mercredi 24 août 2022

 

Étape 4 : Estella : 22 km

Il n’était plus question de vivre un découpage autre que ce que j’ai pratiqué dans les 2 premiers Camino Francès, mon frère étant en fin de vie à Marseille, la nouvelle pouvait tomber à tout moment. Je « risquais » de ne pas avoir le temps de continuer mon chemin d’une seule traite, et donc être obligé de le reprendre après une suspension de quelques jours, parce qu’au bout, après la marche, il y avait de petits projets auxquels je tenais, ce qui m’aurait obligé à retarder mon retour à la Réunion, et à régler un supplément pour le billet d’avion.

Cette étape commence après un court passage sur une voie bien fréquentée par une petite route à travers des bois et passe ensuite par un chemin gravillonné qui monte sec, toujours dans un cadre bien boisé, et pendant un bon bout de temps avant d’atteindre au sommet une route à grande circulation.

La première partie de la journée est donc un véritable test de forme. Pour moi la tactique est simple : je me fais peut-être doubler dans le premier tiers, mais prudemment je reste dans mon rythme et je maintiens ma cadence dans le 2e tiers, pour finir au mieux dans le dernier tiers qui est un véritable mur.


J’ai dû vraiment me concentrer cette fois, après 2 011 et 2 014, pour continuer à ne pas m’arrêter dans cette partie. Mais il y a eu un moment où j’étais sur le point de craquer. J’ai tenu, en me disant que si je m’arrête, je risque aussi de glisser dans la pente, entrainé par le poids de mon sac. Voir la photo de Babou, un pèlerin rencontré sur le camino en2 011, qui attaque la difficile dernière partie – à l’époque, je marchais avec un simple bâton en bois.

Arrivé sur la route en haut, je ne me suis pas arrêté, content d’avoir bien résisté dans l’effort, et de ce que j’étais cette fois-ci seul face à moi-même.


La suite du paysage est vraiment agréable, reposant – surtout quand on découvre un village bien structuré, Cirauqui, ramassé sur lui-même dans cette campagne – et cette fois-ci je me suis arrêté pour boire un jus de fruits dans un bar (voir la photo de Cirauqui). 

L’espace change, et, bien entendu, le temps aussi pour le parcourir, puisque je marche à une vitesse moyenne de 4Km/h environ.

Dans la dernière partie du parcours, je m’attendais à entrer dans un bois pour déboucher ensuite à la porte de la ville. Mais le chemin a été quelque peu modifié – j’avançais cette fois-ci en rase campagne, par une petite route qui faisait des méandres à travers champs ; et sur le bord de la route, j’ai vu mes premiers coquelicots de la saison. Comme par enchantement, beaucoup de pèlerins s’attardaient ici ou là pas du tout pressés de rallier Estella. Et le plus surprenant pour l’époque, tout le monde ou presque était accroché à un portable, une façon de se concentrer sur son propre espace, et de trouver d’autres points d’appui avec des correspondants. En effet, par le portable, chaque individu se relie à un correspondant à un point donné et vraisemblablement connu de lui, il peut donc avoir une idée de la distance entre les deux points et bien caler une idée du temps pour parcourir cette distance.

Et à chacun de régler son avancement sur le chemin selon ses activités à l’arrivée et le temps qu’il entend y consacrer.


J’étais dans la première vague, les 10 à 15 premiers à se présenter au gîte municipal qui en fin de journée affichait complet. Et, pourtant les marcheurs arrivaient encore… et étaient orientés ailleurs.

Manger, visiter, comparer, échanger avec d’autres sans compter reconnaitre le terrain pour partir facilement le lendemain matin sont autant de préoccupations essentielles à la fin de chaque étape – et qu’est-ce que j’ai bien fait, car, le lendemain, j’ai pu constater par exemple de petits changements pour sortir d’Estella. Et c’est normal, les villes s’agrandissent, l’espace change, et bien entendu le temps pour parcourir cet espace est modifié !


Placé au 2e dortoir de l’albergue municipal (je demande toujours un lit en bas, voir photo) j’ai vu arriver le jeune Anglais du gîte de Cizur Menor – juste un petit bonjour. J’avais un certain empressement à découvrir cette ville, d’autant que j’avais deux priorités : manger quelque chose de chaud, et trouver une pharmacie pour remplacer mon tube de gel d’arnica, une protection indispensable pour mes pieds.

Le soir, j’ai dû attendre 19 h pour me faire servir dans un bar restaurant de l’autre côté du petit pont par rapport à mon gîte.


Il n’était plus question de faire un découpage autre que lors des 2 premiers Chemins, mon frère étant en fin de vie à Marseille, la nouvelle de son départ de notre monde pouvait tomber à tout moment, je risquais de ne pas avoir le temps de pratiquer un nouvel enchainement d’étapes, et donc d’être obligé de le reprendre après une suspension de quelques jours, parce qu’au bout, après la marche il y avait de petits projets auxquels je  tenais, ce qui m’aurait obligé de retarder mon retour à la Réunion, le déplacement de cette date entraine un supplément de la part d’Air France.

Le soir, j’ai dû attendre 19 h pour me faire servir dans un bar restaurant non loin du gîte – celui de 2 014, tout près du gîte, a « disparu ».