Étape
34 : de Beyries à Orthez : 18 km : vendredi 19 juin 2
015.
Photo :
à une petite table d'un restaurant à Orthez.
Voir
la vidéo.
Résumé
de l'étape :
Nous sommes maintenant dans les
Pyrénées-Atlantiques, et ce jusqu'à Saint-Jean-Pied-de-Port, à trois étapes de
l'arrivée en ce qui me concerne – Alain et Cor continuent leurs périples en
Espagne, mais sur des chemins différents.
Orthez est sur les rives du gave de
Pau – gave est le nom donné aux torrents de montagne dans la région des
Pyrénées ; ils se jettent tous dans le gave de Pau qui afflue dans
l'Adour.
Le
déroulement de l'étape :
Ce matin-là, nous n'étions pas
pressés, nous avions suffisamment de temps devant nous pour rallier
Orthez ; le réveil fut donc tardif, et nous avons quitté la salle des
fêtes de Beyries vers 7H30.
Il
pleuvait légèrement à notre départ ; dans l'ensemble la journée a été
maussade : pendant toute la matinée, nous avons dû sortir en plusieurs
fois le poncho.
Le pèlerin sait qu'il n'y a pas de petites
étapes. Lorsque tout semble facile, à considérer la faible distance et des
dénivelés peu importants, l'étape étant quand même rythmée par une série de
petits vallons et le franchissement de petits cours d'eau, toutes sortes de
petits événements voire des variations brusques des conditions atmosphériques
peuvent perturber le physique et/ou le moral.
En suivant le balisage, nous avons
rallié assez vite Sault-de-Navailles, pourtant à presque la moitié du
parcours ; un peu avant ce point, nous avons suivi un petit chemin balisé
pour éviter l'autoroute.
Dans le Béarn, nous avons retrouvé
une utilisation de la balise européenne en cohérence avec les balises du GR
(voir photo), quoiqu'il reste encore d'anciennes affiches bricolées où son
utilisation avec la flèche indiquant la direction à suivre est mauvaise. Il faut aussi du temps et de la persévérance pour remettre les choses
dans l'ordre.
Les Pyrénées font maintenant partie
du décor pour peu que le regard puisse se porter au loin dans le paysage. Avant
Orthez, nous avons traversé sous la pluie une belle partie boisée d'où partent
de petits chemins de randonnée que les gens de la région doivent souvent
emprunter les week-ends pour se détendre.
À l'entrée de la ville, le pèlerin
ne peut pas manquer la tour Moncade, qui témoigne de ce que fut le château de
Moncade, brûlé et pillé pendant les guerres de religion. La ville d'Orthez a
sauvé ce qui en reste. Et l’attention est aussi attirée par
quelques maisons de type médiéval dans la ville.
Un
bon repas...sur un trottoir :
Il était 12H30 quand nous sommes
arrivés à Orthez, et nous avions du temps devant nous : l'office de
tourisme, où il faut prendre les clés du gîte, ne s'ouvre qu'à 14H. Nous avons
trouvé tout près du chemin balisé qui traverse la ville un petit restaurant qui
présente un menu à 9 €, auquel nous avons ajouté un dessert, un très bon gâteau
maison, et des boissons. Le pèlerin peut se faire plaisir de temps à autre.
L'intérieur du restaurant était
presque plein à cette heure, mais nous avons pu nous caser sur une petite table
pratiquement sur le trottoir. Des jeunes étudiantes qui mangeaient à côté se
sont arrangées pour nous laisser un petit espace. Les places libres dans les
restaurants-bars du quartier sont rares à cette heure de la journée. Nous
étions dans une petite ambiance qui nous a un peu rajeunis sur le moment !
Le
gîte de l'association jacquaire d'Orthez :
Après le restaurant, nous sommes
passés à l'office du tourisme pour nous enregistrer et prendre les clés du
gîte.
C'est un gîte historique, dans une
maison fortifiée datant du XIIIè siècle et située au fond d'une cour, au nom de
« L'Hôtel de la Lune », une plaque le rappelle au pied du bâtiment
(voir photo). Et la partie destinée à accueillir les pèlerins de Saint-Jacques
se trouve au second étage (voir photo).
De l'extérieur, l'édifice est bien
entendu vieillot, et l'escalier en hélice pour accéder à notre hébergement fait
bien penser à ces monuments fortifiés du passé. Mais l'intérieur
est bien aménagé, bien équipé : deux petits dortoirs de 3 lits, un espace
salle d'accueil avec une partie cuisine ; la
partie sanitaire est un peu petite.
Nous avons choisi les lits du
premier dortoir ; dans le 2e, une pèlerine était
déjà installée – notre arrivée a peut-être écourté sa sieste. Mais en la
voyant, j'ai tout de suite fait le rapprochement avec « La Noire »
qui s'est arrêtée avant nous à Beyries, bien qu'elle soit plutôt du genre métis
assez clair. Et elle avait tout à fait l'air d'une Réunionnaise. Je pense, mais
je ne lui ai pas posé directement la question, qu'elle doit être d'une
génération antillaise née et habitant la région parisienne. Elle nous a
rapidement expliqué sa situation : elle se reposait avant de prendre un
nouveau départ en raison de tendinites – aucun de nous n'a fait allusion à
l'information reçue la veille.
Elle est très jeune ; et pour
elle, c'est vraiment l'aventure, dans le bon sens. Elle n'était pas du tout
affectée par cet ennui de santé, mais elle ne s'est pas étendue sur le sujet.
Ce n'est pas elle qui aurait gêné de quelque manière que ce soit notre
installation : elle était soit dans son dortoir, porte fermée, soit le
plus souvent en bas dans la cour, suspendue à son téléphone. Elle se faisait
très discrète ; le soir, nous ne l'avons pas vue pendant que nous dînions,
ni entendu se mettre au lit. Il en fut de même au réveil le matin. Une question
de génération entre nous aussi !
À ce propos, avant de passer à
table, nous avons eu la visite du président de l'association locale des amis de
Saint-Jacques. Un homme gentil, qui tenait à vérifier que nous ne nous
manquions de rien, et qui est très soucieux du bon fonctionnement des
équipements du gîte dont il a la responsabilité – nous avons fait une machine
pour le linge – et qui s'est montré préoccupé de la tenue de la jeune pèlerine
sur un point précis au point qu'il n'a pas hésité à me poser deux fois la même
question : est-ce qu'elle fume ici ? Il est vrai que le plus souvent
cette jeune femme avait la cigarette au bec quand elle ne téléphonait pas. Mais
toujours en bas, dans la cour ! Pas même dans les escaliers, m'a-t-il
demandé ? Je l'ai aussi rassuré là-dessus : toujours en bas, dans la
cour, lui ai-je répété. Il est vrai que fumer, c'est la liberté de chacun, qui
doit aussi tenir compte de celle des autres ; et aujourd'hui ce respect
réciproque est bien entré dans les mœurs.
Le soir, à la vaisselle, puisque
c'est ma contribution habituelle à la vie du groupe, Cor m'a dit à l'oreille
dans un mélange de français et d'anglais alors que j'en terminais :
toujours, shot water – il avait compris que je n'utilisais que de l'eau froide.
De plus, il n'a pas pu s'empêcher de repasser derrière moi un petit coup
d'éponge sur l'évier – ce n'est pas avec lui qu'un gîte sera laissé dans un
mauvais état. Rien ne traîne, tout objet doit être remis à sa place, et j'ai
toujours admiré sa vigilance sur ce point avant de partir, Alain me l'a fait
remarquer en plusieurs fois. C'est qu'il est dans son pays un professionnel de
la restauration.