Hospital de Orbigo
Au sortir de l’albergue
de La Virgen, je n’avais pas vraiment arrêté le but de l’étape du jour. Ce qui était
sûr, c’est que cette fois-ci je ne passerai pas par Santibanez de
Valdéiglesias, question de varier un peu, quand c’est possible, l’itinéraire de
2 011 et de 2 014. Je me disais alors que tout dépendra de
l’enchainement de plusieurs étapes qui suivent habituellement.
Dès le départ, au sortir
de cette ville, comme je m’y attendais d’ailleurs, j’ai eu quelques doutes
quant au balisage – le positif, c’était la rencontre avec un couple de
Vietnamiens peu après le départ, et se trouvaient devant les mêmes
interrogations. Finalement, tout s’est bien passé ; ensemble nous avons fini
par retrouver un balisage correct et stable, mais je ne suis pas resté dans le
rythme de ces deux-là. Et c’est tout seul que je me suis retrouvé plus tard à
l’approche d’Hospital de Orbigo après une belle ligne droite en légère descente.
Photo: toute la nature salue les pèlerins sur le chemin.
Un beau spectacle que cette zone qui semble être en construction permanente, question d’utiliser au mieux le paysage avec l’impression que toutes les eaux de la région finissent par là. Et j’ai eu raison, parce que j’avais de quoi m’occuper pendant la journée en attendant le dîner : prendre des photos du coin, aller à la poste pour expédier des courriers, renouveler des petits médicaments pour les pieds… et principalement aussi coller au mieux à un cadre plus qu’agréable.
J’ai choisi l’albergue qui est sur la gauche de la rue principale, presque au bout du village. Et un lit pratiquement à l’entrée du dortoir qui se trouve à l’étage du bâtiment, parce qu’il y a pas mal d’espace libre aux alentours de ce lit, qu’il serait plus facile de gérer un éventuel ronfleur, et plus simple d’aller aux toilettes qui se trouvent aussi à ce niveau mais complètement à l’extérieur du dortoir.
Photo: le coup d'œil à l'approche du village.
Mais il y a eu un petit
incident au moment où je suis arrivé pratiquement à l’entrée de mon albergue,
pressé que je suis à me mettre rapidement au lit. Et il y a quelque fois un
petit événement qui vient rabaisser quelque peu des bons moments… Mais je sais
aussi que le pèlerin sait y faire face puisqu’il est toujours porté par la
réussite de son entreprise, quelles que soient les circonstances.
En arrivant presque à
l’entrée de mon albergue, alors qu’il faisait plus ou moins noir malgré un
certain éclairage de cette rue principale, je passe non loin d’une femme qui
balayait le trottoir devant chez elle, du même côté de mon albergue, en
voisinage immédiat et qui laissait éclater une certaine colère. J’entendais
alors derrière moi des éclats d’une voix forte et courroucée comme si elle
engueulait de toutes ses forces une autre personne, alors que nous étions que
deux seuls dans cette rue – et elle désignait un mouchoir en papier au sol
qu’elle s’apprêtait à ramasser. Je me suis presque arrêté pour essayer de
comprendre la situation. Et elle continuait à désigner de son balai ce papier
sur le sol mais sans vraiment m’impliquer directement – et j’ai fini par
comprendre que j’étais concerné par cette affaire : pour elle, j’avais
jeté ce papier alors qu’elle venait de balayer cet espace. Je ne savais pas
quoi faire, et ce d’autant qu’en arrivant sur ce lieu je n’avais pas fouillé
dans mes poches et ainsi laissé tomber par mégarde le papier en question. Et j’ai
entendu ensuite un homme, que je n’avais pas alors repéré sur le trottoir d’en
face et qui semblait répliquer à cette dame – pour lui, elle dépassait les
bornes. Je traduisais en me basant uniquement sur le ton, puisque je n’ai
aucune pratique de l’espagnol. C’est que je ne parle pas du tout cette
langue ! Mais à aucun moment la dame en question n’est venue un peu plus
vers moi pour signifier clairement que je devais ramasser ce papier. J’étais
dans l’indécision la plus totale. Et elle continuait son discours ; et
l’autre personne, en opposition, maintenait aussi ses répliques. Le mieux était
de ne pas entrer dans cette affaire… tout en reconnaissant en moi-même qu’il
est fort possible qu’une certaine circulation à l’entrée de cette albergue
pouvait « produire » quelques déchets près de la maison de cette
dame… Il n’y avait aucun administratif à la réception de l’albergue, je suis
rentré « chez moi », tout en pensant que vraisemblablement cette dame
n’avait peut-être pas totalement tort : la circulation des pèlerins qui
arrivent et qui partent de cette albergue peut entrainer occasionnellement une
petite pollution. J’ai pensé un moment discuter avec un responsable du gîte…
mais il n’y avait personne dans l’espace d’accueil à cette heure - idem le
lendemain de bon matin à mon départ. Comme d’autres l’ont peut-être fait avant
moi ! Il y a des petits problèmes courants qui ne se règlent pas
facilement… et qui pourtant pèsent sur le bon déroulement de la vie de tous les
jours.