maintenant par l’église située en haut du village. Mais en pleine fréquentation au mois d’août, il doit y avoir suffisamment de clients pour les deux établissements.

En reconnaissance en fin de journée, j’ai découvert qu’il y avait un autre établissement neuf à la sortie habituelle de cette bourgade, avec sans doute des chambres, mais surtout un bar restaurant moderne – j’en ai d'ailleurs profité le lendemain pour prendre un bon petit déjeuner, celui de mon gîte ne s’ouvrait que bien plus tard – je pars toujours un peu avant 7 heures. 

Dans mon dortoir habituel, il y avait un ronfleur mais il ne m’a pas vraiment gêné – et j’avais aussi bien fait dès le début de mon installation en évitant de me placer en face de la porte d’entrée, car des pèlerins se lèvent la nuit pour aller aux toilettes, qui sont à l’extérieur dans un autre petit bâtiment, et oublient de bien fermer la porte au retour, laissant ainsi un petit courant d’air frais venir caresser les autres dormeurs avec un risque de refroidissement.

En général, je mets un certain temps à choisir mon lit – quand c’est possible, compte tenu de l’affluence et du moment de l’arrivée en fin d’étape. C’est ainsi que je me suis retrouvé non loin d’une Allemande – les femmes, en général, ronflent moins que les hommes - elle maitrisait bien le Français, et nous avons pu discuter d’un peu de tout. Elle a tenu à me faire comprendre qu’elle prenait tout son temps sur le chemin et qu’en aucun cas elle n’entendait se placer dans une sorte de compétition sur un Chemin de Compostelle.

J’ai passé une bonne nuit ; et une belle étape m’attendait, celle de Bercianos del Real Camino où il y a un bel accueil dans un grand établissement, que j’ai bien apprécié en 2 011 et 2 014. Et je me disais que refaire un chemin de Compostelle, c’est se donner les moyens et le temps de découvrir et d’apprécier tout ce que l’on a quelque peu survolé la première fois.