mercredi 7 août 2019



Publication du 08/08/19

Étape 3 : La Charité-sur-Loire, 35 km : mardi 19 mai 2 015



Photo : L'église de la Charité-sur-Loire (département de la Nièvre, en région de Bourgogne).




Résumé :

            Dans cette troisième étape, je n'ai pas vu, ni de près ni de loin, un seul pèlerin, un seul randonneur. Il est vrai qu'à mon départ de Vézelay, une grande majorité du groupe avait pris la variante de Nevers – cette dernière, fût-elle la plus belle, est plus exigeante physiquement. Pour ceux qui, à une heure différente de la mienne, sont partis par celle de Bourges, leurs découpages étaient vraisemblablement différents du mien – d'ailleurs, dès la première étape, beaucoup vont plus loin que Tannay.

            Dans cette 3e étape, à quelque chose près, j'ai suivi l'itinéraire que propose le guide Lepère ; le balisage du GR colle assez souvent aux départementales, et il y a de petits tronçons où réapparaît une signalisation Compostelle. Mais il n'y a pas, le plus souvent, la possibilité de court-circuiter les forêts sur le parcours. À ce propos, les passages dans ces zones ont été plus sécurisants, j'ai pu faire en plusieurs fois des vérifications avec ma boussole, et aussi par Internet, pour vérifier que j'étais dans la bonne direction. J’avais bien retenu les enseignements de l’étape de la veille.

            Pour mieux suivre le plan et les préconisations du Lepère, j'ai déchiré les pages correspondant à cette étape pour les avoir à portée de la main, le livre restant dans mon sac, et je les ai mises dans ma poche ; ces indications sont convenables sur cette étape, avec toutefois des imprécisions en certains endroits.

            Je n'ai pas vu la Charité-sur-Loire sous un beau soleil. Qu'est-ce que j'aurais voulu me retrouver par beau temps sur ce pont au-dessus de la Loire (voir photo) ! Je comprends que c'était une des haltes les plus importantes sur la Via Lemovicensis à une certaine époque.

            À mon arrivée, tout à fait en haut de cette ville, et après mon installation dans un petit hôtel, il m'a fallu faire un tour en ville pour trouver une pharmacie et prendre quelques photos de l'église. Cette ville mérite que les pèlerins consacrent un peu plus de leur temps à la visiter.

Le lendemain matin, même après 8H, le ciel était toujours d'un gris foncé, je n'ai donc pas eu de belles photos de ce lieu. Si dans l'avenir, j'ai l'occasion de passer en Bourgogne, je reviendrai à la Charité-sur-Loire. Les bords de la Loire: voir photo et photo.



Un bon départ de Champlemy :

            Il n'était pas loin de 8H quand j'ai quitté la chambre d'hôtes de Champlemy ; j'étais bien, un bon pansement à mon pouce. La première chose avant de prendre le chemin était de passer dans le magasin d'alimentation d'en face : j'ai pris du pain, du jambon et un fruit. J'ai pris ensuite le balisage sur la D127 qui traverse la place du village, j'ai tourné à droite puis à gauche, mais, un peu plus loin, alors j'étais encore dans le bourg, il n'y avait plus de balise. J'ai même fait un retour sur mes pas, car une erreur dès le départ peut se payer cher. Mais j'avais compris que le détour menait finalement à un rond-point sur cette départementale. En revanche, je suis resté sur cette même route quand le balisage me poussait à passer dans les champs, parce que, sur le guide, ce même balisage ramène plus loin sur cette voie, pour peu que les pèlerins engagés ne s'égarent pas.



Une première forêt :

            Ce fut donc ensuite 4 km dans une zone forestière, pour tourner à gauche au carrefour de Bourras en direction de l'ancienne Abbaye – le paysage dans cette partie est magnifique – puis passer sur la D117 et entrer dans une forêt après avoir franchi une barrière. Ensuite, c'est pratiquement tout droit par des allées forestières qui descendent et un balisage à peu près correct : le blanc et le rouge du GR, mais aussi des petites balises de Compostelle par-ci, par-là.

Quand j'étais en forêt, je ne pouvais pas m'empêcher de regarder au loin de façon à anticiper la fin de cette piste, le souvenir de l'étape d'hier était encore bien présent dans ma tête. C'est que la voie que j'empruntais rencontre régulièrement d'autres chemins forestiers. Mais je me rassurais en vérifiant avec ma boussole que j'étais dans la bonne direction, car le plan indique pratiquement un sud-ouest constant sur bien plus d’un kilomètre.

            Puis ce fut une zone de bois et de pâtures, de petits champs, avant un vrai changement de décor à l'approche de Chamery. J'ai repris des petites routes qui sont bien balisées et je suis arrivé à Hôpitot et un peu plus bas au village d'Arbourse.



Une dame sympathique sur mon chemin :

            Dans Arbourse, à une intersection, je ne voyais plus aucune balise ; et mon livre guide propose à cet endroit « de passer à la droite de l'église d'Arbourse », ce qui n'était pas clair à mes yeux compte tenu du fait que cet édifice est à 100 m dans une rue partant de cette intersection – et en y allant, je n'ai retrouvé aucune signalisation. Dans les livres, ce sont le plus souvent des phrases ramassées, parce que les éditeurs doivent y mettre beaucoup de choses, sur le chemin lui-même, sur l'histoire qui entoure les villes et villages traversés, sur les hébergements, et agrémenter le tout de photos. Il était difficile de coller à la phrase « passer à la droite de l'église », tout en effet dépend de la position du marcheur.

            J'ai vu un homme qui s'affairait autour de sa voiture dans son jardin, je l'ai interpellé pour lui demander des précisions sur le chemin. Il avait commencé à me répondre, quand sa femme, sur le pas-de-porte de sa maison, s'est interposée et m'a lancé : Je viens vous voir ! Et elle est venue dans la rue pour me parler. Pour ce qui est du chemin, me dit-elle, il vous suffit de descendre par où vous êtes arrivé – la balise que vous n’avez pas trouvée est plus bas, cachée par une boîte aux lettres, m’a-t-elle dit. Mais elle a fait bien plus : vous allez passer dans la montée qui est un peu plus loin dans une forêt ; à la sortie de cette forêt, tout à fait en haut, faites attention : à l'intersection ne prenez pas le chemin forestier qui part tout de suite sur votre gauche, beaucoup de pèlerins se sont perdus à cet endroit. Nous avons échangé un peu plus largement, et je suis parti, car des kilomètres m'attendaient pour rejoindre la Charité-sur-Loire.



Une deuxième forêt... et un vigneron m'a aussi conseillé :

            Après Arbourse, par la C201, un peu plus loin, j'ai quitté la route pour m'engager à travers les champs – le chemin herbeux venait d'être fauché et pendant un bon moment, j'ai marché sur des herbes fraîchement coupées ; puis la route monte, longe une forêt et y pénètre un peu plus haut. J'étais dans la forêt communale d'Arbourse : c'est dense, et le balisage est là. Il y a eu ensuite toute une partie où j’ai eu quelque peine à enjamber de grands arbres fraîchement abattus, et qui ont été laissés sur place tels quels, mais je me suis rendu compte que ces quelques obstacles ne pouvaient en aucune façon m’éloigner du sentier. Mais j'ai fini par arriver à la lisière de cette forêt, que j'ai longée un moment le long d'une vallée. Et ce fut une découverte quand je suis arrivé à l'intersection que la dame d'Arbourse avait pointée : il y avait un tourne à droite, jaune et bleu (des balises de Compostelle de la voie de Vézelay) – je regrette vraiment de ne pas avoir eu le réflexe de prendre une photo, parce que je n'en ai vu qu'un de ce type sur tout le chemin jusqu'à Saint-Jean-Pied-de-Port. J'ai pris à droite, mais le problème, c'est qu'à moins de 50 m, étant revenu sur le goudron, j'avais devant moi une fourche sans aucune balise. Alors, à droite ou à gauche ? Une branche descend presque parallèlement à la fin de la forêt et l'autre plonge dans la vallée. J'ai opté pour cette dernière. C'est ainsi qu'après avoir descendu un bon 150 m d'une petite route très pentue à travers une vigne, j'ai vu une camionnette garée dans cette vigne, et un homme qui y travaillait. Je lui ai demandé si le chemin que j'avais emprunté est bien un chemin de Compostelle. Très décontracté, il m'a répondu : tout le temps je les vois passer en haut, sur la ligne de crête, mais si vous voulez continuer par là, vous vous retrouverez au même point plus loin, après avoir fait de la route en plus. J'ai remonté la petite côte et je suis passé par en haut. Et plus loin je me suis retrouvé à l'entrée de la forêt de Mauvrain où les balises sont bien visibles. Et c'est à une aire de repos et de restauration au commencement de ces bois que j'ai mangé le pain, le jambon et le fruit que je trimbalais depuis Champlemy.

J'étais donc à nouveau dans une forêt, le balisage blanc et rouge bien présent. Il fallait faire un tout droit sur plus d'un kilomètre pour arriver aux environs de Mauvrain. Après Murlin, tout juste à côté, la direction de La Charité-sur-Loire est bien indiquée. Les préconisations de mon livre collaient bien au terrain, mais j'ai dû après ces agglomérations revenir un peu sur mes pas de façon à bien prendre le chemin qui mène en quelque sorte à ma 3e forêt de la journée.



De longues lignes droites dans la 3e forêt :

            J'ai passé encore beaucoup de temps dans la forêt domaniale de Raveau, avec deux voire trois parties en ligne droite qui sont toujours fatigantes parce que l'impression qui domine est qu'elles n'en finissent plus. Dans la dernière partie, c'est un large chemin forestier, dans une belle descente toute droite, entrecoupé de barrages de gros rochers qui portent parfois des balises. Durant cette descente, je me disais : je finirai bien par trouver un village au bas de cette descente, tout en essayant de deviner des toits au loin à travers les arbres. En faisant un point satellite, je me suis rassuré : je me rapprochais bien de Raveau, le village avant la Charité-sur-Loire. Dans la dernière partie, j'ai aussi compris que des agglomérations urbaines étaient à portée quand j'ai vu, en plusieurs endroits, dans des voitures, des amoureux qui venaient apprécier dans le calme et le silence les charmes de la nature.

            Tout à fait au bas de cette descente, alors que la zone des bois est toujours bien présente, j'ai eu quelques petites hésitations à prendre la bonne départementale qui conduit à Raveau, mais le balisage type Compostelle avait refait son apparition. Et c'est sur un banc que j'ai pris un peu de temps pour m'alimenter de façon à finir dans de bonnes conditions cette longue étape – mon pouce blessé la veille ne me gênait pas, mais j'avais une petite sensibilité à un gros orteil.

            Au sortir de Raveau, la vision sur la Charité-sur-Loire est nette, la ville est en bas, il ne me restait plus qu'à emprunter une longue départementale menant directement à l'arrivée – j'ai écarté alors le petit chemin balisé d'à côté, parce que vraisemblablement il m'aurait demandé encore plus de temps. Et je pense que j'ai été gagnant, j'ai passé facilement les nœuds routiers à l'entrée de la ville. Mais ce choix avait un inconvénient important : les véhicules circulent à grande vitesse sur cette route toute droite, heureusement que l'espace sur les bas-côtés est suffisant, à condition de marcher à gauche de la route pour voir ceux qui arrivent en face et de se mettre carrément sur le côté quand deux véhicules s'apprêtent à se croiser au niveau du marcheur.



Une chouette secrétaire ! Encore une personne sur mon chemin pour m'aider !

            Pour utiliser correctement le plan d'une ville, le mieux est de l'étudier un peu avant que le besoin ne survienne. J'avais repéré la rue du petit hôtel où j'avais réservé à la Charité-sur-Loire. Mais le repérage est encore plus facile quand une information sur le terrain permet de mieux se positionner au départ de la recherche sur le plan, surtout quand l'utilisation du GPS revient cher (le roaming), que la batterie de son téléphone est presque vide et qu'il importe donc de se garder une petite réserve d'énergie en cas de grande urgence.

            Le chemin rentre dans la ville par le bon bout, si je puis dire. Tout en continuant ma route, j'étais à la recherche d'un « pays » pouvant me donner des informations solides. La route descendante surplombait quelque peu le grand bâtiment d'une entreprise (garage, exposition et vente de voitures). Je me suis dirigé vers le garage, espérant trouver un client ou un employé. En y arrivant, j'ai vu dans un bureau vitré une dame, une secrétaire sans doute, qui regardait dans ma direction. Tout en m'approchant, je lui ai fait un signe de la main pour lui faire comprendre que je voulais entrer pour lui parler. Elle accepta d'un signe de la tête, et une fois à l'intérieur je lui ai dit tout de go : je ne viens pas pour une raison tenant à vos activités professionnelles, ce qui lui a fait rire étant donné que j'étais devant elle sans avoir descendu mon sac-à-dos, mais j'ai besoin que vous m'aidiez à situer une rue de la ville. Très gentille, elle m'a donné toutes les informations pratiques concernant la rue recherchée. Et en 5 minutes, j'étais sur place, à mon hôtel. Je pense avoir gagné un peu de temps, étant donné que la journée tirait sur la fin, que j'avais pas mal de petites choses à faire, et surtout à passer à la pharmacie prendre de la Betadine afin de soigner mon pouce – je n'avais emmené dans mon sac qu'une dosette –, et aller à l'église, qui est en bas de la ville, pour prendre des photos.



Un bon petit passage dans cet hôtel :

            Se soigner, se reposer, bien manger et dormir. Après deux dures journées, il fallait bien récupérer, même si Couy, la prochaine étape, n'est qu'à 20 km de la Charité-sur-Loire.

Une fois mes courses faites, je n'avais plus à sortir, l'hôtel dispose d'un petit restaurant très bien fréquenté. J'y ai bien mangé, à un prix raisonnable. Il en a été de même le lendemain pour le petit-déjeuner – j'ai pu me faire préparer un gros sandwich avant de reprendre la route.