Étape
19 : Dimanche 20 mai 18 : La Virgen del Camino (date de l’étape) –
publication de l’article, le
- Photo: belle place à la Virgen del Camino.
- Une étape qui passe par la traversée de la ville de León et un passage incontournable sur la place de la cathédrale. Et quelle animation sur ce site en ce dimanche ! Il y a un peu de toutes les nationalités. La Virgen est en quelque sorte dans le prolongement assez long de León et il faut encore « ramer » pour y arriver – toutes les petites côtes marquent en fin d’étape
Avant d’arriver à cette place, et après
une belle descente dans des bois, la traversée de la ville est interminable, et
je l’ai faite dans la première partie en contrôlant une certaine envie – la
règle, que j’ai apprise aussi en 2 011, est qu’il faut tenir compte de ses
besoins naturels avant toute grande agglomération. Pourtant, dans la descente
boisée qui mène à Léon, j’avais obéi à cette règle, sentant alors une toute
petite envie. Mais je n’aurai jamais pensé que peu de temps après ce serait une
grosse qui se ferait sentir. Et j’ai dû serrer tous les freins de la nature.
J’ai finalement trouvé un bar, spécial petit déjeuner, et tout s’est très bien
passé, y compris pour un bon petit déjeuner, qui s’est révélé utile pour le
reste de l’étape, car il y a encore pas mal de chemin avant la Virgen, même si
le plus gros parcours de cette finale d’étape se fait en zone urbanisée. La
ville est en effet partout maintenant, sauf au sommet d’une petite cote qui
mène à une zone industrielle en construction avant d’entrer vraiment dans la
Virgen del Camino.
Photo: dans la ville de la Virgen del Camino.
Au gîte, c’est encore l’impression d’un
nouveau public, pas de ceux que j’ai rencontrés jusqu’ici – que j’ai eue, un
peu comme si la plupart, étaient des pèlerins qui se font transporter – un
élément me le confirme encore plus, bien que je refuse à généraliser : la
quantité de pièces de linge dans les lessives faites sur place que beaucoup
portent à sécher sur les fils dans la grande cour de ce gîte – tout en me
disant que toutes les formes de pèlerinage sont respectables. Et de toutes
jeunes filles, propres, maquillées, ce qui est une bonne chose, bien
entendu ; et quelques hommes qui se rasent avec précision, qui mettent des
produits sur le visage comme s’ils allaient à une réception – il y en avait de
ce type à Mansilla. Mais tout est respectable, chacun fait le chemin à sa façon
– quel que soit le choix, il pourra toujours tirer de bonnes leçons de son
expérience – et c’est là l’essentiel !
Au fil des étapes les méthodes s’affinent
pour ranger efficacement les affaires, marche, gîte, réserve, etc. Équipement
de nuit : lampe, effets de toilette et serviette. Et garder un ordre de
rangement des affaires dans le sac – c’est qu’il y a à gagner en temps dans
l’organisation de sa marche, tout en se demandant : à quoi cela
sert-il ? Faire preuve d’intelligence pour faire face aux situations, et
améliorer les méthodes sur tous les plans. Le but étant tout simplement de
mieux vivre quels que soient les circonstances. La maitrise de l’espace-temps
en quelque sorte. Cette maitrise passe donc aussi par l’organisation du sac
dans le vécu sur le chemin. Surtout pour ceux qui viennent de loin, et qui
comptent aussi visiter après la marche des membres de leurs familles établis en
France métropolitaine depuis des années.
Dans ce gite, il y a tout ce qu’il faut
pour se préparer un dîner acceptable, mais j’ai préféré aller dans un quartier
voisin du gîte où il y a de bons petits restaurants. Même si au retour j’avais
à passer dans une zone, pourtant en pleine ville, mais où il n’y a pas
d’éclairage public… ce qui fait que s’installait parfois en moi une sorte de
crainte de rencontrer de mauvais citoyens.
À mon retour du restaurant, en entrant dans
le dortoir, j’ai entrevu une pèlerine qui s’installait à côté de mon lit et qui
surtout s’attelait à construire autour de sa couche une « protection »
avec des draps et un éclairage particulier de son espace. J’avais choisi comme
d’habitude un lit relativement près de la porte d’entrée. J’en ai bien ri, mais
en moi-même, sur tous les chemins que j’ai faits depuis 2 011, et quels
que soient les types d’albergues, je n’ai jamais vu cela. Je me suis rapidement
installé dans ma couche, mais en jetant un petit regard discret dans l’espace
d’à-côté… je n’ai même pas aperçu son visage. Ah si seulement j’avais une
gentille petite souris dans mon sac. À mon réveil le lendemain, ma voisine
dormait profondément… et je n’ai pas cherché à savoir si elle avait encore
auprès d’elle un pèlerin protecteur…Ah, si l’on peut se payer tous les plaisirs
du monde sur un chemin de Compostelle… Et pourquoi pas ? Mais à condition
quand même de ne pas négliger l’essentiel : apprendre à se redécouvrir, à
mieux comprendre les autres et à donner du sens à la vie que l’on mène
d’ordinaire
À la Virgen, l’albergue a une belle salle
de détente ; on y passe un bon moment à l’arrivée, et à la préparation
avant le départ le lendemain.