Étape
6 : Bourges, ̴20 km : vendredi 22 mai 2 015
Photo :
La cathédrale de Bourges : Je suis devant le portail principal qui porte
le tympan du « Jugement dernier ».
Résumé
de l'étape :
Je m'étais dit au départ que je ne
ferai plus de chemins en pleine campagne si le balisage est correct ;
l'étape étant petite, mais un coup d'œil sur mon plan m'a fait comprendre que
je ne pouvais pas faire autrement, dans une grande partie du parcours,
qu'emprunter des départementales balisées, d'après le guide Lepère. Et, bien
entendu, pour finir je comptais utiliser l'ancienne voie romaine pour entrer
dans Bourges. Mais j'ai raté un petit chemin herbeux un plus loin que
Sainte-Solange et je suis passé par la zone industrielle proche de cette ville,
qui n'a bien sûr rien à voir en ce qui concerne l'importance avec celle de
Burgos que j'ai toujours contournée sur le Camino Francés. Bien qu'il n'y ait
pas de balise, je n'ai eu aucun problème d'orientation, la cathédrale étant sur
une hauteur à l'approche du final.
Mon hébergement est un vieil hôtel,
un bon point d'appui au départ de la visite du centre-ville. Bourges mérite
largement un deuxième passage dans l'avenir.
Se
préparer à partir :
Il y en a pour qui la préparation
avant se lancer sur le chemin de bon matin ne pose aucun problème : ils
sautent du lit, ramassent à la va-vite leurs affaires et les fourrent dans le
sac-à-dos, font un passage ultra rapide à la salle de bains, enfilent leurs
chaussures et quittent le gîte sans se poser des questions. Pour moi, c’est
tout autre chose : je dois recomposer mon sac après avoir remis ma tenue
de marche, ranger dans un sac plastique bien refermé mes vêtements de séjour en
fin d’étape, idem pour ce j’aurais lavé la veille, masser soigneusement mes
pieds à l’arnica, remplir mes gourdes d’eau pour le trajet, et aussi manger un
petit biscuit s’il n’y a pas de bar-restaurant ouvert assez tôt dans le coin
pour prendre un petit déjeuner – au départ de cette étape de Bourges, tôt le
matin, je savais que je pouvais compter sur celui de Claudette. Le pèlerin
réunionnais n’a pas de base arrière à rejoindre en cas de problèmes matériels,
même s’il peut avoir un petit point d’appui en France métropolitaine. Avec son
sac, il doit tenir un peu plus d’un mois avant le retour dans son île, en
organisant une rotation entre les vêtements de marche et ceux pour le gîte – la
tenue de voyage est gardée soigneusement au propre pour le retour à la maison,
en train et en avion. Et chaque groupe étant
toujours composé d’un pantacourt, d’un T-Shirt et une polaire, toujours en dry
(sans oublier chaussettes et sous-vêtements). La gestion du sac-à-dos est un
ré-apprentissage important pendant les étapes d’un Compostelle. De toutes
façons, quel que soit le système retenu, et quelle que soit l’apparence
extérieure, le pèlerin est toujours respecté, parce que tous savent que les
différents efforts déployés pour réussir pleinement un projet sont importants
et constants. Le pèlerinage, au-delà de l’aspect purement intérieur et/ou
religieux, est bien un reformatage général du marcheur.
Mais avant de partir, il fallait
faire la toilette au rez-de-chaussée, remonter à l’étage et s’équiper pour
quitter ce refuge de Brécy. Avec ouvertures et fermetures à clé d’un certain
nombre de portes. Et en s’assurant que tout a été correctement remis en place
avant d’aller au café de Claudette, parce qu’au rez-de-chaussée, il y a divers
matériels et équipements à garder en sécurité. Le pèlerin de passage ici a une
responsabilité particulière.
Une
étape toute simple, mais un raté sur le parcours :
Après un bon petit déjeuner
« Chez Claudette », à qui j’ai remis les clefs du refuge, je n'avais
qu'à tourner à gauche en sortant du bar-restaurant, et à prendre la D 52
direction Sainte-Solange. Un parcours facile, sous le soleil, comme pour toute
l'étape d'ailleurs ! Les points de repère annoncés dans le livre guide
sont bien sur le chemin. Et c'est dans Sainte-Solange que
j'ai eu une bonne connexion pour mon téléphone, l'occasion de faire une
réservation non seulement pour Bourges, un petit hôtel dont les coordonnées
sont dans mon guide, d'un prix acceptable, mais aussi pour Chârost, l'étape
suivante. À noter
que pour cette dernière, l'employée de la mairie m'a même donné au téléphone
l'adresse et le code de la porte d'entrée du gîte municipal. De ce côté-là,
tout était réglé. Il ne me restait plus qu'à rallier bien plus loin l'ancienne
voie romaine et entrer dans Bourges. Mais j'ai raté le balisage dans les
environs d'un petit fleuve, le Colin, j'ai alors poursuivi sur la
départementale jusqu'à Saint-Germain-du-Puy, ce qui fait que je ne suis pas
passé par cette ancienne voie romaine et que je suis allé plus directement à
Bourges.
(
J'ai été alors obligé de reprendre
la N 151, avec la satisfaction de voir que dans cette portion il y a des allées
assez bien protégées de la circulation, ce qui fait que j'ai débouché
rapidement dans la zone commerciale de cette grande ville d'où la cathédrale
est déjà bien visible, dominant même la campagne berrichonne.
Il ne me restait plus qu'à plonger dans la zone urbaine et à remonter vers le
centre-ville, sans avoir vu la moindre balise, bien entendu, vu le raté
précédent. Et ce fut encore une journée où je n'ai pas rencontré un seul
« sac-à-dos » – ce qui ne me préoccupait pas vraiment : marcher
avec soi-même est aussi apaisant ! Quoiqu’il soit appréciable aussi de temps
à autre de cheminer avec ceux qui ont l’art de faire rire en toutes
circonstances - voir ci-dessous Georges Rivière, à droite de la photo, sur la voie du Puy
en octobre 2 012.
La
cathédrale Saint-Etienne de Bourges :
Je suis donc arrivé par la rue qui
débouche sur l'arrière de la cathédrale (voir photo), et j'ai été tout
de suite impressionné par l'immense navire de pierre qui se détache des
alentours. J'ai donc contourné cet édifice, pour mieux me rendre compte de la
grandeur de la place qui l'entoure.
Face à l’entrée principale, j'ai été
frappé tout de suite par les cinq portails, chacun ayant un tympan, le plus
important, au centre, étant celui du Jugement dernier. J'ai
pris un certain plaisir à me placer aussi sous les petits portails.
Je ne suis pas entré tout de suite
dans cet édifice, je réservais la visite intérieure pour la 2e partie de
l'après-midi, il fallait avant tout que je me rende à mon hôtel, bien situé sur
le plan de mon guide.
En quittant la place de la
cathédrale par le côté sud, je suis tombé sur l’office du tourisme de la ville
(voir photo, et photo), et j'ai préféré y entrer de façon à avoir
des repères précis. C'était aussi l'occasion de prendre rapidement quelques
photos de la place où se trouvent plusieurs points de restauration. L'accueil à
l’office est très sympathique, et une employée m'a remis une carte détaillée en
pointant le cheminement le plus rapide pour rejoindre mon hébergement. Il n'y
avait qu'à descendre une rue et tout à fait en bas à tourner à gauche – j'ai vu
dans le quartier d'autres hôtels mais de catégories bien supérieures.
Un
vieil mais sympathique établissement :
Mon point d’appui pour cette étape
est un vieil établissement : la clientèle que j'ai découverte en arrivant
sur la partie terrasse – une occupation partielle du trottoir – n'était pas du
tout du même genre que celle des autres endroits du quartier. Je l'ai perçue à
mon entrée comme disons plus populaire. Il y avait encore des gens qui
mangeaient à l'intérieur de la salle. La dame qui m'a accueilli est très
gentille, c’est elle qui prend l’initiative des premiers contacts ; elle
n'a pas tardé à m'emmener à ma chambre, à l'étage, et à me montrer en passant
le WC dans l'escalier – un peu plus tard, j’ai pu m'imaginer les difficultés
que pourraient avoir des clients de fortes corpulences à manœuvrer dans un si
petit espace en cas d’urgence intestinal. Et aussi la douche sur le palier, un
point que mon guide annonce dans sa présentation des gîtes à Bourges. Je n'ai
jamais vu ce type de douche : tout se passe dans un gros cylindre surélevé
au milieu d'une petite pièce, d'où l'importance de refermer correctement la
petite entrée avant de commencer à manoeuvrer.
Mais tout est opérationnel, y
compris le petit lavabo dans la chambre, à condition de ne pas ouvrir trop
grand le robinet qui lui est vraiment d'un autre âge. J'ai trouvé rapidement le
sommeil sur le petit lit, quoique j'aie remarqué au premier contact que le
matelas n'est pas souvent retourné parce qu'il penche d'un côté. Je n'ai pas
été dérangé dans mon sommeil, la fenêtre isole parfaitement la chambre des
bruits de la rue. Tout est bien propre ; les différentes couches de
peinture appliquées se voient bien sur les boiseries. Cette chambre a dû voir
passer pas mal de générations de voyageurs et de pèlerins.
Avant d'aller faire la visite de la
ville, j'ai pu manger un sandwich sur place ; mais la dame, prévenante,
m'a précisé qu'il n'y a pas de restauration le soir, avant d'ajouter : je
pourrais quand même vous servir qu'un petit quelque chose de chaud comme des
lasagnes, par exemple, et une part de gâteau. Je lui ai tout de suite dit que
cela me convenait parfaitement. Et c'est ce que j'ai mangé avec plaisir au
retour de ma courte visite de la ville.
Une
petite visite au centre-ville :
J'ai vu beaucoup de touristes à la
cathédrale – Bourges est célèbre aussi par son festival annuel de musique –,
mais il n'y en avait pas de vraiment plongés dans la prière, eussent-ils
suffisamment de temps à leur disposition… Ce jour-là, parmi tous ces gens, je
ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup de Berruyers. Il est vrai que ce n'était
pas une période de grandes cérémonies religieuses... et il appartient à chacun
de choisir ses moments de prière, et à d'autres d'établir à leur façon leurs
relations avec Dieu.
Mais pendant la visite de ce lieu
prestigieux se dégage un sentiment de force et même temps de tranquillité, et
aussi l'impression que le temps ici ne compte pas. La réalité fait que, même en
regardant le portail principal et le tympan du « Jugement dernier » (voir photo), qui se retrouve aussi à la cathédrale de Conques sur la voie du
Puy-en-Velay, les préoccupations essentielles sont d'un autre ordre. Il y a
tout lieu de croire que peu de visiteurs prennent en considération ce
qu'annonce la Bible à ce sujet : la résurrection des morts précédera le
Jugement dernier de Dieu ; ceux qui ont fait le bien ressusciteront pour
la vie, et ceux qui ont fait le mal seront dans la damnation éternelle. Et,
pourtant, la beauté, la grandeur et la richesse de cet ensemble architecturale
assurent à tous un accueil grandiose dans cette maison qui éveille au minimum
l'existence d'un esprit créateur supérieur (voir photo, photo, photo
et photo).
En sortant de la cathédrale, j'ai vu
le petit train assurant les visites (voir photo) – c'est un excellent
moyen pour une première approche de la découverte d'une ville chargée
d'histoire, mais je n'avais pas beaucoup de temps à ma disposition ce vendredi
22 mai 2 015. Je me suis rendu compte aussi que dans tout le quartier le regard
ne quitte pas longtemps la cathédrale (voir photo).
Je pensais avoir un wi-fi de qualité
à l'office du tourisme, mais tel ne fut pas le cas ; alors qu'il serait si
simple de laisser automatiquement se connecter tous ceux qui franchissent la
porte, malheureusement, comme dans beaucoup de lieux publics, il faut avancer
des données personnelles dans plusieurs fenêtres sur son portable, parce que
c'est un site qui prend en charge les visiteurs, et que sans doute établir des
statistiques à partir des listes de contacts passe avant la hauteur de la
connexion et l’immédiateté dans l'utilisation de l'outil.
Je suis allé vérifier comment sortir
de la ville pour l'étape suivante, le Lepère indique clairement les rues à
suivre, mais les balises sont quelque peu espacées sur certains tronçons et ne
collent pas exactement aux préconisations à certains carrefours. Mais
l'essentiel a été fait !