lundi 30 mars 2020



Étape 34 : de Beyries à Orthez : 18 km : vendredi 19 juin 2 015.

Photo : à une petite table d'un restaurant à Orthez.


Voir la vidéo.


Résumé de l'étape :

            Nous sommes maintenant dans les Pyrénées-Atlantiques, et ce jusqu'à Saint-Jean-Pied-de-Port, à trois étapes de l'arrivée en ce qui me concerne – Alain et Cor continuent leurs périples en Espagne, mais sur des chemins différents.

            Orthez est sur les rives du gave de Pau – gave est le nom donné aux torrents de montagne dans la région des Pyrénées ; ils se jettent tous dans le gave de Pau qui afflue dans l'Adour.

Le déroulement de l'étape :

            Ce matin-là, nous n'étions pas pressés, nous avions suffisamment de temps devant nous pour rallier Orthez ; le réveil fut donc tardif, et nous avons quitté la salle des fêtes de Beyries vers 7H30.

Il pleuvait légèrement à notre départ ; dans l'ensemble la journée a été maussade : pendant toute la matinée, nous avons dû sortir en plusieurs fois le poncho.

            Le pèlerin sait qu'il n'y a pas de petites étapes. Lorsque tout semble facile, à considérer la faible distance et des dénivelés peu importants, l'étape étant quand même rythmée par une série de petits vallons et le franchissement de petits cours d'eau, toutes sortes de petits événements voire des variations brusques des conditions atmosphériques peuvent perturber le physique et/ou le moral.

            En suivant le balisage, nous avons rallié assez vite Sault-de-Navailles, pourtant à presque la moitié du parcours ; un peu avant ce point, nous avons suivi un petit chemin balisé pour éviter l'autoroute.

           Dans le Béarn, nous avons retrouvé une utilisation de la balise européenne en cohérence avec les balises du GR (voir photo), quoiqu'il reste encore d'anciennes affiches bricolées où son utilisation avec la flèche indiquant la direction à suivre est mauvaise. Il faut aussi du temps et de la persévérance pour remettre les choses dans l'ordre.

            Les Pyrénées font maintenant partie du décor pour peu que le regard puisse se porter au loin dans le paysage. Avant Orthez, nous avons traversé sous la pluie une belle partie boisée d'où partent de petits chemins de randonnée que les gens de la région doivent souvent emprunter les week-ends pour se détendre. 

            À l'entrée de la ville, le pèlerin ne peut pas manquer la tour Moncade, qui témoigne de ce que fut le château de Moncade, brûlé et pillé pendant les guerres de religion. La ville d'Orthez a sauvé ce qui en reste. Et l’attention est aussi attirée par quelques maisons de type médiéval dans la ville.

Un bon repas...sur un trottoir :

            Il était 12H30 quand nous sommes arrivés à Orthez, et nous avions du temps devant nous : l'office de tourisme, où il faut prendre les clés du gîte, ne s'ouvre qu'à 14H. Nous avons trouvé tout près du chemin balisé qui traverse la ville un petit restaurant qui présente un menu à 9 €, auquel nous avons ajouté un dessert, un très bon gâteau maison, et des boissons. Le pèlerin peut se faire plaisir de temps à autre.

            L'intérieur du restaurant était presque plein à cette heure, mais nous avons pu nous caser sur une petite table pratiquement sur le trottoir. Des jeunes étudiantes qui mangeaient à côté se sont arrangées pour nous laisser un petit espace. Les places libres dans les restaurants-bars du quartier sont rares à cette heure de la journée. Nous étions dans une petite ambiance qui nous a un peu rajeunis sur le moment !

Le gîte de l'association jacquaire d'Orthez :

            Après le restaurant, nous sommes passés à l'office du tourisme pour nous enregistrer et prendre les clés du gîte.

            C'est un gîte historique, dans une maison fortifiée datant du XIIIè siècle et située au fond d'une cour, au nom de « L'Hôtel de la Lune », une plaque le rappelle au pied du bâtiment (voir photo). Et la partie destinée à accueillir les pèlerins de Saint-Jacques se trouve au second étage (voir photo).

            De l'extérieur, l'édifice est bien entendu vieillot, et l'escalier en hélice pour accéder à notre hébergement fait bien penser à ces monuments fortifiés du passé. Mais l'intérieur est bien aménagé, bien équipé : deux petits dortoirs de 3 lits, un espace salle d'accueil avec une partie cuisine ; la partie sanitaire est un peu petite.

            Nous avons choisi les lits du premier dortoir ; dans le 2e, une pèlerine était déjà installée – notre arrivée a peut-être écourté sa sieste. Mais en la voyant, j'ai tout de suite fait le rapprochement avec « La Noire » qui s'est arrêtée avant nous à Beyries, bien qu'elle soit plutôt du genre métis assez clair. Et elle avait tout à fait l'air d'une Réunionnaise. Je pense, mais je ne lui ai pas posé directement la question, qu'elle doit être d'une génération antillaise née et habitant la région parisienne. Elle nous a rapidement expliqué sa situation : elle se reposait avant de prendre un nouveau départ en raison de tendinites – aucun de nous n'a fait allusion à l'information reçue la veille.

            Elle est très jeune ; et pour elle, c'est vraiment l'aventure, dans le bon sens. Elle n'était pas du tout affectée par cet ennui de santé, mais elle ne s'est pas étendue sur le sujet. Ce n'est pas elle qui aurait gêné de quelque manière que ce soit notre installation : elle était soit dans son dortoir, porte fermée, soit le plus souvent en bas dans la cour, suspendue à son téléphone. Elle se faisait très discrète ; le soir, nous ne l'avons pas vue pendant que nous dînions, ni entendu se mettre au lit. Il en fut de même au réveil le matin. Une question de génération entre nous aussi !

            À ce propos, avant de passer à table, nous avons eu la visite du président de l'association locale des amis de Saint-Jacques. Un homme gentil, qui tenait à vérifier que nous ne nous manquions de rien, et qui est très soucieux du bon fonctionnement des équipements du gîte dont il a la responsabilité – nous avons fait une machine pour le linge – et qui s'est montré préoccupé de la tenue de la jeune pèlerine sur un point précis au point qu'il n'a pas hésité à me poser deux fois la même question : est-ce qu'elle fume ici ? Il est vrai que le plus souvent cette jeune femme avait la cigarette au bec quand elle ne téléphonait pas. Mais toujours en bas, dans la cour ! Pas même dans les escaliers, m'a-t-il demandé ? Je l'ai aussi rassuré là-dessus : toujours en bas, dans la cour, lui ai-je répété. Il est vrai que fumer, c'est la liberté de chacun, qui doit aussi tenir compte de celle des autres ; et aujourd'hui ce respect réciproque est bien entré dans les mœurs.

            Le soir, à la vaisselle, puisque c'est ma contribution habituelle à la vie du groupe, Cor m'a dit à l'oreille dans un mélange de français et d'anglais alors que j'en terminais : toujours, shot water – il avait compris que je n'utilisais que de l'eau froide. De plus, il n'a pas pu s'empêcher de repasser derrière moi un petit coup d'éponge sur l'évier – ce n'est pas avec lui qu'un gîte sera laissé dans un mauvais état. Rien ne traîne, tout objet doit être remis à sa place, et j'ai toujours admiré sa vigilance sur ce point avant de partir, Alain me l'a fait remarquer en plusieurs fois. C'est qu'il est dans son pays un professionnel de la restauration.