Étape
15 : mercredi 16 mai 2 018 : Villalcázar
de Sirga, 24,9 km :
Les lignes droites depuis Frómista n’en finissaient pas, après une partie qui
monte régulièrement depuis le départ d’Itero de la Véga pour descendre ensuite
dans une plaine, et continuer ainsi jusqu’à l’arrivée – elle aussi modifiée, et
aujourd’hui au bout de la grande route. Au point que je me demandais si
Villalcázar existait toujours.
J’ai été le premier à attendre l’ouverture
du mon gîte habituel (voir photo) ; il s’est rempli toute l’après-midi –
sans doute en récompense du Bon Dieu – en fin de journée, le seul lit inoccupé
était celui au-dessus du mien près de la porte d’entrée de la chambrée, je
pouvais donc l’utiliser pour étendre mes affaires. 3 passages en ce lieu et le
même lit, à l’entrée de cette grande chambre qui s’est vite remplie – et pas un
seul bruit pendant la nuit : le pèlerin pouvait vraiment récupérer de ses
efforts de la journée.
Villalcázar Photo : au premier plan, mon approche de Villalcázar en 2 011 :
Je me disais : il faut que j’apprenne
à faire de vraies pauses en chemin. Donc, même gîte, et même restaurant que les
deux fois précédentes. J’ai eu l’occasion de discuter avec des responsables de
cette albergue, à qui j’avais dit que c’était mon 3e et dernier
camino… mais l’un d’entre eux m’a répondu avec sérieux et assurance : tu
ne peux pas savoir vraiment s’il n’y aura pas un 4e passage ici… Et
aujourd’hui, il m’arrive de penser qu’en ce qui concerne mes pèlerinages tout
reste ouvert… bien que je ne cesse de me répéter que s’il y en a un prochain,
un nouveau, ce sera le Del Norte.
Il y a de belles visites à faire – voir
photo :
Un regret, et de taille encore !
Cette fois-ci, mon passage au restaurant a été d’un calme absolu : pas le
moindre bruit – il est vrai que j’y suis allé de bonne heure, et j’étais bien
loin de l’ambiance de 2 011, où le restaurant était plein à craquer, et
que dans le groupe où j’étais il y avait de bons animateurs.
Temps et espace : après la lente
progression au départ d’Itero, ce fut un passage à un sommet et petite descente
pour arriver en plaine – curieux, j’avais en mémoire une descente plus nette et
plus longue – comme quoi la mémoire ne cesse de bouger ! - … en revanche, la plaine, je l’ai ressentie
cette fois bien plus longue que celle que j’avais dans mes souvenirs.
Interminable ! Un petit coup de cogne au pouce gauche à un dallage… un thé
au bar de la dernière fois (2 014 et 2 018), ce fut ensuite le
chemin le long du canal de Castille – et à partir de Frómista, même topo
jusqu’à l’arrivée – mais j’ai vraiment trouvé que dans la dernière partie le
balisage restait un peu trop collé à la grande route, et ce jusqu’à l’entrée de
Villalcázar.
Photo : sur
la place de l’église
Le lendemain matin, au départ de ce gîte,
les deux hospitaliers avec qui j’avais discuté la veille ont tout fait pour que
mon petit-déjeuner soit complet ; ils ont en effet apprécié hier que je
n’ai pas repris 1 euro parce que leur système de mise en route de l’eau chaude
ne marchait pas – j’étais le premier à y aller – et j’ai remis la pièce dans la
boite de donativo ; et ils ont aussi vu que pour le gite j’avais donné un
billet de 10 €. Alors je leur ai dit que j’en étais à mon 3e passage
dans ce gite (2 011, 2 014 et 2 018), le plus jeune m’a assuré
que c’était en aucune façon « l’ultimat », selon sa propre
expression. Je leur ai dit en effet que personne ne peut vraiment l’affirmer
bien qu’au fond de moi-même, dans mon esprit, cette forme de pèlerinage à pied
c’était vraiment la toute dernière sur ce type de chemin. Mais aujourd’hui, le
temps ayant fait son oeuvre, je me reverrais bien passer sur ces terres, dans
ces mêmes paysages. Mais Dieu seul le sait vraiment…