Étape
30 : de Captieux à Roquefort-de-Marsan : 29 km.
Photo :
L'église Notre Dame-de-l'Assomption à Roquefort-de-Marsan, vue du « Café
de la Paix », sur l'autre rive de la Douze.
Résumé
de l'étape :
C'est une longue étape, sous un beau
temps bien que le départ à Captieux fût quelque peu maussade.
Elle se déploie dans les pins, voire
des chênes ; le chemin est bien inséré dans un cadre de verdure où le
travail d'exploitation de ce capital se voit bien – la région entretient et vit
de ce patrimoine qu'est la forêt des Landes.
Je suis donc passé dans le
département des Landes où le balisage d'une association landaise est à peu près
correct, irréprochable même sur l'ancienne ligne de chemin de fer, mais avec
des imperfections voire des contradictions quant à l'utilisation des flèches
accompagnant les balises européennes en fin de parcours. Il se confirme sur le
terrain que le balisage européen doit être directionnel, et présenté comme tel.
L'église Notre-Dame-de-l'Assomption,
qui domine le cours d'eau La Douze, se regarde toujours comme une fortification
du temps des guerres de religion ; le fait d'être agrémentée aujourd'hui
d'un petit jardin bien entretenu adoucit le regard - il y aurait aussi un
refuge, mais nous avons choisi celui de l'association landaise des amis de
Saint-Jacques dont les clés sont habituellement déposées au « Café de la
Paix ».
Un passage inoubliable : j'y ai
revu la responsable de Captieux, la Hollandaise, qui nous a accueillis de fort
belle façon – elle m'a épelé son nom, mais je me demande si ce n'est pas son
prénom. Nous n'étions pas nombreux, mais quelle ambiance au dîner !
Le
déroulement de l'étape :
Au départ de Captieux, nous avons
pris la rue de l'église, et, à l'intersection de la N 524, la direction
Maillas ; ce qui m'intriguait, c'est que je ne voyais aucune balise. Il a
fallu attendre, après 700 m environ, la reprise de l'ancienne voie ferrée pour
que tout rentre dans l'ordre, dans ma tête du moins ! Nous étions bien
dans la continuation de l'étape de la veille.
À partir de là, c'est le balisage de
la société landaise des Amis de Saint-Jacques, coquille jaune sur fond bleu,
qui s'impose, et c'est bien fait ! C'était reposant, du moins comme hier
dans un premier temps.
Après un carrefour et la reprise de
la piste, je sentais que les petites pierres guettaient l'occasion d'entrer
dans mes chaussures. Je crois qu'au prochain chemin, je tâcherai de limiter ces
petits ennuis en portant des guêtres ou autre chose de plus simple mais
remplissant la même fonction, et ce d'autant que je n'aime pas utiliser des
chaussures hautes parce que plus lourdes ; jusqu’ici, je les considérais
comme des accessoires inutiles, décoratifs, mais les pistes sablonneuses dans
les pins m'ont fait changer d'avis.
Le chemin longe de petites propriétés
privées, franchit de petits cours d'eau, et se glisse même sous l'autoroute un
peu plus loin. Nous avons retrouvé aussi des départementales, la D 224 nous a
menés au village de Bourriot-Bergonce où nous avons fait une pause déjeuner.
Mais c'était pour reprendre le tracé
de l'ancienne ligne de chemin de fer. Nous sommes ensuite arrivés, en pleine
forêt, à un carrefour important, bien signalé : à droite pour les pèlerins
qui veulent aller à Retjons, qui est aussi un point d'étape ; et à gauche
ceux qui veulent visiter la chapelle de Lugaut.
Je me suis rapproché de cette
chapelle ; elle est placée dans un beau cadre de verdure, et je me suis
assis sur un banc pour attendre Cor qui, lui, tenait à visiter cette chapelle.
Je la voyais vraiment quelconque, mais je peux dire que j'ai raté un site
important : sur les murs de son clocher les visiteurs peuvent admirer un
ensemble exceptionnel de fresques du XIIIe siècle représentant des scènes
religieuses de l'Annonciation, de la Visitation et de la Résurrection. Ce qui
explique pourquoi Alain et moi avions dû attendre un bon moment avant que notre
ami Cor ne termine sa visite. La leçon à retenir : mieux se documenter
dans le livre guide avant de se lancer dans l'étape du jour.
Nous avons continué tout droit, sur
le ballast de l'ancienne voie ferrée, l'arrivée était encore à 10 km.
Dans
cette petite ville de Roquefort, après la principale intersection de rues,
instinctivement nous avons continué à suivre le balisage en empruntant une
montante à côté de l'église. Un homme est venu vers nous et s'est présenté
comme un responsable de la municipalité. Il nous a indiqué la direction à
prendre pour trouver le refuge de l'association des Amis Landais de
Saint-Jacques.
Comme d'habitude, Alain et Cor
décidèrent de rester dans les environs, mais j'ai préféré aller m'installer
dans l'hébergement retenu en commun. J'ai pris un peu plus loin une petite rue,
ne le trouvant pas tout de suite, je suis entré dans une cour pensant y être
arrivé. Mais le propriétaire des lieux, quelque peu surpris par cette
intrusion, m'indiqua qu'il fallait poursuivre un peu plus loin dans cette même
ruelle. Après avoir présenté mes excuses, j'ai continué à marcher dans la
direction indiquée, et je suis arrivé à une porte encastrée dans un mur, et en
l'ouvrant je suis tombé sur un escalier abrupt qui démarre auprès d'un petit
banc – c'est là qu'il faut enlever ses chaussures de marche et mettre ses
savates avant de monter un escalier parfaitement ciré menant au gîte. C'est à
peu près la même adaptation que j'ai vue à Saint-Ferme : un local à
l'étage d'un bâtiment (ici une école) a été transformé en hébergement pour les
pèlerins, et il a bien fallu construire un accès extérieur à ce bâtiment
d'origine, d'où cet escalier pentu.
Le
gîte de la société landaise des Amis de Saint-Jacques :
J'ai été accueilli par la même
Hollandaise du gîte de la veille, à Captieux – elle assure donc la
responsabilité des deux gîtes de l'association. Elle s'appelle Hennieu, je lui
ai demandé d'épeler son nom ; me semble-t-il, c'est son prénom qu'elle m'a
donné, les pèlerins n'utilisent que leur prénom sur le chemin.
Je n'étais pas encore tout à fait
installé quand est arrivé le pèlerin de Bazas que j'ai revu à Captieux. Il se
prénomme Bernard, le 2e Bernard que j'ai rencontré sur cette voie de
Vézelay ; et Alain et Cor n'ont pas tardé. Bernard a pris un lit en face
du mien, heureusement un peu décalé, car il a ronflé une bonne partie de la
nuit.
La
découverte de la ville :
Mes effets bien rangés, sur et
autour de mon lit, et n'ayant pas de lessive à faire, je suis allé sans tarder
visiter la ville.
Un passage à l'église s'imposait,
les fortifications au temps des guerres de religion se devinent encore ;
cet édifice domine les alentours, bien campé sur la rive droite de La Douze. Le
petit espace jardin autour de l'église est bien entretenu.
J'ai traversé ensuite le pont sur La
Douze pour me rendre au « Café de la Paix », sur l'autre rive du
cours d'eau, là où en principe les clés du refuge sont déposées – mais ce
n'était pas le cas pour nous aujourd'hui puisque Hennieu nous avait accueillis
directement au local.
Une petite ville calme, reposante,
où il n'y a pas beaucoup de circulation.
Alain
est arrivé ensuite, et nous avons goûté un petit vin de la région, vanté par le
serveur – pas mal, bien fruité.
Je suis ensuite passé dans une
petite supérette non loin de l'église pour effectuer les achats classiques de
l'étape du lendemain.
Une autre surprise à mon retour au
gîte fut de découvrir que Sebastien, le pèlerin un peu en dehors des normes
(voir étapes précédentes), si tant est qu'il soit possible de parler de norme,
était avec nous pour ce soir. En super forme ! Parfaitement à l'aise – il
y a tout lieu de croire qu'il ait bénéficié d'un geste particulier de
solidarité de la part d'Hennieu ; et quoi de plus naturel entre
pèlerins !
J'ai eu alors l'occasion de discuter
un peu plus largement avec lui. Il a travaillé dans le tourisme, dans
l'hôtellerie, mais sans qu'il s'étende sur les raisons qui l'ont poussé à
quitter ce secteur. Il m'a dit qu'il traversait une période de quête, de
recherche personnelle. Il reste optimiste sur l'avenir. À table, sur tous les
sujets, il intervenait avec sérieux, donnant clairement son point de vue.
C'était loin d'être le plus réservé ! Je ne l'ai plus revu dans les 7
dernières étapes jusqu'à Saint-Jean-Pied-de-Port
Une
belle ambiance au dîner d'Hennieu :
Hennieu nous avait préparé un vrai
repas, ce qui nous a évité de passer aux travaux de cuisine ; et les
meilleures volontés se sont instinctivement attelées ensuite à la vaisselle.
Il y a eu d'abord un apéritif, au
moment du passage du président de l'Association locale des Amis de
Saint-Jacq
ues. Que les présidents des associations locales n'hésitent pas à se
déplacer afin de discuter avec les pèlerins de passage, ne fût-ce que pour
rehausser le niveau de l'accueil du jour !

Un
homme très ouvert, très gentil ; nous avons discuté des insuffisances du
balisage, et il a admis qu'il était difficile de coordonner avec la Fédération
Française de Randonnées et aussi, il nous l'a bien confirmé, entre les
associations jacquaires pour une uniformisation de tout ce travail de balisage.
C'est un réaliste ; nous progressons, nous a-t-il souvent répété.
Le dîner fut des plus
agréables ; il y a eu des discussions de qualité, sur bien des sujets.