mardi 22 novembre 2022


 

Hospital de Orbigo

Au sortir de l’albergue de La Virgen, je n’avais pas vraiment arrêté le but de l’étape du jour. Ce qui était sûr, c’est que cette fois-ci je ne passerai pas par Santibanez de Valdéiglesias, question de varier un peu, quand c’est possible, l’itinéraire de 2 011 et de 2 014. Je me disais alors que tout dépendra de l’enchainement de plusieurs étapes qui suivent habituellement.

Dès le départ, au sortir de cette ville, comme je m’y attendais d’ailleurs, j’ai eu quelques doutes quant au balisage – le positif, c’était la rencontre avec un couple de Vietnamiens peu après le départ, et se trouvaient devant les mêmes interrogations. Finalement, tout s’est bien passé ; ensemble nous avons fini par retrouver un balisage correct et stable, mais je ne suis pas resté dans le rythme de ces deux-là. Et c’est tout seul que je me suis retrouvé plus tard à l’approche d’Hospital de Orbigo après une belle ligne droite en légère descente.

Photo: toute la nature salue les pèlerins sur le chemin.

Un beau spectacle que cette zone qui semble être en construction permanente, question d’utiliser au mieux le paysage avec l’impression que toutes les eaux de la région finissent par là. Et j’ai eu raison, parce que j’avais de quoi m’occuper pendant la journée en attendant le dîner : prendre des photos du coin, aller à la poste pour expédier des courriers, renouveler des petits médicaments pour les pieds… et principalement aussi coller au mieux à un cadre plus qu’agréable.

J’ai choisi l’albergue qui est sur la gauche de la rue principale, presque au bout du village. Et un lit pratiquement à l’entrée du dortoir qui se trouve à l’étage du bâtiment, parce qu’il y a pas mal d’espace libre aux alentours de ce lit, qu’il serait plus facile de gérer un éventuel ronfleur, et plus simple d’aller aux toilettes qui se trouvent aussi à ce niveau mais complètement à l’extérieur du dortoir.

Photo: le coup d'œil à l'approche du village.


J’y ai passé une belle nuit, après un excellent repas pris dans un restaurant où les pèlerins étaient plus que nombreux – j’ai dû réserver dans l’après-midi. J’y ai pris un excellent repas, à une table avec d’autres pèlerins bien enclins à faire partager leurs impressions d’étape, ce qui est toujours une bonne chose pour passer ensuite une bonne nuit.

Mais il y a eu un petit incident au moment où je suis arrivé pratiquement à l’entrée de mon albergue, pressé que je suis à me mettre rapidement au lit. Et il y a quelque fois un petit événement qui vient rabaisser quelque peu des bons moments… Mais je sais aussi que le pèlerin sait y faire face puisqu’il est toujours porté par la réussite de son entreprise, quelles que soient les circonstances.

En arrivant presque à l’entrée de mon albergue, alors qu’il faisait plus ou moins noir malgré un certain éclairage de cette rue principale, je passe non loin d’une femme qui balayait le trottoir devant chez elle, du même côté de mon albergue, en voisinage immédiat et qui laissait éclater une certaine colère. J’entendais alors derrière moi des éclats d’une voix forte et courroucée comme si elle engueulait de toutes ses forces une autre personne, alors que nous étions que deux seuls dans cette rue – et elle désignait un mouchoir en papier au sol qu’elle s’apprêtait à ramasser. Je me suis presque arrêté pour essayer de comprendre la situation. Et elle continuait à désigner de son balai ce papier sur le sol mais sans vraiment m’impliquer directement – et j’ai fini par comprendre que j’étais concerné par cette affaire : pour elle, j’avais jeté ce papier alors qu’elle venait de balayer cet espace. Je ne savais pas quoi faire, et ce d’autant qu’en arrivant sur ce lieu je n’avais pas fouillé dans mes poches et ainsi laissé tomber par mégarde le papier en question. Et j’ai entendu ensuite un homme, que je n’avais pas alors repéré sur le trottoir d’en face et qui semblait répliquer à cette dame – pour lui, elle dépassait les bornes. Je traduisais en me basant uniquement sur le ton, puisque je n’ai aucune pratique de l’espagnol. C’est que je ne parle pas du tout cette langue ! Mais à aucun moment la dame en question n’est venue un peu plus vers moi pour signifier clairement que je devais ramasser ce papier. J’étais dans l’indécision la plus totale. Et elle continuait son discours ; et l’autre personne, en opposition, maintenait aussi ses répliques. Le mieux était de ne pas entrer dans cette affaire… tout en reconnaissant en moi-même qu’il est fort possible qu’une certaine circulation à l’entrée de cette albergue pouvait « produire » quelques déchets près de la maison de cette dame… Il n’y avait aucun administratif à la réception de l’albergue, je suis rentré « chez moi », tout en pensant que vraisemblablement cette dame n’avait peut-être pas totalement tort : la circulation des pèlerins qui arrivent et qui partent de cette albergue peut entrainer occasionnellement une petite pollution. J’ai pensé un moment discuter avec un responsable du gîte… mais il n’y avait personne dans l’espace d’accueil à cette heure - idem le lendemain de bon matin à mon départ. Comme d’autres l’ont peut-être fait avant moi ! Il y a des petits problèmes courants qui ne se règlent pas facilement… et qui pourtant pèsent sur le bon déroulement de la vie de tous les jours.