Publication
du samedi 20 juillet 2 019
Samedi
16 mai 2 015
Un
Vézelay qui se refusait à moi ?
Photo : une rue de la petite
ville
Un peu plus d’un mois avant le
départ sur cette voie, en avril 2 015, j’avais surmonté une douleur
musculaire sur le haut de la cuisse droite, et j’ai pris l’avion pour la
France. J’avais rendez-vous à Paris avec Daniel Dumont, un des créateurs de
l’ARCC (association des Amis Réunionnais des Chemins de Compostelle) avec qui
je devais faire une première partie de cette voie. Le fait de voyager toute une
nuit dans l’avion du Réunion-Paris a réactivé cette douleur si bien, alors que
je n’avais pas encore vu Daniel à Paris, dans l’après-midi de l’arrivée, j’ai
cru bon d’essayer avec mon sac-à-dos de faire le tour du quartier où j’avais
retenu une chambre d’hôtel pour me tester. Résultat : il me fallait
annuler le départ pour le lendemain – et j’ai bien fait puisque le soir même j’avais
des difficultés à entrer dans la baignoire pour me doucher. J’ai dû annoncer à
Daniel que j’étais vraiment désolé de ne pas l’accompagner le lendemain, et que
j’avais décidé de renter à la Réunion au plus vite. Le Vézelay se refusait à
moi !
À la Réunion, pendant un peu plus
d’un mois je me suis soigné et j’ai repris mes marches habituelles dans les
hauts de mon village de Bois-de-Nèfles Saint-Paul. Et ensuite je suis reparti à
Paris… je ne pouvais accepter cette sorte de fatalité.
Mais j’ai dû faire face encore à des
difficultés vraiment imprévisibles, incompréhensibles…Ce Vézelay continuait de
se refuser à moi ! En effet, tout a commencé à l’aéroport d’Orly où j’ai
dû faire une queue interminable pour le passage à la police, les passagers de
plusieurs vols dont un venait d’Afrique ont été rassemblés pour les formalités
de contrôle. Mais j’étais décontracté, je savais que Laurent, mon neveu, qui
vit à Paris, était à ma disposition pour me conduire en voiture au départ de ma
marche, ce qui simplifiait grandement la journée, car autrement il aurait fallu
passer de bus en bus pour rejoindre en fin de journée mon départ. J’étais
heureux !
Arrivé sur place en fin de matinée,
nous avions laissé la voiture au parking en bas du village – les voitures des visiteurs
ne montent pas dans cette petite ville – et j’ai demandé à mon neveu de
m’accompagner pour aller régler si possible la question du gîte au « Centre
Sainte Marie-Madeleine »
,
une occasion aussi pour lui de faire connaissance avec ce lieu tant visité.
Nous y avons été bien accueillis étant bien entendu que les formalités seront
accomplies dans l’après-midi. Nous sommes redescendus au parking, mon intention
était de libérer mon chauffeur, son travail étant terminé.
L'entrée du Centre Sainte Marie Madeleine |
Il ne me restait plus, arrivé à la
voiture, qu’à prendre ma valise, à composer mon sac-à-dos pour la marche, et à
renvoyer les autres affaires disons « civiles » chez ma nièce qui
habite aussi dans la région parisienne. Mais surprise en ouvrant ladite
valise : son contenu n’avait absolument rien à voir avec mes propres
affaires. Je me suis tout simplement trompé de valise en voulant faire vite au
tapis roulant de l’aéroport – à tous les coups, c’était celle d’un voyageur qui
venait d’Afrique.
Nous sommes restés tous les deux
pendant de longues minutes sans dire un mot. J’étais vraiment abasourdi, et
Laurent aussi ! Mais je me suis dit qu’il fallait quand même faire le
match jusqu’au bout… même si c’est pour être définitivement écarté de mon
projet in fine ! Et mon chauffeur m’a dit : on retourne à l’aéroport…
beaucoup de kilomètres nous attendent !
À Orly, nous sommes allés
directement au bureau où se trouvent les objets non récupérés… En entrant dans
la salle, avant que je ne m’explique avec l’employé qui réglait une question
avec une voyageuse, j’avais déjà repéré ma vraie valise… en me disant quand
même : voilà une qui ressemble bien à la mienne ! Et c’était le
cas ! le vent avait tourné… je me suis expliqué avec le responsable de ce
service, en le priant de présenter mes excuses au vrai propriétaire du bagage
que je rapportais. Le Bon Dieu avait sans doute fini de me tester. Le retour à
Vézelay fut des plus joyeux.
Arrivés au parking, sans me
préoccuper des touristes qui y circulaient, je me suis déshabillé, pour enfler
ma tenue de marche ; j’ai composé mon sac-à-dos, et j’ai libéré Laurent…en
me disant : j’espère que j’ai encore une place au gîte des
religieux !
Inutile de dire que sac au dos, j’ai
dû faire un petit record dans l’ascension de cette butte sur laquelle se trouve
cette petite ville ; en pénétrant dans le bureau d’accueil, le responsable
qui m’avait accueilli le matin leva les bras au ciel : mais nous nous
demandions où vous étiez passé… J’ai à peine commencé à lui raconter mon
histoire qu’il m’arrêta : réglons les formalités et je vous conduis
ensuite au dortoir pour que vous puissiez prendre possession de votre lit.
Et en moi-même je me suis dit :
j’ai gagné le match… pour aussitôt atténuer ce jugement : Merci Seigneur
de m’avoir aidé !
En fin de journée, j’ai fait un tour
sur la place de la cathédrale
,
La place de la cathédrale de Vézelay |
et ensuite une petite
reconnaissance du chemin au départ de ce Vézelay, au bas de la ville – il ne fallait surtout pas rater de prendre le lendemain l’option
voie de Bourges.
Le départ par la voie de Bourges |