Étape
de Larrasaoňa
Le
camino francès en 2 018 : Larrasaoňa, une belle étape de 27 km, et
pas mal de situations de vie intéressantes :
Au départ de Roncesvallès, au rez-de-chaussée de ces beaux édifices d’accueil des pèlerins, on peut se faire un petit quelque chose de chaud tout en mangeant un biscuit de ses provisions de marche.
En ce
début de matin gris, la cadence est bonne, et sans doute parce que l’étape est
longue (27 km), et même s’il n’y a pas de grandes et de dures montées,
l’investissement physique est important. C’est qu’il y a une espèce de
compétition naturelle dans la toute première partie avec des jeunes
décidés à montrer leurs capacités physiques – et où même les jeunes filles
n’hésitent pas à plus ou moins défier leurs copains dans les raidillons. Ce qui
n’a pas empêché de nombreux petits groupes de s’arrêter dans des zones
forestières pour se sustenter quelque peu après qu’ils ont cru important
d’investir dans une certaine compétition et avant que les dépenses d’énergie
sur de longues distances ne les aient obligés à « mouliner » quelque
peu pour mieux gérer cette première journée d’efforts.
Après
une 2e petite ascension, c’est la longue descente d’un peu plus de
10 km à travers de zones bien boisées où les groupes se sont peu à peu
disloqués – chacun gardant son propre rythme, se concentrant sur sa personne,
sans se préoccuper forcément des autres. Et c’est dans cette longue descente
que je me suis retrouvé sur les talons d’un homme qui me semblait prendre son
temps pour contourner le moindre petit obstacle du chemin forestier ; mais
j’ai vite compris qu’en fait il souffrait de sa cheville droite. Je suis alors
resté calmement dans son pas, le sentier étant vraiment étroit et souvent
encombré de branches. À aucun moment il ne s’est retourné. Devant Zubiri, à 5,5
km de l’arrivée, il s’est retourné et dans un franglais m’a remercié de l’avoir
accompagné… il comptait s’y arrêter pour se faire soigner, car il souffrait
beaucoup de sa cheville. Il ne me restait alors qu’un bon 5 km pour terminer
cette première étape. Je ne l’ai plus revu sur le camino, mais cela ne veut pas
dire qu’il ait abandonné – nous n’étions plus dans le même temps.
Deux urgences à l’arrivée : aller au bâtiment où se trouve l’administration qui gère cette étape pour avoir un lit ; au grand bar-restaurant que j’ai déjà apprécié en 2 011 et 2 014 réserver une place pour le dîner. Ensuite faire le tour de cette petite agglomération.
Il se passe toujours quelque chose dans ce restaurant de Larrasaoňa, juste après avoir quitté le chemin, traversé le cours d’eau sur le pont qui permet d’entrer au village, et tout de suite après le premier carrefour ; il est plus que fréquenté, et il y a toujours un grand mélange de toutes les nationalités.
Au bout d’une longue table, je me suis retrouvé avec deux Japonaises et un Japonais – ils avaient un avantage sur moi : ils parlaient parfaitement l’anglais, tandis que moi je ne pouvais sortir que des mots sans vraiment faire de phrases. Et pourtant nous avons pu converser sur pas mal de sujets. Grâce à une application Anglais-Français sur leurs portables : Je parlais près du portable en français, lequel retraduisait en anglais – ça a bien marché, d’autant que si je rencontre des difficultés à parler cette langue, je me débrouille un peu dans le défrichage d’un texte. J’ai passé de très bons moments au bout de cette table où nous avons bien mangé et bu quelques bons verres.
À mon
retour au gîte, le dortoir était pratiquement tout occupé, y compris le lit
au-dessus du mien – ce n’est que le lendemain, à mon départ tôt le matin, que
j’ai découvert qu’il était occupé par l’Asiatique bien maquillée qui dormait
d’un sommeil profond.