jeudi 22 août 2019


Étape 6 : Bourges, ̴20 km : vendredi 22 mai 2 015



Photo : La cathédrale de Bourges : Je suis devant le portail principal qui porte le tympan du « Jugement dernier ».

Résumé de l'étape :

            Je m'étais dit au départ que je ne ferai plus de chemins en pleine campagne si le balisage est correct ; l'étape étant petite, mais un coup d'œil sur mon plan m'a fait comprendre que je ne pouvais pas faire autrement, dans une grande partie du parcours, qu'emprunter des départementales balisées, d'après le guide Lepère. Et, bien entendu, pour finir je comptais utiliser l'ancienne voie romaine pour entrer dans Bourges. Mais j'ai raté un petit chemin herbeux un plus loin que Sainte-Solange et je suis passé par la zone industrielle proche de cette ville, qui n'a bien sûr rien à voir en ce qui concerne l'importance avec celle de Burgos que j'ai toujours contournée sur le Camino Francés. Bien qu'il n'y ait pas de balise, je n'ai eu aucun problème d'orientation, la cathédrale étant sur une hauteur à l'approche du final.

            Mon hébergement est un vieil hôtel, un bon point d'appui au départ de la visite du centre-ville. Bourges mérite largement un deuxième passage dans l'avenir.

Se préparer à partir :

            Il y en a pour qui la préparation avant se lancer sur le chemin de bon matin ne pose aucun problème : ils sautent du lit, ramassent à la va-vite leurs affaires et les fourrent dans le sac-à-dos, font un passage ultra rapide à la salle de bains, enfilent leurs chaussures et quittent le gîte sans se poser des questions. Pour moi, c’est tout autre chose : je dois recomposer mon sac après avoir remis ma tenue de marche, ranger dans un sac plastique bien refermé mes vêtements de séjour en fin d’étape, idem pour ce j’aurais lavé la veille, masser soigneusement mes pieds à l’arnica, remplir mes gourdes d’eau pour le trajet, et aussi manger un petit biscuit s’il n’y a pas de bar-restaurant ouvert assez tôt dans le coin pour prendre un petit déjeuner – au départ de cette étape de Bourges, tôt le matin, je savais que je pouvais compter sur celui de Claudette. Le pèlerin réunionnais n’a pas de base arrière à rejoindre en cas de problèmes matériels, même s’il peut avoir un petit point d’appui en France métropolitaine. Avec son sac, il doit tenir un peu plus d’un mois avant le retour dans son île, en organisant une rotation entre les vêtements de marche et ceux pour le gîte – la tenue de voyage est gardée soigneusement au propre pour le retour à la maison, en train et en avion.  Et chaque groupe étant toujours composé d’un pantacourt, d’un T-Shirt et une polaire, toujours en dry (sans oublier chaussettes et sous-vêtements). La gestion du sac-à-dos est un ré-apprentissage important pendant les étapes d’un Compostelle. De toutes façons, quel que soit le système retenu, et quelle que soit l’apparence extérieure, le pèlerin est toujours respecté, parce que tous savent que les différents efforts déployés pour réussir pleinement un projet sont importants et constants. Le pèlerinage, au-delà de l’aspect purement intérieur et/ou religieux, est bien un reformatage général du marcheur.

            Mais avant de partir, il fallait faire la toilette au rez-de-chaussée, remonter à l’étage et s’équiper pour quitter ce refuge de Brécy. Avec ouvertures et fermetures à clé d’un certain nombre de portes. Et en s’assurant que tout a été correctement remis en place avant d’aller au café de Claudette, parce qu’au rez-de-chaussée, il y a divers matériels et équipements à garder en sécurité. Le pèlerin de passage ici a une responsabilité particulière.

Une étape toute simple, mais un raté sur le parcours :

            Après un bon petit déjeuner « Chez Claudette », à qui j’ai remis les clefs du refuge, je n'avais qu'à tourner à gauche en sortant du bar-restaurant, et à prendre la D 52 direction Sainte-Solange. Un parcours facile, sous le soleil, comme pour toute l'étape d'ailleurs ! Les points de repère annoncés dans le livre guide sont bien sur le chemin. Et c'est dans Sainte-Solange que j'ai eu une bonne connexion pour mon téléphone, l'occasion de faire une réservation non seulement pour Bourges, un petit hôtel dont les coordonnées sont dans mon guide, d'un prix acceptable, mais aussi pour Chârost, l'étape suivante. À noter que pour cette dernière, l'employée de la mairie m'a même donné au téléphone l'adresse et le code de la porte d'entrée du gîte municipal. De ce côté-là, tout était réglé. Il ne me restait plus qu'à rallier bien plus loin l'ancienne voie romaine et entrer dans Bourges. Mais j'ai raté le balisage dans les environs d'un petit fleuve, le Colin, j'ai alors poursuivi sur la départementale jusqu'à Saint-Germain-du-Puy, ce qui fait que je ne suis pas passé par cette ancienne voie romaine et que je suis allé plus directement à Bourges.
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            J'ai été alors obligé de reprendre la N 151, avec la satisfaction de voir que dans cette portion il y a des allées assez bien protégées de la circulation, ce qui fait que j'ai débouché rapidement dans la zone commerciale de cette grande ville d'où la cathédrale est déjà bien visible, dominant même la campagne berrichonne.
Il ne me restait plus qu'à plonger dans la zone urbaine et à remonter vers le centre-ville, sans avoir vu la moindre balise, bien entendu, vu le raté précédent. Et ce fut encore une journée où je n'ai pas rencontré un seul « sac-à-dos » – ce qui ne me préoccupait pas vraiment : marcher avec soi-même est aussi apaisant ! Quoiqu’il soit appréciable aussi de temps à autre de cheminer avec ceux qui ont l’art de faire rire en toutes circonstances - voir ci-dessous Georges Rivière, à droite de la photo, sur la voie du Puy en octobre 2 012.

La cathédrale Saint-Etienne de Bourges :

            Je suis donc arrivé par la rue qui débouche sur l'arrière de la cathédrale (voir photo), et j'ai été tout de suite impressionné par l'immense navire de pierre qui se détache des alentours. J'ai donc contourné cet édifice, pour mieux me rendre compte de la grandeur de la place qui l'entoure.

            Face à l’entrée principale, j'ai été frappé tout de suite par les cinq portails, chacun ayant un tympan, le plus important, au centre, étant celui du Jugement dernier. J'ai pris un certain plaisir à me placer aussi sous les petits portails.


            Je ne suis pas entré tout de suite dans cet édifice, je réservais la visite intérieure pour la 2e partie de l'après-midi, il fallait avant tout que je me rende à mon hôtel, bien situé sur le plan de mon guide.

            En quittant la place de la cathédrale par le côté sud, je suis tombé sur l’office du tourisme de la ville (voir photo, et photo), et j'ai préféré y entrer de façon à avoir des repères précis. C'était aussi l'occasion de prendre rapidement quelques photos de la place où se trouvent plusieurs points de restauration. L'accueil à l’office est très sympathique, et une employée m'a remis une carte détaillée en pointant le cheminement le plus rapide pour rejoindre mon hébergement. Il n'y avait qu'à descendre une rue et tout à fait en bas à tourner à gauche – j'ai vu dans le quartier d'autres hôtels mais de catégories bien supérieures.

Un vieil mais sympathique établissement :

            Mon point d’appui pour cette étape est un vieil établissement : la clientèle que j'ai découverte en arrivant sur la partie terrasse – une occupation partielle du trottoir – n'était pas du tout du même genre que celle des autres endroits du quartier. Je l'ai perçue à mon entrée comme disons plus populaire. Il y avait encore des gens qui mangeaient à l'intérieur de la salle. La dame qui m'a accueilli est très gentille, c’est elle qui prend l’initiative des premiers contacts ; elle n'a pas tardé à m'emmener à ma chambre, à l'étage, et à me montrer en passant le WC dans l'escalier – un peu plus tard, j’ai pu m'imaginer les difficultés que pourraient avoir des clients de fortes corpulences à manœuvrer dans un si petit espace en cas d’urgence intestinal. Et aussi la douche sur le palier, un point que mon guide annonce dans sa présentation des gîtes à Bourges. Je n'ai jamais vu ce type de douche : tout se passe dans un gros cylindre surélevé au milieu d'une petite pièce, d'où l'importance de refermer correctement la petite entrée avant de commencer à manoeuvrer.

            Mais tout est opérationnel, y compris le petit lavabo dans la chambre, à condition de ne pas ouvrir trop grand le robinet qui lui est vraiment d'un autre âge. J'ai trouvé rapidement le sommeil sur le petit lit, quoique j'aie remarqué au premier contact que le matelas n'est pas souvent retourné parce qu'il penche d'un côté. Je n'ai pas été dérangé dans mon sommeil, la fenêtre isole parfaitement la chambre des bruits de la rue. Tout est bien propre ; les différentes couches de peinture appliquées se voient bien sur les boiseries. Cette chambre a dû voir passer pas mal de générations de voyageurs et de pèlerins.

            Avant d'aller faire la visite de la ville, j'ai pu manger un sandwich sur place ; mais la dame, prévenante, m'a précisé qu'il n'y a pas de restauration le soir, avant d'ajouter : je pourrais quand même vous servir qu'un petit quelque chose de chaud comme des lasagnes, par exemple, et une part de gâteau. Je lui ai tout de suite dit que cela me convenait parfaitement. Et c'est ce que j'ai mangé avec plaisir au retour de ma courte visite de la ville.

Une petite visite au centre-ville :

            J'ai vu beaucoup de touristes à la cathédrale – Bourges est célèbre aussi par son festival annuel de musique –, mais il n'y en avait pas de vraiment plongés dans la prière, eussent-ils suffisamment de temps à leur disposition… Ce jour-là, parmi tous ces gens, je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup de Berruyers. Il est vrai que ce n'était pas une période de grandes cérémonies religieuses... et il appartient à chacun de choisir ses moments de prière, et à d'autres d'établir à leur façon leurs relations avec Dieu.

            Mais pendant la visite de ce lieu prestigieux se dégage un sentiment de force et même temps de tranquillité, et aussi l'impression que le temps ici ne compte pas. La réalité fait que, même en regardant le portail principal et le tympan du « Jugement dernier » (voir photo), qui se retrouve aussi à la cathédrale de Conques sur la voie du Puy-en-Velay, les préoccupations essentielles sont d'un autre ordre. Il y a tout lieu de croire que peu de visiteurs prennent en considération ce qu'annonce la Bible à ce sujet : la résurrection des morts précédera le Jugement dernier de Dieu ; ceux qui ont fait le bien ressusciteront pour la vie, et ceux qui ont fait le mal seront dans la damnation éternelle. Et, pourtant, la beauté, la grandeur et la richesse de cet ensemble architecturale assurent à tous un accueil grandiose dans cette maison qui éveille au minimum l'existence d'un esprit créateur supérieur (voir photo, photo, photo et photo).

            En sortant de la cathédrale, j'ai vu le petit train assurant les visites (voir photo) – c'est un excellent moyen pour une première approche de la découverte d'une ville chargée d'histoire, mais je n'avais pas beaucoup de temps à ma disposition ce vendredi 22 mai 2 015. Je me suis rendu compte aussi que dans tout le quartier le regard ne quitte pas longtemps la cathédrale (voir photo).

            Je pensais avoir un wi-fi de qualité à l'office du tourisme, mais tel ne fut pas le cas ; alors qu'il serait si simple de laisser automatiquement se connecter tous ceux qui franchissent la porte, malheureusement, comme dans beaucoup de lieux publics, il faut avancer des données personnelles dans plusieurs fenêtres sur son portable, parce que c'est un site qui prend en charge les visiteurs, et que sans doute établir des statistiques à partir des listes de contacts passe avant la hauteur de la connexion et l’immédiateté dans l'utilisation de l'outil.

            Je suis allé vérifier comment sortir de la ville pour l'étape suivante, le Lepère indique clairement les rues à suivre, mais les balises sont quelque peu espacées sur certains tronçons et ne collent pas exactement aux préconisations à certains carrefours. Mais l'essentiel a été fait !