mercredi 28 décembre 2022

Étape 19 : Samedi 26 mai 18 : Ruitelan

Le gîte: 


Un bon 27 km. Je ne voulais pas comme en 2 014 après Cacabelos refaire la route des Vignes que j’ai jugée peu intéressante, mais après une belle départementale – le chemin a changé aussi –, j’ai suivi un semblant de balisage qui m’a fait quitter la route, pour une bonne balade dans des champs, qui ressemble bien à une partie de la route des vignes, qui est bien longue aussi, alors que j’étais avec deux autres pèlerins qui eux ont continué sur la départementale, qui m’a mené Villafranca del Bierzo, pratiquement sans avoir vu une balise. En tout cas, dans ce coin, les responsables de balisage ne savent peut-être pas l’importance des balises de confirmation. D’ailleurs dans cette ville, au creux d’une vallée, où j’ai pris un bon petit déjeuner, j’ai rencontré un groupe de personnes qui semblait s’occuper du balisage dans la ville elle-même, je me suis arrêté pour leur dire les manquements y compris dans cet espace, mais comme je ne parle pas l’espagnol, je ne suis pas sûr que mon message ait eu toute sa portée. Mais je crois qu’ils ont à peu près saisi ce que je voulais leur dire.

Le reste du chemin est sans problème. Mais c’est dans l’approche de Vega de Valcarce que tout a changé ; et ce qui m’a surpris aussi c’est le nombre d’albergues dans ces nouvelles parties.


Finalement, j’ai continué jusqu’à Ruitelan comme lors des deux chemins précédents, et là encore l’approche du final a aussi changé un peu. Je suis encore arrivé parmi les premiers à l’albergue de ce jour où j’ai encore apprécié l’accueil et les services (diner et petit déjeuner, entre autres) de l’hospitalier. Sans compter le bar d’en face qui ne cesse de vous tendre les bras pendant le séjour.  Voir photo.


lundi 19 décembre 2022

 

Étape 18 : Vendredi 25 mai 18 : Cacabelos


Dans cette étape, il y a eu la suite de la descente quelque peu désertique jusqu’à Molinaseca, mais le paysage ne tarde pas à devenir plus boisé et plus riche, un peu comme si la nature s’est mieux reconstituée dans cette partie. Le marcheur passe d’un fond de ravine à un autre ; la nature boisée présente différentes faces au fur et à mesure de cette descente.

Ce paysage n’était pas une découverte pour moi, il n’y a pas eu de surprise, mais il faut dire que j’en étais aussi à décortiquer ce que je voyais au fur et à mesure bien qu’en avançant dans cette descente, j’avais un peu l’impression que la première partie habitée qui ne devait pas tarder à apparaître se faisait quelque peu attendre.

Si la dernière fois j’avais trouvé cette petite ville de Molinaseca en pleine campagne bien attirante – j’avais pris un thé et un croissant dans un petit bar pratiquement à l’entrée de cette partie habitée, bien éclairée et bien fréquentée à une heure matinale, mais cette fois-ci j’avais l’impression que cette ville était quelque peu en perdition : pratiquement pas de lumière dans l’espace public, bar fermé… Une impression de sècheresse et d’abandon. La dernière fois, cette albergue toujours en vue de la grande route à la sortie de la ville était bien plus qu’animée.

Puis ce fut la longue approche de Ponferrada où à l’entrée de cette grande ville il y a encore des imprécisions dans le balisage ; et enfin dans le dernier tiers de parcours de cette étape une petite pluie s’est mise dans la partie, et ce jusqu’à l’arrivée. Les prévisions étaient surtout très pessimistes pour le lendemain. J’avais vraiment tous les sens en éveil, ce qui fait que cette fois-ci, je décortiquais un peu plus les kilomètres du chemin.


Photo: l'approche de Cacabelos, en 2 011. J’ai bien apprécié la suite du parcours après Ponferrada. Une belle nature, un beau temps. J’étais constamment dans l’attente de l’entrée dans cette ville d’étape, et je commençais par caler dans ma mémoire la traversée assez longue de cette ville d’arrivée et retrouver pratiquement à la sortie l’albergue que j’avais appréciée lors de mes passages en 2 011 et en 2 014.

Et, bien avant, il y a eu un moment de grandes émotions quand je suis arrivé sur la petite place où se trouve un hôtel dans lequel un pèlerin réunionnais a fini ses jours sur cette terre. Bien entendu, dans ces conditions, le pèlerin ne peut que se mobiliser sur le moment pour essayer de deviner, de mieux saisir, les derniers instants de ce pèlerin. Ce dernier a dû recevoir un bel accueil de la part du Seigneur après avoir quitté notre Terre.


Cette fois-ci, je n’ai pas bien apprécié ce grand refuge fait de petits boxes à deux lits même si les douches et les sanitaires en général sont toujours au top. Même si le toujours bon sommeil du pèlerin balaye vite une impression de pas terrible. Et surtout après un bon repas ! C’est l’attente de l’étape du lendemain qui prend le dessus, et qui en quelque sorte remobilise, réconforte.

mardi 13 décembre 2022

 

Étape 24 : mercredi 24 mai 18 : Riego de Ambros

Je suis parti très tôt du gîte de Rabanal, avec deux petits biscuits sur l’estomac pour attaquer les différentes côtes à travers de petites forêts – et il n’y a pas de vraies variations de la pente pour espérer une bonne récupération dans le mouvement. Et arrivé presque au sommet je tombe sur un petit commerce offrant entr’autres des petits déjeuner. Je me suis alors vraiment fait plaisir.


La pente s’assouplit vite pour arriver à Cruz de Ferro – pour me rendre compte comme lors de mes deux précédents passages que les pèlerins sont nombreux à s’arrêter dans une atmosphère bien particulière : prières, et surtout prises de moultes photos pour fixer l’événement. Il y a bien une pénétration de cette atmosphère particulière et ce quel que soit le niveau de pratique religieuses de ces marcheurs pèlerins.

Pour moi, le plus important était fait, il ne me restait plus qu’à descendre vers l’arrivée de cette étape – j’ai un peu trop tendance à penser qu’une descente n’est pas fatigante, le Chemin ne rate pas l’occasion de me rappeler le contraire, surtout dans les parties pierreuses. Et à mi-pente, je n’ai pas oublié de manger mon sandwich.


C’est dans la première partie de cette longue descente que j’ai retrouvé le couple de Vietnamiens rencontré dans l’étape d’Astorga. Et j’ai fait un arrêt pour manger mon sandwich, et gérer mon avance, car à continuer dans le même rythme j’aurai à laisser pas mal de temps s’écouler à l’arrivée avant l’ouverture du refuge à Riego de Ambros.

J’ai dû gérer pas mal de temps avant l’arrivée du gérant du gîte retenu. Le soleil tapait dur, il faisait chaud, et il a fallu chercher un peu d’ombre, et ce d’autant qu’il n’y a pas grand’chose à visiter dans cette petite localité. J’ai été le premier à m’installer dans le dortoir, et comme lors des précédents passages, j’ai pris une couchette au ras du plancher du dortoir qui est à l’étage, et relativement proche des sanitaires.


Le repas préparé par le responsable était de qualité, il y avait de quoi caler de bons appétits. Et à mon retour, j’ai eu une certaine surprise de voir que des voisins s’étaient installés en face de ma couchette. Et bien installés : un couple de jeunes, vraisemblablement des Japonais, et qui avaient pris des dispositions particulières : à deux, et sur la même couchette ; des vêtements ont été tendus de façon à décourager des regards indiscrets, sans compter un système d’éclairage particulier du nid d’amour. Pendant tout mon séjour, je n’ai pas vu les visages de ces deux-là, ni entendu leurs voix. Une très grande discrétion. Que demande le peuple ! Et pendant le temps de préparation pour mon départ, c’était toujours le grand silence. Le bel amour sur un chemin de Compostelle !

jeudi 8 décembre 2022

 

Étape 22 : Mardi 23 mai 18 : Rabanel del Camino :

Photo: l'approche de Rabanal, en 2 011
Je n’ai jamais vu une telle affluence sur le Camino, à 17 heures les pèlerins arrivaient et remplissaient les dernières places dans dans l’albergue que je n’avais pas prévue au départ de cette étape. En principe, ce devait être une longue marche en ce jour, avec toute l’ascension qui mène à la Cruz de Ferro. Et qu’ensuite j’aurais fait la descente qui suit jusqu’à Riego de Ambros.

Il faisait encore sombre lorsque j’ai quitté Astorga ; pas grand monde dans les rues. à la fin de cette agglomération, un grand bonheur alors que le jour se levait à peine, et que j’allais prendre la montée qui mène au sommet de cette montagne, plus exactement à la Cruz de Fero, un lieu plus que symbolique, je suis tombé sur une boulangerie qui donne la possibilité de se faire servir un petit déj. Je me suis bien calé l’estomac avant d’attaquer cette belle montée.

La pente est moyenne, avec des petits raidillons qui sont de véritables tests pour la forme physique. Le premier point attendu, compte tenu du souvenir de mon passages en 2 011 et 2 014 est bien sûr El Ganso – un peu désolé de voir que de l’extérieur ce sont toujours de vieux entourages en bois qui vraiment ne laissent pas deviner que les équipements de cette albergue sont plus que corrects. Et à ce point de passage, en levant la tête on voit bien que tout le reste n’est que montées à travers des petites forêts avant d’arriver à la Cruz de Fero, et de basculer ensuite dans la descente qui même à Riego de Ambros (le but de cette étape au départ.

Photo: 

Photo: devant l'albergue

Et je me suis retrouvé devant une intersection qui m’invitait à Rabanel del Camino dans le sens de la route jusqu’ici empruntée – Je n’étais pas encore au sommet de ce village où se trouve toute une structure d’accueil dans laquelle je me suis arrêté en 2 014 pour prendre un remontant. Et à droite dans l’intersection un regroupement de maisons avec un bar restaurant et un petit hôtel – et c’est alors qu’une dame assise devant un petit bâtiment m’a invité dans son albergue. Elle insista pour que je visite ses installations, dont un espace à l’extérieur pour faire sécher des vêtements lavés. Ce qui me décida d’arrêter ma marche du jour à ce point et de m’installer chez elle. Je n’avais pas à bousculer le temps : au lieu de faire 39 km pour aller jusqu’à Riego de Ambros, je ne faisais que 20 km, coupant en deux parties l’étape prévue. Me laissant ainsi du temps pour explorer ce petit coin de montagne et de forêts où jusqu’ici je ne faisais que passer.

Il était 14 h, lorsque je me suis installé dans ce coin où il y avait tout ce qui faut pour accueillir le marcheur : un bon petit dortoir, un bar restaurant tout près du gîte, et à une cinquante de mètres une zone avec des fils tendus pour faire sécher les vêtements lavés.

Sur un chemin de Compostelle, tout s’improvise et s’enchaine autour des découvertes au fur et à mesure que l’on avance, et particulièrement si l’on est à une 2éme passage sur tel ou tel chemin, et quelles que soient les étapes. Tout est possible sur le Chemin.

Photo: mon lit dans l'albergue


Je me suis donc m’installé dans le dortoir, selon une règle qui m’est propre : un lit en bas, le plus près possible de la porte d’accès (et de sortie), pour pouvoir m’éjecter au plus vite en cas de problème. Et pour la suite, comme d’habitude, le programme passe inévitablement par une bonne bière au bar du coin, avant le lavage et l’exposition des pièces lavées pour le séchage au soleil, et j’ai lancé ensuite une visite élargie du coin. Sans oublier la prise de photos pour des communications diverses.

Et en fin de cette journée du 23 mai 2 018, il y eut un bon repas au restaurant juste à côté ; et à mon retour au gîte, j’ai pu constater que le dortoir était complètement occupé. Mais une constante, une assurance :  sur les grands chemins historiques, dans un dortoir il n’y a pas de bruit la nuit – c’est que le corps privilégie une bonne récupération pour l’étape du lendemain. Tout prévoir, une leçon de vie sur les chemins de Compostelle.

Pourquoi ils arrivent si tard ? Et ce sont des marcheurs avec de gros sacs remplis de vêtements et autres. Pas seulement des Espagnols qui ont besoin des dernières étapes du Camino pour leur CV ! mais aussi des Français bien habillés, d’un certain âge, et même bien pomponnées pour les femmes – qui ne marchent pas sur tout le parcours, et qui utilisent forcément des taxis et autres transports de bagages – d’ailleurs, quand je me suis fait inscrire à mon arrivée, il y avait déjà pas mal de sacs dans les escaliers, leurs propriétaires arrivent ensuite avec du léger. Le couple de Normands que j’ai rencontré la veille – qui sont dans l’agroalimentaire – portaient leurs gros sacs.

La Française qui est dans mon dortoir est depuis des jours et des jours sur la voie du Puy + le Camino. Au cours de la discussion, cela se voit qu’elle est d’un certain niveau, même si elle est sur son premier chemin, elle sait déjà ce que c’est que faire un Compostelle.

Photo: au sommet du petit village.


J’ai cru percevoir la prétention de certains Nordiques – il est vrai que ce sont d’excellents marcheurs – qui affichent parfois un air supérieur, pour ne pas dire des positions de classe – il est vrai qu’ils viennent aussi avec « leurs vieilles poules ». Je n’écarte pas l’idée que cette appréciation est superficielle, mais rien qu’à voir leurs apparences et certaines attitudes dans le bar-restaurant, je peux aller jusqu’à dire que c’est une « clientèle » différente. Il n’est pas impossible que mon appréciation soit tout simplement fausse, et que ce ne sont in fine que des pèlerins à leurs manières.

mardi 29 novembre 2022

Étape 21 : mardi 22 mai 18 : Astorga :

Petite étape de 14 km, en passant cette fois par la variante basse (et non pas la haute, celle de Santibáňez de Valdeiglesias) -  voir photo passage en 2 015


Et j’ai eu la bonne surprise de voir que ces deux variantes se rejoignent à La Croix qui domine San Justo de la Vega petit village au pied d’Astorga. Et la rencontre avec un chanteur guitariste qui s’est posté à La Croix et à qui j’ai donné 2 € en esquissant des pas de danse à la créole bien que ce fût sur une musique espagnole – le rythme se rapprochait de notre Sega à la Réunion. 

 


Voir photo de cette croix.

 Une journée de belles rencontres : d’abord, pratiquement dès le départ, un couple de Normands avec qui j’ai fait avec plaisir un tour des questions qui touchent à nos régions d’origine, ensuite avec un couple de Vietnamiens (la femme parle bien le Français) que d’ailleurs je voyais régulièrement sur le chemin – eux, c’est sûr, ne se sont pas faits transportés, et qui étaient à peu près dans le même tempo que moi depuis plusieurs jours, et enfin un hospitalier de l’albergue de peregrinos San Javier près de la cathédrale d’Astorga. Un homme quelque peu ronchon - plus peut-être même lors de la réception des arrivants ; il est vrai que nous étions plusieurs à être entrés dans cet établissement avant l’heure d’ouverture de ce gîte, mais la porte était ouverte, et donne accès à une petite salle d’attente. Avons-nous quelque peu dérangé cet homme ?

C’est un grand gîte, d’un certain âge (ce bâtiment, ou du moins une partie, devait loger des religieux à une époque), et surtout mieux équipé que d’autres bien plus récents en sanitaires, douches et lavabos, en nombre mais aussi en qualité, est situé au centre-ville, et donc à portée de tout ce dont les pèlerins ont besoin.

Dans la ville d'Astorga: 


Nous avons fini par sympathiser en quelque sorte après quelques échanges et surtout avoir présenté nos parcours respectifs sur le chemin de Compostelle. Et c’est tout gentiment qu’il m’a dit : Aimé, prends ton temps. Il ne faut pas être pressé ; soit patient, compréhensif ! Mais en moi-même, je veux bien être patient, et compréhensif, mais à la condition d’être respecté ; et l’hospitalier grognon ne nous a pas respectés au départ (moi, le couple de vietnamiens et 2 autres).

Astorga est un bon point d’étape, un excellent  centre-ville avec tout ce qui faut pour se ravitailler, s’occuper et se préparer pour l’étape du lendemain.


  

mardi 22 novembre 2022


 

Hospital de Orbigo

Au sortir de l’albergue de La Virgen, je n’avais pas vraiment arrêté le but de l’étape du jour. Ce qui était sûr, c’est que cette fois-ci je ne passerai pas par Santibanez de Valdéiglesias, question de varier un peu, quand c’est possible, l’itinéraire de 2 011 et de 2 014. Je me disais alors que tout dépendra de l’enchainement de plusieurs étapes qui suivent habituellement.

Dès le départ, au sortir de cette ville, comme je m’y attendais d’ailleurs, j’ai eu quelques doutes quant au balisage – le positif, c’était la rencontre avec un couple de Vietnamiens peu après le départ, et se trouvaient devant les mêmes interrogations. Finalement, tout s’est bien passé ; ensemble nous avons fini par retrouver un balisage correct et stable, mais je ne suis pas resté dans le rythme de ces deux-là. Et c’est tout seul que je me suis retrouvé plus tard à l’approche d’Hospital de Orbigo après une belle ligne droite en légère descente.

Photo: toute la nature salue les pèlerins sur le chemin.

Un beau spectacle que cette zone qui semble être en construction permanente, question d’utiliser au mieux le paysage avec l’impression que toutes les eaux de la région finissent par là. Et j’ai eu raison, parce que j’avais de quoi m’occuper pendant la journée en attendant le dîner : prendre des photos du coin, aller à la poste pour expédier des courriers, renouveler des petits médicaments pour les pieds… et principalement aussi coller au mieux à un cadre plus qu’agréable.

J’ai choisi l’albergue qui est sur la gauche de la rue principale, presque au bout du village. Et un lit pratiquement à l’entrée du dortoir qui se trouve à l’étage du bâtiment, parce qu’il y a pas mal d’espace libre aux alentours de ce lit, qu’il serait plus facile de gérer un éventuel ronfleur, et plus simple d’aller aux toilettes qui se trouvent aussi à ce niveau mais complètement à l’extérieur du dortoir.

Photo: le coup d'œil à l'approche du village.


J’y ai passé une belle nuit, après un excellent repas pris dans un restaurant où les pèlerins étaient plus que nombreux – j’ai dû réserver dans l’après-midi. J’y ai pris un excellent repas, à une table avec d’autres pèlerins bien enclins à faire partager leurs impressions d’étape, ce qui est toujours une bonne chose pour passer ensuite une bonne nuit.

Mais il y a eu un petit incident au moment où je suis arrivé pratiquement à l’entrée de mon albergue, pressé que je suis à me mettre rapidement au lit. Et il y a quelque fois un petit événement qui vient rabaisser quelque peu des bons moments… Mais je sais aussi que le pèlerin sait y faire face puisqu’il est toujours porté par la réussite de son entreprise, quelles que soient les circonstances.

En arrivant presque à l’entrée de mon albergue, alors qu’il faisait plus ou moins noir malgré un certain éclairage de cette rue principale, je passe non loin d’une femme qui balayait le trottoir devant chez elle, du même côté de mon albergue, en voisinage immédiat et qui laissait éclater une certaine colère. J’entendais alors derrière moi des éclats d’une voix forte et courroucée comme si elle engueulait de toutes ses forces une autre personne, alors que nous étions que deux seuls dans cette rue – et elle désignait un mouchoir en papier au sol qu’elle s’apprêtait à ramasser. Je me suis presque arrêté pour essayer de comprendre la situation. Et elle continuait à désigner de son balai ce papier sur le sol mais sans vraiment m’impliquer directement – et j’ai fini par comprendre que j’étais concerné par cette affaire : pour elle, j’avais jeté ce papier alors qu’elle venait de balayer cet espace. Je ne savais pas quoi faire, et ce d’autant qu’en arrivant sur ce lieu je n’avais pas fouillé dans mes poches et ainsi laissé tomber par mégarde le papier en question. Et j’ai entendu ensuite un homme, que je n’avais pas alors repéré sur le trottoir d’en face et qui semblait répliquer à cette dame – pour lui, elle dépassait les bornes. Je traduisais en me basant uniquement sur le ton, puisque je n’ai aucune pratique de l’espagnol. C’est que je ne parle pas du tout cette langue ! Mais à aucun moment la dame en question n’est venue un peu plus vers moi pour signifier clairement que je devais ramasser ce papier. J’étais dans l’indécision la plus totale. Et elle continuait son discours ; et l’autre personne, en opposition, maintenait aussi ses répliques. Le mieux était de ne pas entrer dans cette affaire… tout en reconnaissant en moi-même qu’il est fort possible qu’une certaine circulation à l’entrée de cette albergue pouvait « produire » quelques déchets près de la maison de cette dame… Il n’y avait aucun administratif à la réception de l’albergue, je suis rentré « chez moi », tout en pensant que vraisemblablement cette dame n’avait peut-être pas totalement tort : la circulation des pèlerins qui arrivent et qui partent de cette albergue peut entrainer occasionnellement une petite pollution. J’ai pensé un moment discuter avec un responsable du gîte… mais il n’y avait personne dans l’espace d’accueil à cette heure - idem le lendemain de bon matin à mon départ. Comme d’autres l’ont peut-être fait avant moi ! Il y a des petits problèmes courants qui ne se règlent pas facilement… et qui pourtant pèsent sur le bon déroulement de la vie de tous les jours.

 

 

vendredi 18 novembre 2022

 

Étape 19 : Dimanche 20 mai 18 : La Virgen del Camino (date de l’étape) – publication de l’article, le

    1. Photo: belle place à la Virgen del Camino.

    • Une étape qui passe par la traversée de la ville de León et un passage incontournable sur la place de la cathédrale. Et quelle animation sur ce site en ce dimanche ! Il y a un peu de toutes les nationalités. La Virgen est en quelque sorte dans le prolongement assez long de León et il faut encore « ramer » pour y arriver – toutes les petites côtes marquent en fin d’étape
Photo: Étape 19 : non loin de la cathédrale de Léon.



León et un passage incontournable sur la place de la cathédrale. Et quelle animation sur ce site en ce dimanche ! Il y a un peu de toutes les nationalités. La Virgen est en quelque sorte dans le prolongement assez long de León et il faut encore « ramer » pour y arriver – toutes les petites côtes marquent en fin d’étape. Voir photo, sur cette place de León, en 2011, je marchais alors avec deux autres pèlerins, où Babou était en admiration devant… :

Avant d’arriver à cette place, et après une belle descente dans des bois, la traversée de la ville est interminable, et je l’ai faite dans la première partie en contrôlant une certaine envie – la règle, que j’ai apprise aussi en 2 011, est qu’il faut tenir compte de ses besoins naturels avant toute grande agglomération. Pourtant, dans la descente boisée qui mène à Léon, j’avais obéi à cette règle, sentant alors une toute petite envie. Mais je n’aurai jamais pensé que peu de temps après ce serait une grosse qui se ferait sentir. Et j’ai dû serrer tous les freins de la nature. J’ai finalement trouvé un bar, spécial petit déjeuner, et tout s’est très bien passé, y compris pour un bon petit déjeuner, qui s’est révélé utile pour le reste de l’étape, car il y a encore pas mal de chemin avant la Virgen, même si le plus gros parcours de cette finale d’étape se fait en zone urbanisée. La ville est en effet partout maintenant, sauf au sommet d’une petite cote qui mène à une zone industrielle en construction avant d’entrer vraiment dans la Virgen del Camino.

Photo: dans la ville de la Virgen del Camino.

Au gîte, c’est encore l’impression d’un nouveau public, pas de ceux que j’ai rencontrés jusqu’ici – que j’ai eue, un peu comme si la plupart, étaient des pèlerins qui se font transporter – un élément me le confirme encore plus, bien que je refuse à généraliser : la quantité de pièces de linge dans les lessives faites sur place que beaucoup portent à sécher sur les fils dans la grande cour de ce gîte – tout en me disant que toutes les formes de pèlerinage sont respectables. Et de toutes jeunes filles, propres, maquillées, ce qui est une bonne chose, bien entendu ; et quelques hommes qui se rasent avec précision, qui mettent des produits sur le visage comme s’ils allaient à une réception – il y en avait de ce type à Mansilla. Mais tout est respectable, chacun fait le chemin à sa façon – quel que soit le choix, il pourra toujours tirer de bonnes leçons de son expérience – et c’est là l’essentiel !

Au fil des étapes les méthodes s’affinent pour ranger efficacement les affaires, marche, gîte, réserve, etc. Équipement de nuit : lampe, effets de toilette et serviette. Et garder un ordre de rangement des affaires dans le sac – c’est qu’il y a à gagner en temps dans l’organisation de sa marche, tout en se demandant : à quoi cela sert-il ? Faire preuve d’intelligence pour faire face aux situations, et améliorer les méthodes sur tous les plans. Le but étant tout simplement de mieux vivre quels que soient les circonstances. La maitrise de l’espace-temps en quelque sorte. Cette maitrise passe donc aussi par l’organisation du sac dans le vécu sur le chemin. Surtout pour ceux qui viennent de loin, et qui comptent aussi visiter après la marche des membres de leurs familles établis en France métropolitaine depuis des années.

Dans ce gite, il y a tout ce qu’il faut pour se préparer un dîner acceptable, mais j’ai préféré aller dans un quartier voisin du gîte où il y a de bons petits restaurants. Même si au retour j’avais à passer dans une zone, pourtant en pleine ville, mais où il n’y a pas d’éclairage public… ce qui fait que s’installait parfois en moi une sorte de crainte de rencontrer de mauvais citoyens.

À mon retour du restaurant, en entrant dans le dortoir, j’ai entrevu une pèlerine qui s’installait à côté de mon lit et qui surtout s’attelait à construire autour de sa couche une « protection » avec des draps et un éclairage particulier de son espace. J’avais choisi comme d’habitude un lit relativement près de la porte d’entrée. J’en ai bien ri, mais en moi-même, sur tous les chemins que j’ai faits depuis 2 011, et quels que soient les types d’albergues, je n’ai jamais vu cela. Je me suis rapidement installé dans ma couche, mais en jetant un petit regard discret dans l’espace d’à-côté… je n’ai même pas aperçu son visage. Ah si seulement j’avais une gentille petite souris dans mon sac. À mon réveil le lendemain, ma voisine dormait profondément… et je n’ai pas cherché à savoir si elle avait encore auprès d’elle un pèlerin protecteur…Ah, si l’on peut se payer tous les plaisirs du monde sur un chemin de Compostelle… Et pourquoi pas ? Mais à condition quand même de ne pas négliger l’essentiel : apprendre à se redécouvrir, à mieux comprendre les autres et à donner du sens à la vie que l’on mène d’ordinaire

À la Virgen, l’albergue a une belle salle de détente ; on y passe un bon moment à l’arrivée, et à la préparation avant le départ le lendemain.



jeudi 10 novembre 2022

 

Étape 18 : samedi 12 novembre 2 022 : Mansilla de las Mulas (date de la publication)

Photo : dans la cour de l’albergue, les pèlerins s’activent à de petits travaux indispensables à l’arrivée de chaque étape (lavage de vêtements entre autres).

 À l’albergue de Calzadilla de los Hermanillos, on m’a dit que cette variante que j’ai découverte par hasard existe depuis toujours. Mais il y avait un petit doute en moi. Il est vrai cependant que la modification de mon parcours qui s’est faite au pont de Cazaldo del Coto était bien claire. Rien n’empêche les rêveurs en marche de se tromper. Mais tout reste positif sur les chemins de Compostelle. Et ce d’autant plus que cette fois-ci j’en ai tiré un certain bénéficié de cette variante, parce que mon étape s’est trouvée un peu plus courte, et que j’ai eu aussi l’occasion de me replonger concrètement dans l’Histoire de cette région.

Photo : très belle place dans cette petite ville en pleine campagne.

J’ai donc découvert la Cazalda romaine, de longues pistes utilisées autrefois par les cavaliers romains, aujourd’hui parfois gravillonnées, qui m’ont rapproché de Religios où j’ai retrouvé mon chemin habituel, tout en essayent de voir dans ma tête les chars des soldats romains qui l’utilisaient dans l’Antiquité quand Rome dominait une bonne partie de l’Europe.Et aujourd’hui rien que de beaux paysages de plaines parfaitement cultivées qui invitent vraiment à la marche pour peu que l’on essaye d’imaginer aussi les chars des Romains qui déboulaient dans cette zone. Et j’étais encore plus content quand j’ai rattrapé ensuite la classique belle petite route toute droite à l’ombre des arbres qui m’a conduit, en avance cette fois, à Mansilla de las Mulas.

Photo: l'église de Mansilla de las Mulas





samedi 5 novembre 2022

 

Étape 17 : dans la vie, rien n’est figé… Compostelle le montre


 Jusqu’à Sahagún, c’était du connu, à quelques petits contournements près où je ne me suis pas immédiatement retrouvé, mais globalement c’était dans le classique de 2 011 et 2 014.


J’ai suivi le balisage qui conduit à Bercianos. Mais j’ai senti dans la dernière partie que le chemin était bien long, et surtout qu’il me baladait dans des paysages de grande beauté (voir cette immense étendue verte de blé), un peu comme s’il me faisait visiter une belle et nouvelle campagne, et aussi à travers des bois de différentes couleurs.

Et je marchais tout en rêvant, en essayant de me détacher de tout le réel qui m’entourait… et arrivant à un pont avec une belle flèche qui m’invitait à monter sur cet édifice, j’y suis allé tout en pensant qu’il pouvait y avoir une petite modification en ce lieu… Retrouvant le balisage au-dessus, je me replongeais dans mes rêveries. En me disant que je ne devrais pas tarder à me retrouver dans ce petit plongeon juste avant de remonter vers mon albergue habituelle dans cette étape. Mais une réalité était toujours là : je passais d’un bois à un autre… le balisage étant toujours présent, mais je ne m’en inquiétais pas. D’autant que je n’ai pas tardé à me retrouver sur les pas d’une pèlerine. Je me suis finalement décidé à la doubler… pour la rassurer peut-être ! Je la sentais un peu anxieuse : c’est que nous étions les deux seuls marcheurs à travers ces beaux paysages. Je ne l’ai plus revue les jours suivants.

Et je trouvais que Bercianos n’arrivait toujours pas. À un moment j’ai vu le clocher d’une église au-dessus d’un village, je me suis dit alors que cette année l’arrivée à Bercianos ne se faisait peut-être pas par le chemin habituel. Mais en entrant dans ce village une belle pancarte me fit comprendre que je n’étais pas du tout à Bercianos, mais à Calzadilla.


Passant devant un petit hôtel, je fus interpellé par un homme qui m’a semblé être un responsable de cet établissement, et qui me demanda jusqu’où j’allais. Quand je lui ai dit Bercianos, il se mit à rigoler, et m’a dit : mais c’est de l’autre côté, vous allez mettre pas mal de temps pour y aller… et faire du chemin en plus. Et il m’invita dans l’albergue à voir une carte affichée au mur. Et c’est ainsi que j’ai compris que je suis passé par le pont échangeur à Cazalda del Coto pour prendre la variante qui va à Cazaldilla – et comme il y avait encore des places dans cette albergue j’ai terminé mon étape dans cette petite agglomération – et ce n’est que le lendemain que je me suis retrouvé sur le chemin « classique », avant l’arrivée à Mansilla, une étape me semble-t-il plus courte qu’en partant de Bercianos. Perdre d’un côté, et se rattraper de l’autre ! Compostelle, c’est bien la vie en général !

Mais le chemin rassure vite…

 

 

jeudi 3 novembre 2022

Étape 16 : jeudi 17 mai 2 018 : Ledigos


À Ledigos, ce fut aussi le traditionnel gite (2 011 ; 2 014) ; j’étais parmi les premiers arrivants à mon « vieux gîte » qui présente l’avantage d’être bien équipé, avec dans ses murs la possibilité de bien boire et de bien manger (voir photo). Un bon point d’appui, et ce d’autant qu’il n’y a pas grand-chose à visiter, à découvrir, dans le coin.

Sur la fin du parcours, je me suis laissé aller à un peu de compétition parce que je voyais de nombreux marcheurs qui arrivaient en belle forme alors que je ne les avais pas aperçus tout au long de l’étape. Tout dépend du découpage de chacun.



Une nouveauté cependant, et c’est ce qui m’a quelque peu surpris : on n’entre pas dans ce village de la façon que j’ai connue, en 2 014 et en 2 018 : j’avais d’ailleurs en fin de parcours compris que l’approche était cette fois bien différente et un peu plus longue. On entre vraiment dans le petit village par le haut, du côté de l’église. Je suis passé devant un nouvel albergue avec une grande terrasse au bar où plein de marcheurs se faisaient plaisir après qu’ils eurent à développer longuement des capacités personnelles sur le terrain. D’ailleurs, cette arrivée était une découverte pour moi, dans une vraie descente après un long cheminement sur un plat plus ou moins bosselé qui n’en finissait plus et sous un soleil qui pesait.

Espace, perception de l’infini – et le temps ne peut rien à l’affaire. Quand un petit village apparaît, c’est pour se rendre compte que l’on n’est pas au bout de ses efforts. Dans cette étape, je me suis même arrêté à un petit bar qui proposait entre autres des fruits et divers jus, mais comme il y avait pas mal de marcheurs dans l’attente de se faire servir, je suis reparti sans rien prendre. Et toujours une affluence de Nordiques, surtout d’Anglais et d’Allemands, et aussi quelques Espagnols. En majorité des jeunes ! Et beaucoup de fraiches jeunes filles !


Mais Compostelle rappelle aussi que tout change relativement vite dans la vie. Le restaurant de mon albergue habituel était à moitié vide en fin de journée, alors que lors de mes deux précédents passages, il fallait être vigilant pour se faire accepter au premier service.

Voir ci-dessous le nouvel albergue, à la nouvelle entrée dans ce petit village – on y arrive maintenant par l’église située en haut du village. Mais en pleine fréquentation au mois d’août, il doit y avoir suffisamment de clients pour les deux établissements.

En reconnaissance en fin de journée, j’ai découvert qu’il y avait un autre établissement neuf à la sortie habituelle de cette bourgade, avec sans doute des chambres, mais surtout un bar restaurant moderne – j’en ai d'ailleurs profité le lendemain pour prendre un bon petit déjeuner, celui de mon gîte ne s’ouvrait que bien plus tard – je pars toujours un peu avant 7 heures. 

Dans mon dortoir habituel, il y avait un ronfleur mais il ne m’a pas vraiment gêné – et j’avais aussi bien fait dès le début de mon installation en évitant de me placer en face de la porte d’entrée, car des pèlerins se lèvent la nuit pour aller aux toilettes, qui sont à l’extérieur dans un autre petit bâtiment, et oublient de bien fermer la porte au retour, laissant ainsi un petit courant d’air frais venir caresser les autres dormeurs avec un risque de refroidissement.

En général, je mets un certain temps à choisir mon lit – quand c’est possible, compte tenu de l’affluence et du moment de l’arrivée en fin d’étape. C’est ainsi que je me suis retrouvé non loin d’une Allemande – les femmes, en général, ronflent moins que les hommes - elle maitrisait bien le Français, et nous avons pu discuter d’un peu de tout. Elle a tenu à me faire comprendre qu’elle prenait tout son temps sur le chemin et qu’en aucun cas elle n’entendait se placer dans une sorte de compétition sur un Chemin de Compostelle.

J’ai passé une bonne nuit ; et une belle étape m’attendait, celle de Bercianos del Real Camino où il y a un bel accueil dans un grand établissement, que j’ai bien apprécié en 2 011 et 2 014. Et je me disais que refaire un chemin de Compostelle, c’est se donner les moyens et le temps de découvrir et d’apprécier tout ce que l’on a quelque peu survolé la première fois. 

samedi 29 octobre 2022

 

ARCC réunion du 29/10/22


Samedi 29/10/22 : réunion de l’ARCC (association des Amis Réunionnais des Chemins de Compostelle) dans la salle paroissiale de l’église de Saint-Gilles-les-Bains (Réunion)
 : Photo1 : de droite à gauche : les deux responsables qui pilotent la réunion, Dominique Masson et Jacques Viot – où ceux qui sont allés sur un chemin de Compostelle viennent présenter leurs expériences.

Photo2 Ceux qui sont allés sur les chemins de Compostelle viennent donner avec à plaisir leurs ressentis ; et dans la salle l’écoute reste à son meilleur niveau – et c’est sûr que dans pas mal de têtes une première approche d’un futur départ pour les chemins commence à se mettre en place.


Photo3 : cette année, le public a eu droit à pas mal de ressentis de jeunes qui ont fait des chemins et qui n’hésitent pas à faire part de leurs idées pour l’avenir.








Photo4 : il n’y a pas de rencontres de Compostelle sans de larges échanges à table. Marcher, échanger, bien se nourrir, construire l’avenir…tout en confortant son équilibre personnel, voilà l’essentiel des contenus des rencontres de Compostelle.




lundi 24 octobre 2022

 

Étape 15 : mercredi 16 mai 2 018 : Villalcázar de Sirga, 24,9 km :

Les lignes droites depuis Frómista n’en finissaient pas, après une partie qui monte régulièrement depuis le départ d’Itero de la Véga pour descendre ensuite dans une plaine, et continuer ainsi jusqu’à l’arrivée – elle aussi modifiée, et aujourd’hui au bout de la grande route. Au point que je me demandais si Villalcázar existait toujours.



J’ai été le premier à attendre l’ouverture du mon gîte habituel (voir photo) ; il s’est rempli toute l’après-midi – sans doute en récompense du Bon Dieu – en fin de journée, le seul lit inoccupé était celui au-dessus du mien près de la porte d’entrée de la chambrée, je pouvais donc l’utiliser pour étendre mes affaires. 3 passages en ce lieu et le même lit, à l’entrée de cette grande chambre qui s’est vite remplie – et pas un seul bruit pendant la nuit : le pèlerin pouvait vraiment récupérer de ses efforts de la journée.

Villalcázar Photo :  au premier plan, mon approche de Villalcázar en 2 011 :



Je me disais : il faut que j’apprenne à faire de vraies pauses en chemin. Donc, même gîte, et même restaurant que les deux fois précédentes. J’ai eu l’occasion de discuter avec des responsables de cette albergue, à qui j’avais dit que c’était mon 3e et dernier camino… mais l’un d’entre eux m’a répondu avec sérieux et assurance : tu ne peux pas savoir vraiment s’il n’y aura pas un 4e passage ici… Et aujourd’hui, il m’arrive de penser qu’en ce qui concerne mes pèlerinages tout reste ouvert… bien que je ne cesse de me répéter que s’il y en a un prochain, un nouveau, ce sera le Del Norte.

Il y a de belles visites à faire – voir photo :



Un regret, et de taille encore ! Cette fois-ci, mon passage au restaurant a été d’un calme absolu : pas le moindre bruit – il est vrai que j’y suis allé de bonne heure, et j’étais bien loin de l’ambiance de 2 011, où le restaurant était plein à craquer, et que dans le groupe où j’étais il y avait de bons animateurs.

Temps et espace : après la lente progression au départ d’Itero, ce fut un passage à un sommet et petite descente pour arriver en plaine – curieux, j’avais en mémoire une descente plus nette et plus longue – comme quoi la mémoire ne cesse de bouger ! -  … en revanche, la plaine, je l’ai ressentie cette fois bien plus longue que celle que j’avais dans mes souvenirs. Interminable ! Un petit coup de cogne au pouce gauche à un dallage… un thé au bar de la dernière fois (2 014 et 2 018), ce fut ensuite  le chemin le long du canal de Castille – et à partir de Frómista, même topo jusqu’à l’arrivée – mais j’ai vraiment trouvé que dans la dernière partie le balisage restait un peu trop collé à la grande route, et ce jusqu’à l’entrée de Villalcázar.

Photo : sur la place de l’église



Le lendemain matin, au départ de ce gîte, les deux hospitaliers avec qui j’avais discuté la veille ont tout fait pour que mon petit-déjeuner soit complet ; ils ont en effet apprécié hier que je n’ai pas repris 1 euro parce que leur système de mise en route de l’eau chaude ne marchait pas – j’étais le premier à y aller – et j’ai remis la pièce dans la boite de donativo ; et ils ont aussi vu que pour le gite j’avais donné un billet de 10 €. Alors je leur ai dit que j’en étais à mon 3e passage dans ce gite (2 011, 2 014 et 2 018), le plus jeune m’a assuré que c’était en aucune façon « l’ultimat », selon sa propre expression. Je leur ai dit en effet que personne ne peut vraiment l’affirmer bien qu’au fond de moi-même, dans mon esprit, cette forme de pèlerinage à pied c’était vraiment la toute dernière sur ce type de chemin. Mais aujourd’hui, le temps ayant fait son oeuvre, je me reverrais bien passer sur ces terres, dans ces mêmes paysages. Mais Dieu seul le sait vraiment…