dimanche 16 février 2020


Étape 27 : de Saint-Ferme à La Réole : 20 km

Photo : Le pont sur la Garonne, à La Réole.

Voir la vidéo.

Résumé de l'étape :

            Les insuffisances dans le balisage ont pesé encore dans cette étape, je m'y attendais, mais je commence à avoir maintenant une petite expérience pour les gérer. Je n'ai toujours pas vu les tournes à droite ou à gauche aux couleurs européennes (voir photo, nous sommes en mai 95). Cette voie de Vézelay étant de mieux en mieux fréquentée, il y aura certainement un regain d'activité des associations jacquaires, une meilleure coordination des différentes structures concernées et donc de nouveaux moyens déployés sur le chemin.

            Le clou de cette étape est la découverte de La Réole, ce bourg fortifié autour du prieuré, sur la Garonne, au sud-est de Bordeaux, en région Aquitaine. En entrant dans cette ville, par le chemin des pèlerins, il est difficile d'imaginer que le fleuve se trouve juste derrière ces grandes bâtisses, ce qui explique la surprise au dénivelé avant le fleuve (voir photo).

            Cette étape a aussi été marquée par le passage à l'Accueil des Pèlerins à Domicile (l'APD) de Nicole et Michèle Jamain (voir photo et photo), et la redécouverte dans cette famille de l'attachement au terroir de cette Gironde. Gîte municipal, chambres et tables d'hôte, accueil dans une ferme, vraiment un ensemble d'hébergements variés et intéressants à découvrir sur cette voie de Vézelay. 

Le déroulement de l'étape :

            J'ai quitté le gîte de Saint-Ferme un peu en avance par rapport à Alain et Cor, en suivant les préconisations de Jean-Claude, le guide de l'abbaye du village, mais ils n'ont pas tardé à me rejoindre.

            Nous n'avons pas fait le détour par Montségur, la découverte de cette ancienne ville fortifiée célèbre aurait pourtant été intéressante, car, pour cette fois, le balisage était bien le chemin le plus court. Nous avons pris la D 126, pendant 1 h 30, qui nous a menés jusqu'à Couture, puis la D 668 jusqu'à Roquebrune. Ce fut Saint-Hilaire-de-la-Noaille où nous avons fait une petite pause sous un Abribus (voir photo). Nous sommes restés un bon moment, mais nous n'y avons vu ni bus ni voyageur. Cette campagne belle et silencieuse est un plaisir pour les marcheurs.

            Le chemin plus loin pénètre dans une forêt dense et humide, accrochée au flanc d'une colline, la copie conforme des difficultés rencontrées souvent sur cette voie de Vézelay : Chemin pentu, boueux, où il faut choisir sa propre ligne de marche pour éviter les grosses flaques, et quand ce n’est plus possible, et le talus de chaque côté empêchant de passer dans les bois pour contourner la zone délicate, il ne reste alors plus que la possibilité d'aller carrément dans la boue. Et à l'arrivée au sommet, c'est la satisfaction, pour chacun, d'avoir une fois de plus évalué sa condition physique.

            Ce fut ensuite une longue descente dans des champs, où il a fallu soulever des fils électrifiés posés pour retenir les animaux dans les prés, et un chemin asphalté nous a conduits directement à une maison. Au même instant, le propriétaire est arrivé et s'est excusé : je devais faire des petits travaux pour préparer le chemin, je m'y étais engagé, mais je n'ai pas pu le faire encore, a-t-il dit ; et c'est lui-même qui a soulevé une barrière en bois pour nous permettre de continuer sur ses terres. Mais je ferai bientôt le nécessaire, nous a-t-il dit encore.

            Plus bas, ce fut le début d'agglomération de La Réole, toujours en descente – en s'approchant du centre, nous sommes tombés sur un distributeur auprès d'une annexe de banque fermée à cette heure, nous en avons tous profité pour retirer de l'argent.

La ville de La Réole :

            En plein centre-ville, nous sommes arrivés sur une place où plusieurs bars restaurants étaient en pleine activité ; nous nous sommes installés à une terrasse et nous avons mangé des plats chauds, en prenant notre temps. Cela tombait bien, dans la petite rue tout à côté, où le balisage continue, une supérette reste ouverte toute la journée ; elle nous a permis de faire des achats pour l'étape du lendemain. Toujours rester dans l'anticipation.

            Puis nous avons continué dans la ville, fait un passage à un bureau de l'église pour avoir un tampon (voir photo), et nous sommes descendus – la descente est très prononcée – sur le boulevard aménagé le long de la Garonne. Alain, qui s'est occupé de la réservation, avait donné rendez-vous sur ce boulevard à la dame d'un accueil de pèlerins à domicile à Pondaurat, une petite commune limitrophe à la ville. La commune de Pondaurat se situe au sud de la Garonne, sans la border, du côté de la rive gauche.

            Nous sommes restés pendant une bonne heure à l'attendre, à prendre des photos, et, pour moi, à me promener dans les aménagements le long du fleuve. Mais cette fois-ci, après la Loire et la Dordogne, je n'ai pas eu à franchir ce fleuve (Voir photo).

            Quand la dame est arrivée, Alain et moi avons embarqué dans sa petite voiture, et nous avons laissé sur place Cor, qui avait rendez-vous en ce lieu avec sa femme, sa belle-sœur et son gendre qui de Hollande sont venus en camping-car passer 2 jours avec lui sur le chemin. Ils sont formidables ces pèlerins hollandais !

L'APD (Accueil des Pèlerins à Domicile) de Nicole et Michel Jamain, à Pondaurat :

            Nicole nous a emmenés dans sa ferme, à Pondaurat, sur une petite hauteur, par rapport au village (voir photo). Une grande demeure, avec jardin, grande cour, poulailler, chenil, volière, arbres fruitiers, vastes hangars, etc. Et des moutons et des chèvres qui gambadent dans un pré voisin. Et ce n'est pas du décorum !

            Nous avons été logés au premier étage, chacun dans une chambre ; les chambres des enfants sont libres étant donné qu'ils ont déjà quitté la maison familiale.

Michel, son mari, exploitant agricole, et grand chasseur, s'est mis à ma disposition pour présenter ses élevages, sa meute de chiens de chasse et sa collection de fusil, sa demeure, ses arbres fruitiers, ses activités, etc.

            Ce qui a marqué ce passage, c'est une sympathie naturelle déployée afin d'installer l'arrivant dans un cadre naturel et agréable à découvrir, qui suscite la curiosité, y compris de la part de quelqu'un habitué au monde rural. Je me sentais à l'aise partout. Entre autres : l'entrée se fait par la grande salle commune affectée à diverses activités ; en passant ensuite dans la cuisine et la salle à manger, le visiteur peut croiser 3 à 4 pigeons, qui marchent, et qui l'évitent, et à qui Nicole, en les appelant par leur nom, les prie de se mettre sur les côtés. Ce sont des pigeons marcheurs. À table, un chat peut venir s'installer au côté du visiteur et sommeiller un petit moment sans le déranger, sans l'importuner. Les animaux sont pleinement dans le cadre.

            Un seul petit point où j'ai dû prendre des repères, en prévision de la nuit : ma chambre étant à l'étage et les toilettes au rez-de-chaussée, pour faire le trajet, il y a à traverser la maison en empruntant de petits couloirs et en ouvrant au moins 3 portes avec le risque de se tromper et d'entrer dans des parties privées de cette grande maison.

            Après notre installation, Nicole nous a offert une bière sous un kiosque, dans le jardin derrière la maison (voir photo), d'où j'ai commencé à repérer les cerisiers avant que j'entreprenne une visite complète des lieux. Et c'est sous ce même petit kiosque que nous avons pris l'apéritif et fait un excellent dîner.

            C'était vraiment, après Mussidan et Saint-Ferme, la 3e étape des cerises (voir photo) : il faut voir comment Michel les cueille avec amour (voir photo, et photo), et ses fruits sont à la disposition de tous les voisins ; comment ses petites-filles sont déjà bien imprégnées de l'idée de la conservation de ce patrimoine, y compris dans les pratiques de bon voisinage (voir photo). Et comment il parle de ses griffons (voir photo), de ses chasses, de ses palombes (voir photo) ! À la question de savoir s'il mangeait les oiseaux de son élevage, il m'a répondu : pas ceux-là ! Il m'a fait comprendre qu'il voulait surtout montrer que ces oiseaux migrateurs pris au filet se reproduisent aussi en volière.

            Nicole et Michel sont en mouvement toute la journée : Nicole est au four et au moulin à la maison, elle est aussi engagée au niveau associatif dans son village ; Michel n'a pas dîné avec nous, car il avait une réunion avec des concitoyens du village. Ces deux-là quand ils posent la tête sur l'oreiller le soir, c'est à coup sûr pour s'endormir aussitôt, d'autant qu'ils doivent être debout très tôt le lendemain matin.