Étape
31 : de Roquefort-de-Marsan à Mont-de-Marsan : 28
km.
Photo :
J'arrive au gîte de Mont-de-Marsan.
Résumé
de l'étape :
Dans cette étape, nous étions le
plus souvent en forêt, il n'y a pas beaucoup de zone de culture. Le chemin dans
la première moitié est peu décalé par rapport à la D 932, il ne fait pas de
grands détours dans la campagne ; il s'en écarte davantage dans la 2e
moitié, mais dans l'ensemble il file pratiquement tout droit jusqu'aux environs
de Bougue. Il retrouve alors l'ancienne ligne de chemin de fer qui a été
transformée en voie verte, piste cyclable, qui emmène les marcheurs directement
à Mont-de-Marsan.
Mont-de-Marsan est la dernière très
grande ville que traverse le chemin avant Saint-Jean-Pied-Port. Mais nous
n'avons pas pu la visiter : après cette longue étape, nous avons dû attendre 18
h au gîte de l'association locale pour qu'une responsable vienne ouvrir un
autre dortoir, celui qui a été ouvert à son premier passage a été vite occupé.
Il y a eu des pèlerins dans cette étape, et si nous ne les avons pas vus
jusqu'ici, c'est vraisemblablement parce qu'ils avançaient dans un autre
découpage sur cette voie de Vézelay.
Le
déroulement de l'étape :
Au départ de Roquefort, comme hier,
une petite pluie fine nous attendait, et nous avons dû sortir le poncho. Nous
avons repris le balisage à l'église ; après la petite bosse, le chemin
descend vers le pont gothique sur La Douze.
Plus loin, nous avons retrouvé la
forêt de pins et nous sommes passés par deux petits villages, Bostens et
Gaillères, en suivant la même petite route départementale. Nous avons ensuite
quitté les bois et retrouvé des zones de culture – et encore une mauvaise
utilisation de la balise européenne : la direction indiquée par les rayons
de la coquille est en contradiction avec la partie fléchée jaune (voir photo).
À l'approche de Bougue, la pluie
avait légèrement repris et nous avons découvert sur le bord de la route, à
l’entrée du village, un ancien lavoir bien reconstitué. C'est un abri qui
tombait bien. Alain a sorti de son sac ses pâtes, et Cor et moi avions proposé
du fromage, des fruits et des petits gâteaux secs. Il y a des petits murs pour
s'asseoir, et nous avons pris notre temps pour nous sustenter convenablement,
bien des kilomètres nous attendaient encore avant de rejoindre Mont-de-Marsan.
En partant de « notre restaurant »,
la pluie s'est mise à tomber un peu plus fort, et j'ai dû sortir un petit sac
de plastique pour protéger mon téléphone, tout en le gardant à la ceinture.
Lorsque nous avons pris la montée tout de suite après le village, une grosse
averse nous est tombée dessus et j'ai dû actionner complètement la fermeture
Éclair de mon poncho pour garantir au mieux mes affaires. Elle n'a pas
duré ; mais nous avons dû sortir et rentrer nos équipements de pluie en plusieurs
fois avant l'arrivée.
Nous avons ensuite pris l'ancienne
ligne de chemin de fer, qui est aménagée en voie verte, avec des bancs dans des
zones de repos, et qui est aussi une piste cyclable. Cependant, nous n'avons
pas vu beaucoup de cyclistes.
C'est presque à la fin de cette
piste que nous avons rencontré des femmes qui entamaient gaillardement leur
marche, et c'est avec plaisir que nous avons un peu échangé, sans oublier de
saluer leur courage : il faut être vraiment des habituées pour se lancer
sur une piste en fin d'après-midi par un temps plus que maussade. À proximité
d'une grande agglomération comme Mont-de-Marsan, avoir une belle piste
sécurisée pour faire un peu d'exercices est une chance ; et, par beau
temps, en week-end, il doit y avoir une foule de Citadins dans cet espace
réservé au sport et à la détente.
Nous sommes entrés ensuite dans
l'agglomération, et après avoir passé par des feux tricolores de circulation -
le balisage est bon dans la ville – nous sommes parvenus à notre gîte. Nous
avons eu quelques hésitations à trouver l'entrée parce qu'il y avait des
réparations à l'intersection où se trouve cet hébergement de l'association
locale des amis de Saint-Jacques.
Une
petite inquiétude pour la gîte :
C'est la première fois, du temps où
je marchais seul ou plus récemment dans le groupe d'Alain, que je découvrais en
arrivant un hébergement déjà fort bien occupé. Renseignements pris auprès des
pèlerins déjà installés, la dame responsable devait repasser vers les 18 heures
pour éventuellement ouvrir un autre dortoir. Il ne nous restait plus qu'à
l'attendre dans la salle d'accueil.
C'est aussi la première fois sur
cette voie de Vézelay que j'ai découvert un radiateur spécialement conçu pour
sécher les chaussures. Il y avait encore une petite place disponible, je
pouvais donc caser les miennes. Et de plus, il y avait aussi tout à côté
suffisamment des restes de vieux journaux pour les bourrer, de façon à
accélérer encore le séchage, le papier absorbant l'humidité. Je n'avais que
cela à faire ; et j'ai tué encore le temps en jetant un œil sur toute la
bonne documentation présente sur la table ou affichée au mur.
Elle est arrivée exactement à 18 h,
et il n'y a eu aucun problème ; elle a ouvert un dortoir pour Alain et moi ;
Cor et Bertrand avaient réussi à se caser dans une autre salle.
Nous étions donc dans une assez
grande pièce où il y a deux lits, deux douches et une petite salle d'eau. Deux Hollandaises sont arrivées ensuite, et la dame a ouvert
une autre petite salle-dortoir contiguë à la nôtre pour ces deux dernières.
Après les formalités d'usage, elle nous a donné une information
importante : non loin du gîte un restaurant présente aussi un menu pèlerin
sur sa carte, la présentation de la credencial étant obligatoire. Tout finit
par s'arranger !
Le
corps et l'esprit :
Il n'est pas surprenant d'entendre
parfois cette affirmation quelque peu péremptoire : c'est l'esprit qui
commande le corps. Au-delà de la question de la suprématie, le plus simple est
de considérer les interactions entre ces deux entités, qui marchent ensemble,
et de considérer plus la gestion de ces interactions. Aujourd'hui, j'ai encore
souffert d'une tendinite au talon, mon esprit me disait que je n'avais pas à
m'en préoccuper, je n'ai donc rien pris pour calmer cette petite douleur. Je
l'ai oubliée, mon corps l'a éliminée, et elle a fini par m'oublier aussi. À
l'arrivée, je me suis rendu compte que je ne sentais plus rien à ce niveau.
C'est réconfortant de voir comment le corps, dans l'effort, récupère et se
régénère même d'une certaine façon. Que cela dure ! La santé est dans le
mouvement.
Mais aussi dans
l'alimentation ! J'ai observé une
fois de plus mon ami Cor, il mange tout le temps. J'ai déjà constaté que dans
les 5 derniers kilomètres une orange rebooste la machine ; je peux même
dire que l'effet est pratiquement immédiat. Mais souvent, même lorsque j'y
pensais, je n'avais pas envie de descendre mon sac, je me disais que je pouvais
encore tenir. L'erreur est là ! Il faut s'alimenter régulièrement, parce
que la dépense est constante, longue. Et c'est là que l'esprit commande. Plus
d'une fois, j'ai vu Cor distribuer tout en marchant ce qu'il mangeait : un
petit morceau de fromage, une petite part d'orange ou de pomme, une pastille,
un bout de chocolat, etc. Tout le monde, dans la vie de tous les jours, ne
mange pas ceci ou cela, à raison ou à tort, mais j'ai compris que sur le
chemin, il faut s'appliquer à manger de tout, même en dehors des habitudes – il
y a bien sûr des exceptions précises – parce que le corps en a besoin. Et, bien
entendu, il faut penser à boire régulièrement de l'eau. J'ai rencontré des
pèlerines qui oubliaient de le faire, et quand la déshydratation est bien
avancée, il n'est pas facile de récupérer la forme. L'eau, c'est la vie !
Un
petit tour en ville :
Je ne pouvais pas ne pas faire un
petit tour en ville. Comme je suis parti les mains dans les poches, sans plan,
bien que je sois sûr de pouvoir m'appuyer le cas échéant sur mon portable, à
condition qu'il y ait du réseau Internet. Aussi je me suis appliqué à bien
caler dans ma tête les noms des rues, et le petit circuit que je comptais faire
au coup d'œil. Vu l'heure tardive, il n'était pas question de faire de grandes
visites, et dans mon petit circuit, j'ai rencontré les deux autres du groupe à
la terrasse d'un bar. Mais je devais rentrer parce que j'avais à
faire un petit travail un peu délicat sur mon téléphone : réserver et
payer mon billet de train de Saint-Jean-Pied-de-Port à Paris, gare
Montparnasse. Parce que j'étais à peu près sûr de tenir mon découpage jusqu'au
bout, et que je ne devais pas rater mon avion pour le retour à la Réunion le
lendemain de mon arrivée à Paris – rater son avion peut entraîner un supplément
de 250 € pour retrouver au plus vite une place dans un autre avion de la même
compagnie.
Un
bon restaurant pèlerin :
Le soir, nous nous sommes retrouvés
sur la même table au restaurant pèlerin, le serveur ne nous a pas demandé de
credencial pour avoir droit au menu pèlerin – il est vrai que cela se voyait au
premier coup d'oeil. Nous étions quatre : Alain, Cor, Bertrand et moi. Une
bonne petite table, un bon petit groupe, un bon moment. Bertrand nous a offert
2 bouteilles de vin (voir photo), et il n'y a pas eu de refus – le vin est le
sang du pèlerin ! Pour 11,50 €, j'ai bien mangé. Ah, si à chaque arrivée
d'étape, il pouvait y avoir un tel restaurant pour apaiser la faim des
marcheurs !
Au retour, nous étions bien calés,
et il n'y avait pas de doute pour moi, tout le monde devait passer une bonne
nuit – il est vrai que l'étape du lendemain, Saint-Sever, devait être plus que
reposante avec ses 19-20 kilomètres seulement. Quoiqu'il faille se méfier des
petites étapes...