vendredi 22 novembre 2019


Étape 20 : Thiviers, 18,5 km.

Photo : Jean-François, Guy et moi, devant notre bungalow, au camping « Le Repaire », à Thiviers.




Résumé de l'étape :

            Dans cette 20e étape, je suis dans le dernier gros tiers de la voie de Vézelay, dans la région du Périgord vert, une région qui porte bien son nom, le pèlerin le vérifie tout au long du chemin.

            Je revois à peu près les mêmes en fin d'étape, dans les hébergements. Les paysages sont magnifiques, surtout par beau temps, et je me suis retrouvé dans un 2e camping : une belle structure, de qualité supérieure par rapport à celle de Flavignac.

            Le rythme est maintenant bien installé, et je peaufine la préparation de mes étapes, surtout les hébergements et la question de la nourriture. Mais il y a toujours quelque chose à apprendre des autres sur le chemin.

Le déroulement de l'étape :

            Au gîte de La Coquille, je me suis réveillé bien plus tôt que les autres ; comme dans la plupart des hébergements, tout le nécessaire pour le petit déjeuner avait été mis sur la table. Quand je suis parti, à 7H10, les autres commençaient à peine à se remuer dans le dortoir.

            À la sortie de la petite agglomération, après le carrefour, je n'ai pas tardé à me retrouver dans les bois. Assez rapidement, j'ai repéré deux pèlerins qui avançaient devant moi : Simone et Xavier ont été encore plus matinaux. Et nous avions fait ensemble toute cette petite étape (voir photo). C'était la première fois sur ce chemin de Vézelay, à part Françoise pour 2 jours, que je faisais une étape presque complète avec d'autres marcheurs. Le temps était extraordinaire, et il y avait de beaux passages dans les bois et dans les champs, et les petites pauses étaient vraiment appréciées (voir photo).

            Ce fut ensuite La D 67 puis la route de La Bussière, et le plus souvent par des chemins de terre entre les champs. Après plusieurs carrefours, nous avons coupé la D 72, et nous avons rejoint un peu plus loin une route goudronnée, presque rectiligne, en direction de Thiviers.

Par une nouvelle départementale, nous sommes arrivés à un grand rond-point à l'entrée de la ville, je ne m'étais même pas rendu compte que nous étions sur une hauteur – c'est vrai que Thiviers était une ville fortifiée.

            Le nom de Thiviers aurait été attribué par les Gaulois – quoiqu'il faille prendre en compte des tribus de Gaulois, car historiquement il n'y a pas de peuple gaulois en tant que tel ; ce poste défensif a été occupé ensuite par les Romains, et plus tard ce fut la période de la domination des Francs.

            Nous n'avions pas parlé d'hébergement au cours de l'étape, et c'est à ce carrefour où une pancarte indique la direction à prendre pour aller au camping que j'ai découvert que Simone et Xavier avaient réservé un hébergement en pleine ville. Nous nous sommes dit au revoir, et j'ai pris la route à gauche alors que mes amis prenaient à droite la direction de la ville. Ce n'est que le lendemain, à l'arrivée de l'étape suivante, à Sorges, que nous nous sommes revus. Sans qu’il y ait eu une quelconque mise au point entre nous.

De petites découvertes dans la nature :

            Nous descendions sur une petite route départementale bordée dans le fossé de toutes petites fleurs qui arrivent à peine à se frayer un passage dans les herbes quand Simone me fit un petit cours de botanique – et pourtant, il me semble que Xavier m'avait dit qu'elle a enseigné l'histoire et la géographie durant toute sa carrière. Au premier coup d'oeil, je voyais partout un même type de fleur, mais elle me précisa les différences à partir des feuilles et des nuances de couleur des pétales, et en y associant des noms. C'était très intéressant ! Dans ces marches, l'idéal serait d'avoir à sa disposition au moins deux catégories de spécialistes pour mieux saisir la nature traversée : un botaniste, mais aussi un géologue. Après leurs explications, le regard sur le paysage change forcément – je n'arrive toujours pas à reconnaître bon nombre d'arbres dans les forêts traversées. De plus, et pourquoi s'en priver, si je pouvais avoir sous la main un historien, ce serait encore mieux – je me rappelle avoir vécu avec bonheur la présentation de ville d'Auch, sur la voie d'Arles, en 2 013, où un ami d'un compagnon de marche nous a fait part de ses connaissances avec talent. Le chemin fait prendre conscience aux pèlerins de la part d'ignorance qu'il y a en chacun d'eux, et leur administre parfois une petite leçon de modestie.

            Un peu plus loin sur cette même départementale, Xavier a attiré mon attention sur l'alouette dans un champ que nous tangentions ; et, ce jour-là, je n'ai pas réussi à fixer complètement les caractéristiques du vol de cet oiseau, parce que j'ai voulu filmer la parade amoureuse du mâle, et le temps de sortir l'appareil et de faire une mise au point avec zoom, l'oiseau avait exécuté ses différentes manoeuvres. J'ai carrément raté la prise de vues des différentes phases de la démonstration : l'arrêt en vol, la descente en spirale, les différents glissés et la dernière partie où l'oiseau se laisse tomber comme une pierre, le tout pour séduire sa belle au sol – je n'ai eu qu'une maigre image de cet oiseau dans un ciel bleu. Autrement, ç'aurait été un document extraordinaire ! C'est un 2e raté concernant l'alouette sur le chemin de Compostelle : dans l'Aubrac, sur la voie du Puy, en 2 011, c'est le brouillard qui montait vite d'une petite vallée qui m'a empêché de rapporter des photos intéressantes de cet oiseau. Peut-être que je devrais penser à apporter un système de miroirs pour les attirer lors d'un prochain chemin, à la même période...

À la recherche du camping :

            J'ai donc pris cette route qui bifurquait à l’entrée de la ville d’arrivée, et au bout d'un certain temps ne voyant pas d'indications annonçant le camping, je me suis même demandé s'il ne fallait pas rebrousser chemin. Je suis rentré dans un garage dont la porte était grandement ouverte. J'ai vu un homme qui dans un bureau était en train de manger. Il m'a donné l'essentiel : Continuer sur cette route et au bout de 100 m prendre une voie sur la droite qui descend dans une petite vallée ; elle passe auprès de terrains de tennis, le camping est encore plus bas, dans un parc boisé.

            Cette descente m'a quand même paru assez longue, au point qu'à un moment, je me demandais si je ne m'étais pas trompé car au-delà des courts de tennis, il y a plusieurs directions possibles. Et, de plus, il me semblait que j'arrivais dans une espèce de cul-de-sac, si ce n'est qu'un petit sentier qui part sur la gauche tout à fait au fond. Mais j'ai fini par trouver une voie goudronnée qui m'a amené un peu plus loin à un camping que j’ai deviné par la présence d’un car sur une aire de stationnement dans les bois.

            Au fur et à mesure que j'avançais, j'entrais dans une zone parfaitement aménagée et après les premiers bungalows sur la pente, je suis arrivé à un bâtiment où se trouve un grand bar-restaurant, et tout à côté un bureau d'accueil. Mon étape était terminée. Et c’est toujours un petit moment de bonheur !

De bons moments de détente dans ce camping :

            Aujourd'hui encore j'étais le premier sur place – je me suis fait enregistrer, et la responsable m'a remis la clé d'un petit bungalow tout près du bâtiment central, j'ai payé 15 €, et elle a tamponné ma credencial. Je me suis retrouvé dans un dortoir à côté d'une petite pièce salle à manger équipée d'une table et de quatre chaises, d'un petit frigo et d'un micro-ondes (voir photo).

Ce camping est un beau complexe, dans un cadre bien aménagé : des bungalows de différentes grandeurs, des aires de stationnement pour les camping-cars, une piscine, un lac pour passer le temps à la pêche (voir photo), un bar-restaurant avec télévision et un bon wi-fi, des tables et des bancs à l'extérieur pour manger sous les arbres
, des sanitaires irréprochables, et suffisamment de bacs de lavage avec aussi de l'eau chaude, et le tout disséminé dans un cadre naturel bien entretenu.

Les suivants ont été Jean-François, puis Guy, les deux ont été placés dans « mon » bungalow : en 2X2 lits, j'avais pris un lit du bas (voir photo) et les deux autres les deux lits superposés d'en face. Un peu plus tard, le groupe d'Alain a fait son apparition, installé dans un bungalow un peu plus haut, dans la pente de la colline d’à côté. Ole qui avait vu la semelle d'une chaussure se décoller presque complètement était en ville pour dénicher un cordonnier ; il n'est apparu qu'après 18 H, avec la satisfaction d'avoir réussi à la faire réparer – c'était un coup de chance, dans d'autres petites bourgades, il n'aurait rien trouvé et aurait été obligé de faire au moins une étape en sandales.

            J'ai choisi de ne pas aller en ville après mon installation – comme les conditions dans ce camping sont très bonnes, et qu'il a la possibilité de manger sur place un plat chaud, j'ai choisi d'utiliser mon temps à un grand lavage, étant donné qu'il a suffisamment de cordes et de pinces à linge à la disposition des clients. C'est ainsi que j'ai lavé d'un coup sous-vêtement, pantacourt, t-shirt et polaire, le tout étant à retourner les différentes pièces de temps à autre sur la corde pour que le soleil puisse les faire sécher complètement avant la nuit.

Un premier pas d'intégration dans le groupe d'Alain :

            Dans l'après-midi, assis à une table sous les arbres près du restaurant et, tout en prenant un pot, nous étions tous à la préparation de la suite du chemin, plus précisément le groupe d'Alain d'un côté et moi de l'autre. Jusqu'à ce jour, pour ce qui est des réservations, je me contentais de préparer l'étape du lendemain. À Sorges, l'étape suivante, le gîte municipal était complet ; il ne me restait plus qu'à prendre une chambre d'hôtes, et il n'y avait alors que celle de M. Valentini, un peu chère, mais avec l'avantage d'être au centre du bourg, les autres possibilités étant plus ou moins à l'extérieur.

            C'est alors qu'Alain me fit une proposition : et si l'on faisait ensemble une réservation pour le surlendemain, à Périgueux, c'est-à-dire pour nous quatre (Alain, Cor, Ole et moi), me dit-il. Si tu t'en occupes, pour moi c'est OK ! C'est ce que je lui ai répondu... et, bien entendu, en moi-même, pour peu que j'entretienne des degrés de liberté essentiels à mon équilibre et à mon bien-être dans la marche. C'était en toute logique ! Si depuis quelques jours nous nous retrouvons dans le même hébergement, autant faire une réservation groupée pour tous les intéressés. À noter que Jean-François et Guy restaient de leur côté, leur chemin ne collait pas strictement à la voie de Vézelay, et que pour eux tout pouvait varier et s'improviser. Alain réserva alors pour nous quatre à une chambre d'hôtes, à la sortie de Périgueux ; il me précisa que la dame responsable a insisté pour dire qu'elle ne serait pas présente à notre arrivée, mais que nous pourrions nous installer sans aucun problème, et qu'il fallait faire un peu attention au chien bien qu'il ne soit pas vraiment méchant. Mais ce n'était que pour le surlendemain, j'avais le temps d'avoir un peu peur du chien dans le cas où je serais le premier à débarquer dans ce gîte – je fais toujours mon étape tout seul.

            Après ce petit travail, et avant que le soleil ne disparaisse complètement, il fallait récupérer le linge lavé et séché et le ranger dans le sac. Et aussi préparer le lit et disposer les affaires pour la nuit. Devant notre bungalow, nous avons pris le petit apéritif que Jean-François avait pris soin de préparer avant de retourner plus tard manger sous les arbres près du restaurant
– la carte est assez étoffée et les prix convenables. Deux autres randonneurs sont venus à notre grande table sans qu'ils aient cru bon de nous parler de leur but – ils sont peut-être à classer dans la catégorie de Jean-François et Guy.