dimanche 25 septembre 2022

 

Étape 10 : Santo Domingo de la Cazalda - Belorado, vendredi 9 mai 2 014, ~ 23 km

 

Photo : L'albergue de Belorado .

 


Attention : je reviens ici sur le Camino 2 014, le découpage en étapes étant le même qu’en 2 018, mais où j’ai dû faire l’impasse sur certaines étapes en raison du décès de mon frère à Marseille. Ici mon frère Benjamin, à un centre funéraire marseillais, retrace devant parents et amis venant d’un peu partout de la France Métropolitaine les grands moments de la vie du disparu. Voir Photo.


 


Résumé de l'étape :

Ce fut une étape sans vraie difficulté, accomplie sous un beau soleil après un départ où le froid était pénétrant. Les villes rencontrées : Grañón, après un peu plus de 2 H de marche, un passage inoubliable devant ces grands édifices marqués par le temps et qui font penser à toutes ces générations de pèlerins qui y sont passés ; puis Redecilla del Camino, et j'ai dû mettre encore 1 H pour atteindre Viloria de Rioja, où j'ai pris mon temps pour bien manger sur une petite placette au centre où il y avait des bancs et un point d'eau (voir photo). Il ne me restait plus qu'un bon trois quarts d'heure pour me retrouver dans le centre de Villamayor del Rio, et sensiblement 1H30 pour atteindre l'albergue à l'entrée de Belorado.

 

Le déroulé de l'étape :

Je suis parti de Santo Domingo de la Cazalda à 6h45 après un bon petit-déjeuner dans le bar-restaurant où j'avais pris mon dîner la veille. J'avais à peine commencé quand j’ai vu arriver Suzy, qui était à l'albergue d'à côté ; elle a bu rapidement un café ; je ne suis pas sûr, mais je pense qu'elle avait mangé un petit quelque chose avant qu'elle quittât la table. Vraisemblablement, elle devait partir dans un groupe qui s'attaquait alors à une longue étape – elle est très bonne marcheuse.

J'ai pris mon temps, car je savais que mon étape aujourd'hui ne présentait pas de difficultés particulières, et qu'à l'arrivée, j'avais toutes les chances de me caser dans un hébergement.

Il faisait froid au départ, aussi j'avais enfilé par-dessus la polaire un coupe-vent, d'autant que ma petite toux sèche que j'ai découverte hier était bien installée et que j'avais le nez qui commençait à s'activer. Mais j'étais toujours dans les mêmes dispositions : attendre le soir à l'arrivée pour voir si je devrais mettre en route un petit traitement. D'ailleurs, il n'y avait pas que de ce côté-là qu'il fallait apporter quelques petits soins : comme je n'aime toujours pas mettre de gants lorsqu'il fait très froid, je commençais à ressentir une petite fissure à mon pouce droit et une autre à mon index, la conséquence du froid et du vent mais aussi des pressions pour tenir les bâtons et surtout monter et descendre le sac toute la journée. Mais je savais que je devais passer par là comme pendant les années précédentes sur le chemin – sans doute que c'était aussi une carence d'une « vitamine Z », que je n'ai toujours pas identifiée ; comme je n'aime pas mettre du gel sur mes mains, je sais comment traiter ces fissures : bétadine et petit pansement de protection, jusqu'à ce que la fissure soit comblée.

Après le passage devant la cathédrale de Santo Domingo, j'ai continué la calle Mayor  que j'ai trouvée intéressante par les devantures des maisons, et j'ai retrouvé plus loin la N-120. Sur une bonne partie de l'étape, la piste est parallèle à cette grande route. Elle s'en écarte un peu dans une portion ; elle est parfois gravillonnée et même caillouteuse. Et dans la première partie de cette étape, les marcheurs empruntent de longues lignes droites dans les champs de blé.

Après un peu moins de 2H de marche, ce fut le passage à Grañón. Il a fallu ensuite passer par quelques points un peu hauts dont Redecilla del Camino et surtout Viloria de Rioja, où j'ai mangé le sandwich que j'avais pris soin de prendre le matin au bar-restaurant de Santo Domingo. J'ai pu alors écouter à plaisir une tourterelle qui n'arrêtait pas de chanter dans son nid sous le toit d'une grande maison. Ce fut ensuite, après avoir passé quelques petites bosses, et le plus souvent sur une piste aménagée qui accompagne la N-120, ce qui assure une bonne sécurité pour les marcheurs, que j'ai dû traverser cette nationale pour emprunter une petite rue qui devient même une ruelle cimentée pour accéder à l'albergue.

 

Un bon gîte :


Pour une fois, je n'ai pas eu à patienter pour me se faire enregistrer à l'accueil ; et j'ai remarqué des aménagements sans doute récents par rapport à 2 011, dont un espace piscine, mais c'était peut-être pour ceux qui prennent des chambres d'hôtel ; cependant, je n'ai vu aucune pancarte interdisant l'accès à quelque structure que ce soit dans ce complexe. J'ai donc retrouvé l'albergue (voir photo), avec des petits dortoirs de 8 à 10 lits dans un bâtiment tout au fond du terrain.

J'étais dans le même dortoir qu'en 2 011, le N°6, et j'ai eu un lit en bas, le N°8 (voir photo). Une jeune pèlerine s'est installée au numéro 7 beaucoup plus tard ; je l'ai vue arriver assez fatiguée, et elle dormait encore quand je suis parti le lendemain matin. J'étais le premier à m'installer dans la chambrée, ce n'est qu'en fin de journée que notre dortoir s'est complètement rempli.


J'étais toujours parmi des Italiens, des Espagnols, et aussi quelques Anglais, mais c'étaient tous des nouvelles têtes, les variations peuvent être importantes, compte tenu du découpage des étapes des uns et des autres.

 

Mon dispositif d'installation dans les gîtes :

Il ne varie pas. Il s'agit de prendre des habitudes pour retrouver facilement ses affaires, y compris dans la nuit, et ne pas perdre du temps à les rechercher pour partir le lendemain. Sur mon lit, du côté de ma tête, mon chapeau avec mes objets « précieux » : lampe, GSM (réveil), ceinture (papiers officiels), et, de ce côté, au pied du lit mes bidons d'eau et mes savates ; sur le lit à côté de mon sac de couchage une couverture prête à être dépliée la nuit en cas de besoin ; au pied du lit, sur la barre, ma polaire de gîte pour me couvrir si je dois quitter mon lit, ma serviette de toilette, mon sachet d'effets de toilette et mon poncho ; et au-dessous mes chaussures et mes bâtons. En un mot, occuper son petit espace dans un ordre donné, et toujours le même !



Et une fois l’installation faite, un incontournable moment de plaisir : bien manger et bien boire, question de récupérer au mieux (voir photo de Jean-Paul).

 

La fin de journée :

En fin de journée, j'ai fait aussi la connaissance d'un Français qui venait de s'installer sur un lit en face du mien, le dernier encore libre, et qui me disait, alors que je le voyais très sportif et en excellente forme, qu'il avait tout entrepris y compris la compétition de haut niveau en montagne, et qu'il était aujourd'hui cassé de partout. Et, pourtant, il ne pouvait s'empêcher de continuer à marcher sur les chemins de Compostelle. Et aussi d’admirer le chemin qui m’attendait le lendemain (voir photo).