samedi 13 août 2022

 

Étape de Larrasaoňa

Le camino francès en 2 018 : Larrasaoňa, une belle étape de 27 km, et pas mal de situations de vie intéressantes :


Au départ de Roncesvallès, au rez-de-chaussée de ces beaux édifices d’accueil des pèlerins, on peut se faire un petit quelque chose de chaud tout en mangeant un biscuit de ses provisions de marche.

En ce début de matin gris, la cadence est bonne, et sans doute parce que l’étape est longue (27 km), et même s’il n’y a pas de grandes et de dures montées, l’investissement physique est important. C’est qu’il y a une espèce de compétition naturelle dans la toute première partie avec des jeunes décidés à montrer leurs capacités physiques – et où même les jeunes filles n’hésitent pas à plus ou moins défier leurs copains dans les raidillons. Ce qui n’a pas empêché de nombreux petits groupes de s’arrêter dans des zones forestières pour se sustenter quelque peu après qu’ils ont cru important d’investir dans une certaine compétition et avant que les dépenses d’énergie sur de longues distances ne les aient obligés à « mouliner » quelque peu pour mieux gérer cette première journée d’efforts.

Après une 2e petite ascension, c’est la longue descente d’un peu plus de 10 km à travers de zones bien boisées où les groupes se sont peu à peu disloqués – chacun gardant son propre rythme, se concentrant sur sa personne, sans se préoccuper forcément des autres. Et c’est dans cette longue descente que je me suis retrouvé sur les talons d’un homme qui me semblait prendre son temps pour contourner le moindre petit obstacle du chemin forestier ; mais j’ai vite compris qu’en fait il souffrait de sa cheville droite. Je suis alors resté calmement dans son pas, le sentier étant vraiment étroit et souvent encombré de branches. À aucun moment il ne s’est retourné. Devant Zubiri, à 5,5 km de l’arrivée, il s’est retourné et dans un franglais m’a remercié de l’avoir accompagné… il comptait s’y arrêter pour se faire soigner, car il souffrait beaucoup de sa cheville. Il ne me restait alors qu’un bon 5 km pour terminer cette première étape. Je ne l’ai plus revu sur le camino, mais cela ne veut pas dire qu’il ait abandonné – nous n’étions plus dans le même temps.


Deux urgences à l’arrivée
 : aller au bâtiment où se trouve l’administration qui gère cette étape pour avoir un lit ; au grand bar-restaurant que j’ai déjà apprécié en 2 011 et 2 014 réserver une place pour le dîner. Ensuite faire le tour de cette petite agglomération.



Il se passe toujours quelque chose dans ce restaurant de Larrasaoňa, juste après avoir quitté le chemin, traversé le cours d’eau sur le pont qui permet d’entrer au village, et tout de suite après le premier carrefour ; il est plus que fréquenté, et il y a toujours un grand mélange de toutes les nationalités.




Au bout d’une longue table, je me suis retrouvé avec deux Japonaises et un Japonais – ils avaient un avantage sur moi : ils parlaient parfaitement l’anglais, tandis que moi je ne pouvais sortir que des mots sans vraiment faire de phrases. Et pourtant nous avons pu converser sur pas mal de sujets. Grâce à une application Anglais-Français sur leurs portables : Je parlais près du portable en français, lequel retraduisait en anglais – ça a bien marché, d’autant que si je rencontre des difficultés à parler cette langue, je me débrouille un peu dans le défrichage d’un texte. J’ai passé de très bons moments au bout de cette table où nous avons bien mangé et bu quelques bons verres.

À mon retour au gîte, le dortoir était pratiquement tout occupé, y compris le lit au-dessus du mien – ce n’est que le lendemain, à mon départ tôt le matin, que j’ai découvert qu’il était occupé par l’Asiatique bien maquillée qui dormait d’un sommeil profond.